16 décembre 1600 - Marie de Médicis, reine de France
- Par cassius
- Le 16/12/2012
Parce qu'elle ne lui a pas donné d'héritier, marié avec Marguerite de Valois depuis 1572, le roi de France Henri IV décide, en 1599, de se séparer de sa première épouse, surnommée la reine Margot. En 1587, elle avait déjà été chassée de la cour par Henri III, son frère. Depuis ce jour, elle est retenue en Auvergne et s’entoure de livres, d’hommes de lettres et de nombreux amants.
Peu de temps après ce divorce, Henri IV épouse en secondes noces Marie de Médicis. La cérémonie est célébrée à Lyon le 16 décembre 1600, la mariée a vingt-sept ans, le marié vingt ans de plus. Marie de Médicis, née à Florence, est la fille du grand-duc de Toscane, François 1er de Médicis et de l'archiduchesse Jeanne d'Autriche. En dote elle apporte au royaume une somme de 600 000 écus et assure à la France un rapprochement avec l'Italie. Elle donnera un héritier au trône de France le 27 septembre 1601 en la personne du futur Louis XIII.
Son enfance se déroule à Florence. A cinq ans, orpheline de mère, son père qui n’a d’yeux que pour sa maitresse Bianca Capello, la fait élever avec sa sœur au palais Pitti où elle se lie étroitement avec une de ses femmes qui prendra le nom de Léonora Galigaï. Physiquement, elle est un peu corpulente ("une grosse banquière", comme elle est surnommée par une des maîtresses du roi). Intellectuellement, elle n'a pas beaucoup de jugement ni de largeur d'esprit, elle dépend terriblement de son entourage. Indolente et nonchalante, elle aime les arts et les pierreries.
Elle donne très vite à Henri IV le dauphin souhaité (le futur Louis XIII naît à Fontainebleau le 27 septembre 1601) et de nombreux enfants presque tous en bonne santé (6 en tout). Elle s'entend bien avec le roi malgré les frasques de celui-ci, sauf en ce qui concerne la maîtresse en titre, Henriette d'Entragues, marquise de Verneuil, demi-sœur d'un bâtard de Charles IX. Henriette d'Entragues se sent quasiment la reine légitime et sa frustration la rend dangereuse.
Elle en vient à comploter contre le roi (trois grands complots ébranlent l'Etat en 1602, 1604 et 1606 ; la famille d'Entragues y étant toujours présente sur fond de complicité avec l'Espagne). Henri IV réprime ses complots mais se montre toujours clément envers les Entragues.
Le roi devant prendre la tête des armées pour son aventure de Clèves, confie la régence à sa femme qui est d'autre part, solennellement couronnée à Saint-Denis le 13 mai 1610.
Le lendemain, Henri IV est assassiné. Jusqu’à ce jour elle n’avait joué aucun rôle politique mais en quelques heures après la mort soudaine et brutale de son mari, le Parlement la reconnaît régente de son fils Louis XIII, puisque le nouveau roi n'a que 9 ans.
Elle place sa confiance en Concini, le mari de sa favorite Léonora : deux intrigants originaires, comme elle, de Florence. Outre leur avidité personnelle, qui les fait piller l'Etat, les Concini défont ou laissent défaire la politique d'Henri IV et poussent Sully à la démission.
Les Concini sont comme Marie elle-même, "du parti dévot" et se rapprochent de l'Espagne dont Henri IV souhaitait avant tout être indépendant. Conséquences ces "mariages espagnols" conclus en 1612 : Louis XIII devant épouser l'infante Anne et sa sœur Elisabeth le futur Philippe IV, mariages célébrés en 1615.
Les caisses de l’Etat sont vides, Marie de Médicis convoque les Etats Généraux en 1614 pour résoudre ce problème. Elle sait habilement tirer profit des divisions entre les trois ordres pour renforcer son pouvoir. Elle dissout ainsi les Etats Généraux, quatre mois après leur convocation, sous prétexte d’inefficacité. C’est lors de ces assemblées qu’un homme se révèle alors, jeune député du clergé, Richelieu, évêque de Luçon dont on remarque déjà les qualités d'orateur.
Le 2 octobre 1614, la majorité de Louis XIII est proclamée, Marie de Médicis garde le pouvoir et continue d’intriguer, elle se fâche avec le roi. Ce dernier fait assassiner Concini par son capitaine des gardes Vitry et enfermer sa mère au château de Blois en 1617 où Richelieu la suit d'abord, avant d'être lui-même écarté.
En 1619 elle s’évade de Blois, d'une manière à la fois romanesque et ridicule : c'est une grosse femme, peu agile qu'on descend péniblement par une échelle de corde, en pleine nuit. Libre elle prend la tête d’une révolte des Grands du royaume contre le roi. La coalition des Grands est vaincue en 1620 à la bataille des Ponts-de-Cé, mettant fin à cette "guerre de la mère et du fils". Richelieu réussit la réconciliation entre Marie de Médicis et son fils Louis XIII, réconciliation fragile et de courte durée.
La reine mère reprend alors une certaine influence sur son fils : elle siège à nouveau au Conseil et réussit à y faire nommer Richelieu, devenu entre-temps cardinal (1622). Trois mois après, il en sera le chef. Qui va l'emporter dans l'esprit de Louis XIII entre sa mère et le cardinal ? L'enjeu politique est capital puisqu'il s'agit en fin de compte de choisir un Etat fort qui s'opposerait aux protestants et aux grands de l'intérieur et qui mènerait une politique nationale à l'extérieur et un royaume qui ne serait jamais plus le jouet des princes, à la remorque des puissances catholiques.
Le conflit culmine dans la fameuse "Journée des Dupes", le dimanche 10 novembre 1630 où la reine mère essaie d'obliger Louis XIII à renvoyer Richelieu. La scène est si violente que le roi s'enfuit sans rien décider; tout le monde y compris Richelieu croit que Marie a gagné. Mais non, le soir même, Louis XIII fait appeler Richelieu. Tous les partisans de Marie sont alors emprisonnés ou bannis et la reine elle-même, qu'on ne peut exiler brutalement est d'abord enfermée à Compiègne dont elle s'évade en juillet 1631.
Elle tente sans succès, de s'installer dans une forteresse à la frontière de la Picardie et est obligée de demander à Bruxelles l'hospitalité de l'infante Isabelle (l'ancienne prétendante au trône de France, sous la Ligue). Elle ne reverra jamais son fils qui ne l’autorisera jamais à rentrer en France.
Elle intrigue alors de tous côtés sans jamais arriver à rien, s'entoure de serviteurs de plus en plus médiocres, manque d'argent et erre d'un pays à l'autre de la Flandre qu'elle quitte en 1637 à la Hollande où elle se brouille avec tout le monde, à l'Angleterre où elle lasse jusqu'à sa propre fille.
Rubens lui offre une petite maison à Cologne.
Elle s'installe dans cette ville où elle meurt le 3 juillet 1642. Son fils la suivra l'année suivante.
Son corps est ramené à Saint-Denis, sans grande cérémonie.
On lui doit la construction du Palais du Luxembourg qu'elle fit construire à partir de 1615, après la mort du roi, en s'inspirant du palais Pitti de son enfance et qui abrite le Sénat aujourd’hui. Elle aura aussi soutenu très activement le peintre Pierre-Paul Rubens qui réalisera vingt-quatre tableaux retraçant sa vie. Ils sont visibles actuellement au musée du Louvre dans la galerie Médicis.
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