8 décembre 1542 - Naisance au Palais de Linlithgow
- Par cassius
- Le 08/12/2012
Elle avait vingt-sept ans, ce qui était un âge bien avancé à cette époque pour être enceinte. Elle était la fille du duc Claude de Lorraine, veuve du duc de Longueville, princesse française et reine d’Ecosse. Marie de Guise venait d’accoucher d’une petite fille, dans ce château de Linlithgow, situé en dehors d’Edimbourg, bien plus confortable qu’Edimbourg Castle, la résidence officielle mais encore en travaux. Jacques V le roi, son mari, l’avait voulu ainsi. Jamais on avait vu hiver si rude en cette année 1542. La cheminée de la chambre, rouge flamboyante du tronc qui brulait, éclairait la pièce ou Marie épuisée, mais heureuse, admirait son enfant nouveau-né, lavé et langé, que l’on avait placé dans ses bras. Elle savait qu’il aurait mieux valu un fils en ces temps de trouble ou l’avenir de la couronne était incertain et menacé par le puissant et inquiétant voisin, Henri VIII d’Angleterre.
Ce 8 décembre, le roi, qui venait d’avoir trente ans mais déjà très malade était absent de Linlithgow. Très marqué par la défaite de ses troupes à Solway Moss, et sentant la mort venir il s’était réfugié dans son château préféré de Falkland, situé à quelques lieues de Linlithgow. Quand il reçut la nouvelle de la naissance de sa fille, prénommée Marie comme sa mère, il eut un pâle sourire et murmura : « Adieu donc ! Cela a commencé par une fille et cela finira par une fille. » Il faisait allusion au premier Stuart (Stewart) Robert II, devenu roi d’Ecosse en 1371 grâce à sa mère Marjorie Bruce qui était l’héritière de la couronne.
Le 14 décembre, Jacques V mourut désespéré sans avoir revu son épouse encore alitée suite à la naissance, sans avoir aussi connu sa fille de six jours à peine.
Marie Stuart devenait reine d’Ecosse.
Une biographie de Marie Stuart (1542-1587)
Marie Stuart est reine d'Ecosse par la naissance et de France par le mariage. Pour les catholiques et le Pape, elle est aussi l'héritière légitime du royaume d'Angleterre. Mais la place est alors occupée par sa cousine Elisabeth 1ère, la bâtarde, jugée hérétique car elle est protestante. Du jour de sa naissance à celui de sa mort, Marie Stuart sera persécutée par ceux qui voient en elle une menace catholique.
Naissance, couronnement et exil de Marie Stuart
Six jours après sa naissance, Marie Stuart devient reine d'Ecosse. Marie de Guise, sa mère, est nommée reine douairière. Elle prend soin de la petite princesse pendant que James Hamilton, comte d'Arran, s'occupe de la Régence.
Mais toute petite déjà, la fille de Jacques V d'Ecosse est menacée. Le roi Henri VIII d'Angleterre est l'heureux père d'un petit Edouard, héritier légitime du royaume d'Angleterre. Née en 1542, Marie a à peine cinq ans de moins et Henri VIII voit la possibilité d'un mariage qui aboutirait à l'union de l'Angleterre et de l'Ecosse. Marie de Guise, soutenu par les ministres écossais, refuse l'union. Devant le refus de l'Ecosse, Henri VIII cherche à enlever l'enfant qui n'a que quatre ans.
Marie Stuart est en danger en Ecosse. Sa mère décide de l'envoyer en France, alors alliée de l'Ecosse. C'est en pays de Loire que la petite fille grandit, éduquée au côté du dauphin, futur François II.
Princesse choyée et reine de France
Marie a six ans lorsqu'elle quitte l'Ecosse. En France, elle est éduquée par Catherine de Médicis qui adore l'enfant. Elevée dans la foi catholique, Marie est très pieuse. Elle apprend le latin, parle plusieurs langues, est très douée pour les travaux de couture. On l'initie surtout aux divertissements de la cour. Elle monte à cheval, pratique la fauconnerie et apprend à jouer de divers instruments de musique.
Marie est très belle, intelligente, elle ravit la cour. Très vite, l'union entre elle et le futur roi de France est décidée. Ils se marient à l'âge de seize ans pour Marie et quatorze pour François. Un an plus tard, Henri II décède, François monte sur le trône.
A l'époque de la Renaissance, à la cour de France, dans les magnifiques châteaux de la Loire, Marie est aux anges. Elle parade, ce qu'elle sait faire de mieux puisqu'elle n'a pas beaucoup le sens politique. La mort de son époux, le 5 décembre 1560, va bouleverser sa vie.
Le retour de Marie Stuart en Ecosse
Marie n'a même pas dix-huit ans lorsqu'elle est veuve pour la première fois. Elle n'a pas d'enfant. Elle n'est plus d'aucune utilité pour Catherine de Médicis qui gouverne pour ses fils et entend bien faire monter sur le trône son troisième fils, Charles IX. Marie Stuart devient reine douairière. Mais elle est toujours reine d'Ecosse et, dans son esprit, reine d'Angleterre. Elle décide donc de repartir dans le pays qui l'a vu naître et qu'elle a quitté treize ans plus tôt.
Marie de Guise, sa mère, est morte en juin 1560. Elle revient donc seule en Ecosse, sans appuis pour gouverner un pays qu'elle ne connaît pas. De plus, elle n'est pas une politicienne et son retour en Ecosse marque un danger pour sa cousine Elisabeth, montée sur le trône deux ans plus tôt. Elle n'est pas accueillie à bras ouverts par les Ecossais majoritairement protestants.
Marie est tolérante envers les protestants. Pour l'aider dans sa tâche de reine qui ne lui sied guère, elle demande le soutien de John Knox. En reine soumise, elle s'en remet entièrement à lui. Mais il manque quelque chose à Marie Stuart : un époux. Elle choisit Henry Stuart, lord Darnley, son cousin qui est aussi un des héritiers possibles de la couronne d'Angleterre. De cette union va naître le futur Jacques VI d'Ecosse, le 18 juin 1566.
Marie a alors le pouvoir, un mari et un héritier. Reine par sa naissance, elle croit que tout lui est acquit et ne se doute pas du tour tragique que va prendre son règne. Maudite dès la naissance, son règne va se terminer en calvaire. Contrainte de fuir l'Ecosse, elle se retrouvera en terre hostile, dans le royaume de sa cousine Elisabeth Iere d'Angleterre.
A son retour en Ecosse, Marie Stuart est seule pour gouverner le royaume. Mais elle tombera dans le piège de la passion et causera sa perte.
Reine de France, Marie Stuart est aussi reine d'Ecosse dès sa naissance. Lorsque François II, son époux, décède, elle décide de repartir en Ecosse où elle se remarie avec son cousin, Henri Stuart, Lord Darnley, consciente qu'elle a besoin d'un roi à ses côtés pour l'épauler.
Epouse malheureuse et reine déchue
Darnley se révèle vite être un mari brutal, dominateur qui humilie sa femme. Malheureuse, elle a besoin de trouver refuge auprès d'un autre homme. Il faut savoir que Marie Stuart est une femme de passion. Elle laisse la femme gouverner la reine et ses choix politiques en sont grandement affectés.
Elle prend Jacques Hepburn, comte de Bothwell, comme amant. Cet amour causera sa perte en Ecosse. Bothwell veut la reine, il ne se contente pas de son amour, il veut tout. En février 1567, il fomente un complot visant à assassiner Darnley. Même si Marie ne prend pas part au complot, elle ne peut pas ne pas être au courant de ce qui se trame. Après la mort de son mari, elle épouse Bothwell.
Quelle folie ! Epouser le meurtrier de son mari ! C'en est trop. Marie est arrêtée par une confédération de Lords écossais qui lui font signer son abdication sous la menace. Nous sommes le 24 juillet 1567, elle laisse le trône à son fils, Jacques VI, âgé d'à peine un an.
La fuite en Angleterre
Marie est enfermée au château de Loch Leven alors que Bothwell est en fuite. Mais, enjôleuse, elle va très vite, elle aussi, fuir sa prison et part trouver refuge en Angleterre. Ce choix peut sembler très imprudent, voire proche de la folie, quand on sait combien Elisabeth déteste sa cousine qui représente une menace pour son trône. Mais Marie ne sait rien de cela. Dans leur correspondance, les deux femmes sont aimables et Marie Stuart pense trouver une alliée de choix en la personne d'Elisabeth. De plus, elle n'a aucune envie de retourner en France où sa présence, semble-t-il, n'est plus désirée. Enfin, Marie n'oublie pas qu'elle reste aux yeux du monde catholique la légitime héritière du royaume d'Angleterre, qui voit en Elisabeth une bâtarde hérétique.
Ce que Marie ignore en débarquant en Angleterre, c'est les années de calvaire qu'elle va passer enfermée. Sitôt arrivée, le 19 mai 1568, Marie est arrêtée. Le but n'est pas de la faire tuer mais simplement de la garder exiler de l'Ecosse, loin de ses éventuels partisans. Elle passera ainsi dix-neuf ans, enfermée dans une geôle.
Le complot qui va perdre Marie Stuart
Marie implore sa cousine de la voir. Les deux femmes entretiennent une grande correspondance mais ne se rencontreront jamais. Petit à petit, une haine grandissante s'empare de Marie Stuart. Nombre de ses détracteurs voudraient la voir morte, mais Elisabeth s'y refuse. Elle ne veut pas voir couler le sang d'une reine, qui plus est sa cousine. N'oublions pas que la propre mère d'Elisabeth fût jadis décapitée sur ordre de son père, le roi Henri VIII. Elisabeth n'est pas une sanglante comme sa sœur Marie Tudor ou même son père. Et elle respecte la reine.
Mais il faut bien se rendre à l'évidence, Marie complote pour sortir de sa prison. Un premier complot est mené par un certain Norfolk. Pendant trois ans, il va chercher par tous les moyens à faire sortir la reine et même à l'épouser pour devenir roi à ces cotés. Mais le complot tourne court, Norfolk est arrêté et décapité. Marie échappe à la mort. Elisabeth cherchant toujours à éviter la mort d'une reine, ce qu'elle considère comme contraire à la dignité royale. Elle coupe définitivement et totalement Marie du monde extérieur
Mais elle est la seule à vouloir la sauver. Un second complot est organisé, cette fois par le détracteur de Marie Stuart : Walsingham. Par l'intermédiaire de son espion, Gifford, il aide Marie Stuart à reprendre contact avec l'extérieur et notamment avec Anthony Babington, un seigneur anglais dévoué au catholicisme. Marie et Babington ignorent tout du complot visant à les perdre, ils s'échangent des lettres par l'intermédiaire de Gifford, qui les cache dans un tonneau de bière. Dans l'une de ces lettres, Marie déclare sans détour qu'il faut faire mourir Elisabeth.
La mort de Marie Stuart
Marie se condamne, alors même qu'elle n'a jamais ourdi ce complot contre Elisabeth. La reine d'Angleterre ne peut plus rien faire pour sauver sa cousine : l'intention de meurtre contre un souverain est punie de mort. Cherchant par tous les moyens à tergiverser, Elisabeth intente un procès contre Marie. Mais les preuves sont accablantes. Le 15 octobre 1586, Marie est jugée coupable de trahison et tentative de régicide.
L'ordre d'exécution est signé par Elisabeth le 1er février 1587, toujours à contrecœur. Aucun catholique ne viendra au secours de Marie, pas même son fils, qu'elle a si peu connu et qui fût éduqué dans la haine de sa mère par des calvinistes. Il se moque même ouvertement d'elle déclarant cette phrase terrible : "qu'elle boive la bière qu'elle a brassée".
Le matin du huit février, Marie est emmenée au billot. Elle prie, on lui arrache son crucifix et on le piétine. On lui impose d'écouter un pasteur. Et surtout, on lui refuse le glaive : elle sera décapitée par une hache. Son bourreau est saoul. Au premier coup, il la touche à l'occiput. Elle vit encore. Au deuxième coup, il atteint le cou. Il faudra un troisième coup de hache pour que la tête quitte le corps. C'en est fini de la reine déchue.
Au matin de sa mort, Marie Stuart aura cette phrase visionnaire : "En ma fin gît mon commencement". Reine destituée, elle n'aurait pas du marquer les esprits. Mais en mourrant en martyre, comme les premiers chrétiens, elle meurt en grande reine. Elisabeth restera marquée par sa mort qui d'ailleurs ne la rendra pas populaire. Avec cette exécution, elle sera jugée cruelle par certains. Mais avait-elle le choix ? Marie Stuart aura vécue en femme, et mourra en reine.
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