Louis XVII (1785-1795)
L'enfant du Temple
Louis-Charles de France, dauphin de France, second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette d'Autriche, né à Versailles le 27 mars 1785, mort à la prison du Temple, suivant la version officielle, le 8 juin 1795.
D'abord titré "duc de Normandie", il devint dauphin à la mort, à l'âge de sept ans de son frère ainé, Louis-Joseph-Xavier, le 4 juin 1789. Dès le 28 janvier 1793, soit sept jours après l'exécution de son père Louis XVI, son oncle, le comte de Provence, dans un manifeste de Hamm, le proclama roi de France sous le nom de Louis XVII.
Enfermé depuis le 13 août 1792, de tempérament délicat et souffreteux, le jeune prince, séparé de l'affection des siens, s'étiola rapidement dans l'air malsain de sa cellule dans la prison du Temple, au milieu de privations et de mauvais traitements, bien que l'on ait exagéré, semble-t-il, les brutalités de son géôlier Simon.
Le procès-verbal de Philippe-Jean Pelletan constata que la mort de l'enfant, le 8 juin 1795 (20 prairial an III), était due probablement à une péritonite ulcéo-caséeuse venue compliquer la tuberculose, le "vice scrofuleux" qui avait déjà coûté la vie à son frère ainé. Le 10, il fut enterré au cimetière Sainte-Marguerite, l'un des quatre cimetières du "Paris de la Révolution" (Auj. dans le 11ème arrondissement de Paris au niveau du 36 rue Saint-Bernard).
Des tentatives infructueuses, faites auparavant par des royalistes, pour libérer le jeune prince de sa prison du Temple, favorisèrent la légende d'une évasion qui courut dès juin 1795.
On arrêta des faux dauphins. On parla aussi de substitutions d'enfants. Comme il arrive trop souvent, la crédulité populaire s'est attachée à ces légendes, et elle a été exploitée par des intrigants (et aussi des fous) dont les plus connus sont Jean-Marie Hovagault, Mathurin Bruneau, un certain Herbert connu sous le titre de baron de Richmont et Karl-Wilhem Naundorff, dont les descendants ont encore des partisans fidèles et dont les prétentions ont été soutenues par Jules Favre sous le second Empire et par Boissy d'Anglas devant le Sénat en 1911.
Parmi les historiens, quelques-uns, comme G. Lenôtre, André Castelot, Alain Decaux, Georges Bordonove ou Jacques Soppelsa ont cru ou croient encore à la thèse de l'évasion, sans la mêler à celle de l'un des faux dauphins.
Authentification du cœur de Louis-Charles
Des exhumations pratiquées au cimetière Sainte-Marguerite, en 1840 et en 1894, se sont révélées peu probantes et n'ont pas permis de retrouver de squelette identifiable avec celui du dauphin, en cause : l'incertitude du lieu précis de l'ensevelissement dans le cimetière.
Jean-Marie Pelletan qui, en pratiquant l'autopsie du jeune prince, était parvenu à soustraire le cœur du dauphin, voulut le rendre à Louis XVIII à la Restauration. Il n'y réussit pas. Après bien des péripéties, cette relique s'est retrouvée être en possession des Bourbons d'Espagne.
En 1909, Jacques de Bourbon, duc d'Anjou et de Madrid, prétendant légitimiste au trône de France hérite du cœur, puis sa sœur la princesse Fabrizio Massimo, née princesse Béatrice de Bourbon et enfin en 1938, la fille de celle-ci, Mme Charles Piercy, née princesse Marie-des-Neiges Massimo (1902-1984).
En 1975, l’urne en cristal rejoint le Mémorial de France à la Basilique Saint-Denis, où sont enterrés les parents du dauphin et une grande partie des rois de France.
En 2000, des analyses génétiques par comparaison d'ADN mitochondrial, pratiquées sur le cœur du présumé Louis XVII, et des cheveux de Marie-Antoinette, ont démontré qu'il appartient bien à un enfant apparenté à cette dernière, en ligne féminine.
Le 8 juin 2004, l'urne funéraire contenant le cœur a été placée, sous l'oraison funèbre de l'aumônier Christian-Philippe Chanut, dans la chapelle des Bourbons de la basilique de Saint-Denis, lors d'une cérémonie présidée par Louis de Bourbon, duc d'Anjou.