Louis XII dit le père du Peuple (1462-1515)
Roi de France de 1498 à 1515
Fils du poète Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, arrière-petit-fils de Charles V, Louis XII est né le 27 juin 1462, à Blois. Il est le petit-fils du duc Louis 1er d'Orléans (frère cadet du roi Charles VI), qui fut assassiné en 1407 par le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Il est l'arrière-petit-fils de Charles V. Ses parrains furent le roi Louis XI et le comte du Maine Charles V d'Anjou et ses marraines furent la reine d'Angleterre Marguerite d'Anjou et la comtesse de Vendôme Isabelle de Beauvau. Orphelin de père à deux ans, il est pris en tutelle par Louis XI, qui lui prodigue une éducation sévère.
En 1465, il succède à son père comme duc d'Orléans. Le roi Louis XI, dans l'espoir de mettre la main sur la maison d'Orléans, l'oblige à épouser sa fille, Jeanne de France, boiteuse et contrefaite. Cet acte n'est pas étranger à l'attitude que le duc adopte à la mort du roi. Il veut disputer la régence aux Beaujeu, pendant la minorité de Charles VIII.
Après avoir conclu des alliances avec le fils de l'empereur Maximilien et le roi d'Angleterre Henri VII, il prend la tête de l'opposition féodale. Mais la "Guerre folle" tourne à sa confusion. Battu en Bretagne, à Saint-Aubin-du-Cormier, par l’armée envoyée par la régente Anne de Beaujeu, le futur Louis XII est fait prisonnier.
Après trois années de détention, il est libéré par Charles VIII, qui le nomme gouverneur de la Normandie, avant de l'emmener avec lui au cours de la première campagne d'Italie en 1494.
A la mort de Charles VIII en 1498, la branche aînée des Valois est éteinte et le duc d'Orléans devient roi, Louis XII s'empresse alors de faire annuler son mariage par Rome et d'épouser la veuve du roi, Anne de Bretagne, prolongeant ainsi l'union du duché de Bretagne avec la France.
Pour l'heure celui qui laissera le souvenir d'un roi sage et d'un excellent administrateur subit la séduction de l'Italie. Louis XII entend faire valoir les droits qu'il tient de sa grand-mère, Valentine Visconti, sur le Milanais, qu'il conquiert par la victoire de Novare en 1500, après une première tentative manquée. Simultanément, un traité de partage conclu avec le roi d'Aragon donne Naples au roi de France, tandis que l'Espagne s'installe en Calabre et dans les Pouilles.
Ces succès vont se révéler sans lendemain. La rupture survient entre la France et l'Aragon et, en dépit des exploits du chevalier Bayard et de La Palice, Naples est perdue. Louis XII, malade, doit alors signer en septembre 1504 le désastreux traité de Blois.
Non seulement, il renonce à Naples, mais, sous l'influence de sa femme, il consent aux fiançailles de sa fille Claude avec Charles d'Autriche, qui deviendra Charles Quint, et lui accorde en dot le Milanais, Gênes, la Bourgogne et la Bretagne.
Heureusement, le roi ne tarde pas à se ressaisir. En 1506, les états généraux de Tours annulent le traité de Blois et Claude de France épouse le comte d'Angoulême, héritier présomptif du trône (futur François 1er). L'intégrité du royaume est préservée: l'œuvre de Louis XII et d'Anne de Beaujeu est sauvée.
Au lendemain des états généraux de Tours, Louis XII se laisse à nouveau entraîner dans l'aventure italienne. Après avoir réprimé une révolte des Génois en 1507, il entre, avec le pape Jules II, dans la ligue de Cambrai dirigée contre Venise, dont les ambitions inquiètent l'Europe occidentale.
A la tête d'une armée composée de contingents nationaux, le roi franchit à nouveau les Alpes et remporte sur les Vénitiens la victoire d'Agnadel, qui lui redonne le Milanais en 1509. Mais, inquiet et diplomate consommé, Jules II se réconcilie avec Venise. Rompant avec Louis XII, dont "il ne veut pas être le chapelain" il conclut une alliance contre la France.
Constituée en octobre 1511, la "Sainte Ligue" comprend Venise, les Suisses, et même le roi d'Angleterre. Louis XII semble d'abord l'emporter. Grâce au talent militaire de Gaston de Foix-Nemours, général des armées de Louis XII, son oncle, il occupe Bologne, Brescia et remporte, en 1512, la bataille de Ravenne.
Mais Gaston de Foix-Nemours y trouve la mort et sa disparition donne le signal des défaites, d'autant plus que l'empereur Maximilien 1er adhère à la coalition. Le conflit prend même un caractère religieux et Jules II jette l'interdit sur le royaume de France.
En juin 1513, après la défaite de Novare, les Français perdent le Milanais et les Suisses menacent un instant Dijon. Malgré la victoire anglaise de Guinegatte en août 1513, Louis XII réussit à conclure la paix avec l'Angleterre.
Veuf d'Anne de Bretagne, il épouse la très jeune sœur d'Henri VIII, Marie Tudor d’Angleterre le 9 octobre 1514 à Abbeville, pour sceller plus fortement sa réconciliation avec l'Angleterre.
Les échecs extérieurs n'ont, en fait, que peu de répercussions sur la vie intérieure du royaume, qui bénéficie d'un calme et d'une prospérité exceptionnels. Le roi exerce une autorité patriarcale et entend être obéi, même s'il tolère les luttes d'influence menées autour de favoris comme le cardinal d'Amboise ou le maréchal de Gié.
Louis XII veille à la stricte exécution des ordonnances, améliore le fonctionnement de la justice, créant les parlements de Bourgogne et de Normandie, insistant sur l' "abréviation des procès" Il multiplie encore les ordonnances contre les excès des gens de guerre entretenus par les féodaux.
Si les états généraux restent exceptionnels, la population est fréquemment consultée par l'intermédiaire des assemblées de bailliages. Un seul point noir : les finances.
A la fin du règne, il faut recourir aux emprunts et aux ventes d'offices. Les impôts ne sont cependant pas augmentés. Cette modération explique le jugement d'un chroniqueur : "il y a cinq cents ans qu'il ne connaît en France si bon temps qu'il fait à présent."
Louis XII meurt le 1er janvier 1515. Sans héritier direct, il laisse la couronne à son cousin et gendre François d'Angoulême, qui prend le nom de François 1er.
Louis XII est inhumé en la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis, où il repose auprès de ses prédécesseurs.