Révolte des Canuts de 1831
De novembre à décembre 1831
Insurrection des tisseurs de soie de Lyon.
Travailleurs qualifiés soumis à de très rudes conditions de travail (de 16 à 18 heures de travail par jour), les canuts se trouvent confrontés aux profondes transformations de l'économie lyonnaise dans les années 1830. Les prix de façon ayant sensiblement baissé malgré une reprise des ventes en 1831 grâce à l'ouverture du marché américain, ils réclament une hausse des salaires. Pour défendre leurs intérêts, ils adoptent les idéologies socialistes naissantes et le mutuellisme. En octobre 1831, ils obtiennent, avec l'appui de la chambre de commerce et du préfet du Rhône Bouvier-Dumolard, un tarif minimal signé par les représentants des ouvriers et des maîtres fabricants le 25 octobre, sous le contrôle des prud'hommes.
Cependant, des fabricants protestent contre cet acte : le 10 novembre, 104 sur 1 400 de ceux-ci réclament son abolition, allant jusqu'à acculer certains chefs d'atelier au chômage en leurs coupantes toutes commandes. La grève éclate un peu partout, et, le 22 novembre, l'insurrection s'étend à tous les quartiers de la ville, à la Croix-Rousse et à la Guillotière, faisant des morts et des blessés ; elle s'assure le contrôle de la ville sous la direction des chefs d'atelier alors que l'armée est contrainte de se retirer.
Le 24 novembre, un gouvernement provisoire est formé à l'hôtel de ville avec un conseil de 16 canuts, qui reste en fonctions jusqu'à l'arrivée du duc d'Orléans et du maréchal Soult, à la tête de 20 000 hommes, le 3 décembre. L'ordre est alors rétabli, le préfet remplacé, la garde nationale de Lyon licenciée, une garnison de 10 000 hommes installée et 90 ouvriers arrêtés ; 11 sont poursuivis et finalement acquittés (procès de Riom, 5-22 juin 1832), mais le tarif (salaire) minimal réclamé par les ouvriers n'est pas appliqué.
Une deuxième insurrection des Canuts à Lyon se déroulera des 9 au 15 avril 1834. Elle est matée dans le sang.