Brissarthe - 20-21 septembre 866

Robert le Fort trouve la mort...

866 - Bataille de BrissartheLe 15 septembre suivant le calendrier julien et le 20-21 septembre de notre calendrier actuel, à Brissarthe, Robert le Fort, comte de Tours et d'Angers, comte du Poitou, abbé laïc de Narmoutiers et de Saint-Martin-de-Tours, marquis de Neustrie disposant sur ce territoire d'un grand commandement contre les Vikings et les Bretons, meurt en affrontant les guerriers du Viking Hasting (ou Hàsteinn).

Les circonstances de cette mort sont relatées dans les Annales de Saint-Bertin et la chronique de Réginon de Prüm. Bien que la chronique de Réginon ait été écrite quarante ans après la bataille, Ferdinand Lot (historien médiéviste français, 1866-1952) la crédite de l’authenticité, Réginon ayant été un fidèle du roi Eudes fils de Robert le Fort, et l’abbaye de Prüm ayant eu d’importantes possessions dans l’ouest de la France, du côté du Lion d’Angers, à Loire et à Chazé-sur-Argos.

Revenu en territoire franc, le chef viking Hasting s'introduit de nouveau dans la vallée de la Loire en 866, après avoir écumé la Garonne et la Charente. Ils attaquent et pillent Le Mans. Robert le Fort rassemble ses troupes et, accompagné des comtes Geoffroy et Hervé du Maine ainsi que du comte Ramnulf de Poitiers, se place sur l'itinéraire de repli des vikings et les intercepte à Brissarthe.

Il se trouve là un gué qui permet de traverser la Sarthe. L’engagement se produit au milieu de la journée. Sans doute l’après-midi est-il largement entamé. Sans doute aussi que, Robert et ses hommes assaillent-ils les Vikings alors que ceux-ci s'engagent dans la traversée de la rivière. Bousculés, ceux-ci se réfugient dans l'église fortifiée toute proche. La première erreur de Robert et de ses lieutenants est de n’avoir point fait garder l’église, afin d’empêcher les envahisseurs d’y trouver refuge et de s’y retrancher, surtout que l’église était fort grande et bâtie en pierres. Ces traits manifestent bien l’importance qu’a Brissarthe à cette époque. La plupart des églises de campagne, comme les maisons des paysans, étaient alors construites en bois.

La journée s'achève, il fait très chaud. Les hommes de Robert le Fort sont fatigués par la poursuite. La décision est prise de remettre à plus tard l’assaut de l’église, d’y placer une garde, d’établir un camp et de planter les tentes pour passer la nuit. Ils  organisent donc un blocus de l'église et, croyant les Vikings à leur merci, ils se délassent, ôtent casque et cuirasse.

Hasting tente alors le tout pour le tout. Il regroupe ses hommes et tente une sortie, par surprise. Les Francs se ruent au combat sans prendre le temps de se réarmer. Robert le Fort tombe mortellement blessé devant la porte de l'église et meurt. Son corps est traîné par les Normands dans l’église même.  Les Vikings se retranchent de nouveau. Les comtes Geoffroy et Hervé du Maine sont blessés. Le comte Ramnulf est atteint d'une flèche au cou, tiré par un archer normand du haut d’une fenêtre de l’église,  et meurt trois jours plus tard. Privés de leur chef les Francs abandonnent la lutte. La bataille si bien commencée a tourné au désastre.

Hasting ravage encore plusieurs années la Loire : Bourges en 867, Orléans en 868, Angers en 872, et Charles le Chauve doit alors faire appel aux Bretons de Salomon. Pour la dynastie robertienne naissante les conséquences de la  disparition de Robert le Fort a un profond retentissement. Ses fils Eudes et Robert encore trop jeunes pour recevoir ses honneurs, sont mis sous la tutelle d'Hugues l'Abbé (fils de Conrad 1er et beau-frère de Robert le Fort), qui se vit les attribuer, honneurs qui faillient  passer au lignage Welf. A la mort d’Hugues l’Abbé en 878, Charles le Chauve confère les honneurs à Eudes, devenu majeur, et Eudes sera roi.

 

 

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