Toulouse - 9 juin 721

Bataille de Toulouse 721La Bataille de Toulouse, se déroule le 9 juin 721, entre Toulouse et Carcassonne, et voit la victoire du duc, Eudes d'Aquitaine, sur l'armée d'al-Andalus (auj. l'Andalousie), sous la direction du wali Al-Samh. Les troupes musulmanes ont franchi les Pyrénées dès 716 et pris Narbonne en 719. Après un siège de Toulouse d'au moins deux mois, cette cuisante défaite des maures permet d'arrêter les campagnes omeyyades, en Europe de l'Ouest, pendant un peu plus d'une décennie. Eudes d'Aquitaine inflige la première grande déroute aux musulmans sur le continent européen.

La Bataille de Toulouse se déroule en deux parties. Al-Samh assiège la ville, dans l’attente qu’elle tombe. Mais les renforts apportés par Eudes d'Aquitaine déclenchent la Bataille du Plateau, désigné par les chroniqueurs arabes comme la chaussée des martyrs. Malgré la faiblesse des sources, on peut penser que l’armée arabes se compose d’environ 3.500 hommes, et que l’armée levée par Eudes est d’environ 4.000 hommes. L'armée des Francs d'Aquitaine est faible et formée pour la plupart de Vascons.

Dès que Al-Samh a réussi à compléter l'organisation politique et militaire des territoires conquis, il s'avance vers la Garonne par les belles campagnes de la vallée de l'Aude. Il attaque Toulouse, car le Duc Eudes n'est pas là. Il avance en attaquant, brûlant et pillant tout sur son passage. Son armée est composée de l'infanterie, des cavaliers, des mercenaires, dont des frondeurs gascons. Il a des machines de guerre et de siège.

Arrivé devant Toulouse, Al-Samh fait amener de force des milliers de pauvres bougres pour les transformer en animaux de bât et en terrassiers. Les Sarrasins creusent des tranchées pour l'assaut contre la ville. Le matériel de siège fut disposé aux endroits stratégiques. Toute cette panoplie d'armes de jet a fait des dégâts considérables parmi la population toulousaine. Mais la ville tient bon.

Dans un siège, l'avantage est à l'assiégé selon l'état, la hauteur et l'épaisseur des remparts. Le principal atout des toulousains est que leur ville possède encore ses fortifications gallo-romaines. Cette enceinte enferme 90 hectares de terrain. Les toulousains possèdent à l'intérieur de leurs remparts, des jardins potagers et des terrains de cultures, notamment autour des monastères. Ceci leur permit de ne pas souffrir trop tôt de la famine sur laquelle les musulmans comptent pour avoir rapidement raison d'une ville. Enfin, il faut mentionner surtout la vaillance et le courage des Toulousains, endurant dégâts et morts ; prêts au dernier sacrifice pour sauver la ville de l'occupation et du pillage arabe.

Les Toulousains ne peuvent cependant plus défendre la ville des kilomètres de murailles et les tours. Ils sont décimés par les frondeurs dés qu'ils paraissaient sur leurs remparts. Les maures vont gagner la bataille. Al-Samh est arrivé à Toulouse en mars 721, mais le 9 juin Eudes d'Aquitaine vient au secours des assiégés.

Comme les Austrasiens sont engagés avec Charles Martel dans une guerre contre les Saxons, c'est en Neustrie et en Bourgogne qu'Eudes trouve des renforts pour son armée. Trois mois plus tard, il revient briser le siège de Toulouse, sur le point de se rendre. Eudes d'Aquitaine a rassemblé ses bandes, et arrive à la défense de Toulouse avec une armée de 7.000 hommes.

Eudes d'Aquitaine surprend ses ennemis. L'armée d'al-Andalus est composée de 5.000 combattants : de l'infanterie, 1.000 cavaliers, de nombreux mercenaires et des servants des engins de siège. Eudes d'Aquitaine envoie 2.000 hommes entourer ses tranchées, et les cribler de jets et de flèches, acculant les Sarrasins entre eux et les remparts. Al-Samh se persuade que c’est là toute l'armée des chrétiens.

Pour se dégager de ces moustiques qui le piquent massivement, et se croyant fort de sa supériorité numérique, il fait une sortie en rase campagne pour briser l'enveloppement de l'armée du Duc d'Aquitaine, avec une grande partie de ses forces. Mais il ne dispose sans doute pas de sa cavalerie. Comme un siège ne nécessite pas d'attaques de cavalerie les chevaux étaient mis au pâturage, autour du camp.

Les troupes d'Eudes n'ont pas connu trois mois de siège. Pour Al-Samh, a heureusement pour les survivants, l'idée de maintenir libre l'ancienne voie romaine, la via Aquitania vers Narbonne. C'est aussi son couloir d’approvisionnement. Cela permet de localiser le lieu de la bataille de Toulouse entre les remparts et la plaine immédiate qui s'étend jusqu'à Ramonville-Saint-Agne. Al-Samh fait sonner la charge. Les deux armées se heurtent avec l'impétuosité des torrents qui se précipitent des montagnes. Elles se joignent et s'entrechoquent bruyamment. La mêlée et le carnage sont horribles.

Al-Samh galope de tous côtés avec la colère du lion. Il anime les siens au combat par son exemple, et ses actions tenant du prodige. Le sang coule le long de son épée, de ses bras et l'inonde. Il pousse son cheval çà et là au milieu des groupes les plus épais de l'ennemi, et il les disperse. Un général qui agit ainsi de sa personne contre toute une armée a peu de chances d'en échapper. Le wali tombe percé de coups de lance. Avancé seul au milieu des rangs ennemis quelques cavaliers chrétiens l'encerclent et le blessent, malgré son intrépidité et sa bravoure.

La perte de leur chef décourage les musulmans. Ils essaient de se rallier et de repousser les hommes d'Aquitaine. Mais ceux-ci arrivent de partout. L'armée arabe cède le terrain au vainqueur, et se retire réduite deux tiers de ses hommes. Vers la fin de la journée du 9 juin 721, Eudes d'Aquitaine et les siens font plier les assiégeants. Alors c'est le massacre généralisé, car il faut à tout prix pour les Sarrasins, faire la trouée vers Narbonne, l'épée à la main. Les combattants d'arrière-garde sont particulièrement meurtriers. Tous les officiers musulmans sont tués au combat. Le wali est grièvement blessé sur le champ de bataille. Mais il n'est pas mort. Il agonise jusqu'à son arrivée à Narbonne.

Le général en second, Abd al-Rahmân, qui participera plus tard à la Bataille de Poitiers (732), fait des prodiges de valeur et rentre en Septimanie couvert de blessures, avec les pauvres débris de l'armée arabe. Il est proclamé wâlî par ses soldats.

Toulouse est sauvée.

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