La bataille d'Ivry - 14 mars 1590
"Ralliez-vous à mon panache blanc..."
Le contexte
Suite à la mort de François d'Alençon, duc d'Anjou, le 10 juin 1584, Henri de Bourbon devient l'héritier du trône, pour succéder au roi Henri III, sans enfant. Henri de Bourbon, dit aussi Henri de Navarre, devra s'opposer aux catholiques et au duc de Guise qui voudrait bien devenir roi. Henri de Bourbon est protestant. Le duc de Guise est assassiné sur ordre d'Henri III le 23 décembre 1588 à Blois. L'année suivante, c'est le roi lui-même qui est assassiné par Jacques Clément un dominicain ligueur. Le 2 août 1589, Henri de Bourbon devient Henri IV, roi de France et de Navarre.
La bataille d'Ivry eu lieu le 14 mars 1590 dans le cadre de la 8ème guerre de religion. Elle se déroula dans la plaine Saint-André entre la ville de Nonancourt et la ville d'Ivry désormais nommé Ivry-la-Bataille (Auj. département de l’Eure) en l'honneur de ce combat.
La ville de Paris, favorable à la ligue, nomme comme lieutenant-général du Royaume, Charles de Lorraine, duc de Mayenne, qui jusque-là tenait avec ses troupes la Normandie. Il se voit confier la mission de délivrer les environs de Paris des garnisons d'Henri IV.
Henri, pour le devancer, part assiéger la ville de Dreux, elle aussi aux mains de la Ligue, ce qui attira le duc de Mayenne désireux de secourir cette ville. En apprenant l'approche des troupes de la Ligue, Henri, se sentant en infériorité numérique se replie sur Nonancourt pour ne pas être pris en tenaille. Le duc Mayenne, s'engage dans la vallée de l'Eure, croyant poursuivre des fuyards. Or, à Nonancourt, on se prépare au combat dans l'exaltation, comme à Coutras en octobre 1587 et à Arques en septembre 1589.
Le déroulement de la bataille
Le 14 mars à l'aube, les deux armées sont face à face. Henri IV et ses lieutenants François de Montpensier, Jean VI d'Aumont, Armand de Gontaut-Biron, François de Bourbon-Conti, Claude de La Trémoïlle, Maximilien de Béthune marquis de Rosny, (futur duc de Sully et futur surintendant des finances) et Théodoric de Schomberg ne dispose que de 7 000 hommes d'infanterie et 2 500 cavaliers face à l'armée de Charles de Lorraine duc de Mayenne et ses lieutenants Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours, Charles Ier d'Aumale et le comte Philippe d'Egmont, forte de 10 000 fantassins et mercenaires allemands et de 5 000 cavaliers dont 2 000 espagnols commandés par le comte Philippe d'Egmont.
L'armée royale est en formation serrée ; chaque escadron, massé en profondeur, est appuyé par deux régiments de fantassins. Une des ailes masque l'artillerie, Henri a déplacé ses troupes de façon à ce qu'elles soient le dos au soleil et au vent qui chasse la fumée des canons.
C'est lors de ce combat qu'aurait été prononcée par Henri IV, sa phrase sur son panache blanc. En référence aux grandes plumes blanches que le roi avait fait poser sur son chapeau pour être plus facilement repérable pendant la bataille, il aurait dit la célèbre mais probablement apocryphe formule : "Mes compagnons, si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Dieu est pour nous. Voici ses ennemis et les nôtres. Voici votre roi. Gardez bien vos rangs, je vous prie ; si la chaleur du combat vous le fait quitter, pensez aussitôt au ralliement : c'est le gain de la bataille. Vous le ferez entre ces trois arbres que vous voyez là-haut à main droite. Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache ; vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire. " Cette harangue relayée par Agrippa d'Aubigné et, plus tard, par Voltaire, est passée à la postérité, résumée en "Ralliez-vous à mon panache blanc."
Le début des combats fut déclenché par le tir des 6 canons composant l'artillerie royale et dirigés par Philibert Bernard de La Guiche, puis ce fut le choc des deux cavaleries. La cavalerie royale menée par le duc d'Aumont réussit à culbuter les chevau-légers ennemis mais ne résiste pas à la contre-attaque de la ligue par trois escadrons dont un composé de Wallons. Mais cette contre-attaque fut stoppée nette par la charge commun de Montpensier et de Biron qui vinrent à la rescousse d'Aumont.
De l'autre côté de la ligne, Henri IV chargea les lanciers de la Ligue de manière à les empêcher de prendre le champ nécessaire à l'utilisation de leur lance.
Malgré la préparation minutieuse de la bataille par Henri IV elle tourna vite à la mêlée pure et simple, à tel point que l'on crut plusieurs fois le roi mort ou prisonnier et que les ligueurs crièrent même victoire.
Le roi dû retourner auprès de ses troupes pour les harangueurs de nouveau et les rassurer sur sa santé par ces phrases : "Tournez visage, leur cria-t-il, afin que si vous ne voulez combattre, vous me voyez du moins mourir ! " Puis repartit dans la mêlée, le roi et ses cavaliers transpercent les rangs des ligueurs. Mayenne, à deux reprises, tente de rallier ses cavaliers qui se débandent, mais en vain, les uns se noient en traversant l'Eure tandis que les autres quittent définitivement le champ de bataille.
L'infanterie ligueuse est restée en place, mais sans directive et désemparée par la fuite de la cavalerie. Les troupes royales veulent se venger des lansquenets qui les ont abusés à Arques, ils se jettent à l'assaut et les massacrent. Les Suisses échappent à la mort grâce à l'intervention du roi qui leur accorde la capitulation à condition de quitter le service de la ligue.
Du coté ligueur Egmont fut tué mais Mayenne, Nemours et d'Aumale prirent la fuite abandonnant leurs troupes à tel point que l'armée de la ligue perdit toute son infanterie, qui fut tuée ou faite prisonnière, ainsi que 2 500 cavaliers. Les royalistes ramenèrent de nombreux trophées dont cinq canons, 40 drapeaux ennemis, un butin considérable ainsi que la cornette de Mayenne et l'étendard du Comte d'Egmont.
Cette bataille fut fatidique pour la ligue qui ne s'en remit jamais, le champ est libre pour Henri IV qui peut à nouveau assiéger Paris.