Affaire Dreyfus (1894-1899)
Une France coupée en deux : dreyfusards et antidreyfusards
Alfred Dreyfus, né à Mulhouse en 1859, mort à Paris en 1935, capitaine de l’armée française.
De nos jours, l’affaire Dreyfus est considérée par beaucoup comme une des plus grandes injustices du XIXème siècle. Tiraillée entre antisémitisme, mensonges d’État et trahisons, cette affaire divisa en son temps les Français, opposant dreyfusards et antidreyfusards.
Au cours de l'hiver 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, juif d'origine alsacienne, fut traduit en conseil de guerre pour haute trahison. Cet officier aurait transmis à l'Allemagne des documents secrets (un document retrouvé porterait en effet l'écriture de Dreyfus). Jugé coupable, il fut condamné au bagne à perpétuité.
En janvier 1895, Dreyfus fut dégradé publiquement ; en février, il fut déporté au bagne de l'Ile au Diable en Guyane. Lynché par les politiques et par une majorité de Français, Dreyfus fut peu à peu oublié.
En janvier 1896, le lieutenant-colonel Georges Picquart, chef du service de renseignements, intercepta un document révélant les liens unissant le commandant Marie Charles Ferdinand Walsin Esterházy et l'ambassade d'Allemagne (l'écriture ressemblant fortement à celle figurant sur la pièce ayant fait accuser Dreyfus). Il constata que le dossier secret, présenté lors du procès de Dreyfus, et soi-disant rempli de "preuves accablantes", était tout simplement vide. L'Etat-major refusa de revenir sur son jugement, et muta Picquart en Tunisie avec consigne de ne rien révéler de ses découvertes.
Le lieutenant-colonel ne pouvant s'empêcher de contacter la presse, il fut chassé de l'armée en 1898. En janvier 1898, l'écrivain Emile Zola, directeur du journal L'Aurore, eut vent des propos du lieutenant-colonel Picquart.
Le 13 janvier 1898, il fit publier dans son journal un article resté célèbre, intitulé "J’Accuse... ! Lettre ouverte au président de la République". L'article, publié en première page, doté d'un titre écrit avec une énorme police de caractère, eut un immense retentissement.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne fut pas Zola qui trouva l'idée du titre, mais Georges Clemenceau. Ce dernier, qui avait dans un premier temps été un farouche adversaire de Dreyfus, avait fini par se raviser (à l’instar de Jean Jaurès qui avait initialement demandé la peine de mort contre l'accusé).
Clémenceau était déjà retiré de la vie politique suite au scandale du canal de Panama, et travaillait comme rédacteur à l’Aurore.
Suite à la publication de l'article, Zola fut condamné pour diffamation, et préféra l'exil plutôt que l'emprisonnement. Dreyfus, quant à lui, fut rapatrié en France et jugé une nouvelle fois. Un second conseil de guerre, réuni en juin 1899, le condamna une fois de plus pour trahison. Dreyfus écopa alors de dix années de prison, bien que recevant le bénéfice de "circonstances atténuantes". A cette date, l'Etat se trouvait dans une situation délicate. Il ne fallait pas reconnaitre l'erreur commise par l'armée. Cette dernière était alors "l'instrument de la revanche" contre la Prusse (la défaite de 1870 ayant été très mal digérée). L'Etat ne pouvait condamner Dreyfus à de trop lourdes peines, car les Dreyfusards, nombreux, auraient pu créer des troubles.
Le président de la république Emile Loubet, peu de temps après le jugement, accorda à Dreyfus la grâce présidentielle.
Ce n'est qu'en juillet 1906 que Dreyfus fut réintégré dans l'armée à au grade de lieutenant-colonel, le jugement de Rennes de juin 1899 ayant été annulé par la Cour de Cassation. Le lieutenant-colonel Picquart fut promu général, et Dreyfus, décoré de la Légion d'honneur.
Clemenceau, devenu président du conseil en octobre 1906, fit voter le transfert des cendres d'Emile Zola au Panthéon et prit dans son gouvernement le général Picquart comme ministre de la Guerre (1906-1909).
En 1930, on découvrit que le véritable coupable était bien le commandant Marie Charles Ferdinand Walsin Esterházy.
Le lieutenant-colonel Alfred Dreyfus meurt à Paris, le 12 juillet 1935 à l'âge de 75 ans et est enterré au cimetière du Montparnasse.