Marignan - 13-14 septembre 1515

"un véritable carnage" ... plus de 16.000 tués.

Bataille de Marignan - les 13 et 14 septembre 1515On se souvient qu’en 1494, désireux de prendre possession du royaume de Naples, le roi de France Charles VIII s'empare aisément de la grande cité italienne (première guerre d’Italie).  Le succès n’est toutefois que provisoire car, trois mois plus tard, les Français sont reconduits à leurs frontières.  L'année suivante, l'armée française échappe de justesse à la destruction en livrant bataille à Fornoue (6 juillet 1494). Quatre ans plus tard, son successeur, Louis XII, passe également à l'offensive et s'empare, très provisoirement, du royaume de Naples et du Milanais.  Et enfin, la bataille de Ravenne (11 avril 1512,  quatrième guerre d’Italie) se conclut au détriment des Français qui doivent, une fois de plus, évacuer l'Italie du Nord. Alors François 1er décide de concentrer ses efforts dans la reconquête du Milanais. C’est le début de la cinquième guerre d’Italie.

François 1er n’a personnellement aucun droit sur le duché de Milan, mais fait valoir les droits de sa femme Claude, héritière des Orléans, et donc de Louis XII.

Les forces en présence

Au printemps 1515, François 1er rassemble une armée de 40.000 hommes.  Parmi eux se trouvent bon nombre d'étrangers dont les fameux lansquenets allemands.  Pour assurer ses arrières, il lui faut payer fort cher la neutralité de l'ambitieux Henry VIII d'Angleterre. Un appui conséquent pour les forces françaises prend la forme d'une alliance avec la république de Venise.

Face au roi de France se forme une coalition réunissant les Etats de l'Eglise, le duc de Milan Maximilien Sforza, l'empereur germanique Maximilien 1er de Habsbourg, et le roi d'Aragon Ferdinand II.  L'essentiel des forces de la coalition est constitué d'une troupe de 20.000 mercenaires suisses alors considérés comme les meilleurs d'Europe.

L'invasion française

Elle débute par le franchissement des Alpes en août 1515. Certains cols, fortement défendus par l'ennemi tel celui du Mont-Cenis, sont délibérément évités. C’est sur ce difficile terrain que l'on transporte l'artillerie, en pièces détachées ou sur traineaux.

Parvenus dans la plaine du Pô, les Français font route vers Marignan (Auj. Melegnano, commune de la province de Milan dans la Lombardie en Italie), tant pour menacer la capitale du Duché, Milan, distante d'une trentaine de kilomètres, que pour gêner la jonction des forces du Pape avec celles de l'Empereur germanique.

Connaissant la valeur des milices suisses, François 1er tente de les tenir hors du conflit en leur promettant le versement d'une somme d'un million d'écus en or.  Mais, excité par le Cardinal de Sion, Matthaüs Schiner, les Suisses refusent tout arrangement et, sortant de Milan, marchent au-devant des forces françaises.

Les négociations de Gallarate

Une campagne efficace de propagande française, visant à dissuader les cantons suisses de poursuivre les hostilités, entraîne le mécontentement parmi les troupes suisses et les différends parmi les chefs, permettant en même temps une poussée sur toute la partie occidentale du Milanais par les Français. Une série de pourparlers furent engagés en septembre 1515 (pourparlers de Gallarate), lors desquels François 1er offrit encore davantage de concessions aux Suisses pour qu'ils renoncent à leurs prétentions, aboutissant même au Traité de Gallarate (9 septembre) qui finalement ne fit que consacrer la dissension entre les Confédérés souffrant de l'absence d’un chef unique.

Les Français se mirent à négocier directement avec le pape Léon X derrière le dos des Confédérés. Le duc de Milan tardait à verser la solde et les vivres venaient à manquer. Après la signature de ce traité qui divisa encore un peu plus les Confédérés, les Bernois, Fribourgeois, Valaisans et Soleurois, peu enclins à se battre pour un commanditaire qui tardait à assumer ses obligations, rentrèrent en Suisse, ce qui représentait le départ de 10 000 Confédérés.

Premier jour de bataille

La bataille s'engage dans la zone marécageuse de Marignan le 13 septembre 1515.  Le terrain est difficile pour les cavaliers : une plaine entrecoupée de rivières, de canaux et de fossés, praticable uniquement sur de larges chaussées rectilignes.

Bien qu'une telle disposition gêne les évolutions de la cavalerie, l'artillerie française avait été magistralement placée en terrain sec, sur une chaussée courant entre deux marais.

Au cours d'un assaut confus, les masses de piquiers suisses s'avancent vers ces canons en vue de s'en emparer.  Décimés par les tirs d'artillerie, ils ne peuvent y parvenir mais mettent néanmoins à mal une grande part de l'infanterie française.  François 1er intervient en personne en chargeant avec 200 hommes d'arme contre 400 Suisses. L'armée suisse lutte  ardemment contre les soldats français.  La confrontation ne prend fin que lorsque les deux camps n'arrivent plus à s'identifier dans la pénombre de la nuit.  Les deux adversaires s'endorment sur le lieu même de la bataille à moitié mélangés.

Le second jour 

François 1er profite de la nuit pour remettre bon ordre dans son dispositif. Au matin du 14 septembre, organisée en longueur l'armée française s'apprête à reprendre le combat. La droite est placée sous le commandement du connétable de Bourbon, la gauche sous les ordres du duc d'Alençon.  Au centre, où est demeurée l'artillerie, François 1er dirige personnellement les troupes.

Formés en carrés compacts, plus de 5.000 Suisses remontent à l'assaut du centre français mais, chargés sur les flancs par la cavalerie française, ils subissent de lourdes pertes sous les coups des artilleurs et des arquebusiers.

Dans l'ensemble toutefois, les Suisses semblent être dominants.  Dès le petit matin, ils mettent en difficultés les soldats du duc d'Alençon.  Mais, les Suisses n'avaient pas compté sur l'aide des alliés vénitiens de François 1er dont les premières troupes arrivent en renfort vers 8 heures du matin.

Vers 13h00, devant l'afflux des Vénitiens et la résistance des rangs français, le moral chancelant, les Suisses cessent le combat et refluent vers Milan. Les Français, épuisés par deux jours de lutte, ne tentent pas de les poursuivre.

Conséquences

Cette victoire apporte une renommée au roi de France dès le début de son règne. La bataille de Marignan surprend le monde à l'époque car elle s'est déroulée sur deux jours consécutifs, fait alors très inhabituel.

La bataille s'avère très meurtrière : 13.000 tués chez les Suisses, 3.000 chez les Français.  De telles pertes, jamais encourues au moyen-âge, préfigurent les carnages des temps à venir.

Bataille décisive, Marignan oblige Maximilien Sforza à s'exiler et à abandonner son duché aux Français. Mis en difficulté, le pape Léon X reconnait au roi de France le droit de nommer les évêques. Les Suisses, par la « Paix perpétuelle » signée à Fribourg en 1516, s'engagent à ne plus jamais prendre les armes contre la France.

L'occupation française du Milanais est en fait très provisoire.

 

 

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