HENRI III (1207-1272)

Version longue

Roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande et duc d'Aquitaine de 1216 à sa mort en 1272

Henri III

La succession

Henri naquit le 1er octobre 1207 au palais de Winchester dans le Hampshire, fils du roi Jean d'Angleterre et de la reine Isabelle d'Angoulême (vers 1188-1246). Le jeune prince fut propulsé sous les feux de la rampe avant même d'avoir pu se préparer. Le roi Jean mourut de la fièvre le 18 octobre 1216, alors qu'Henri n'avait que neuf ans. Jean mourut au milieu de la première guerre des barons (1215-1217), provoquée par le fait que le roi n'avait pas honoré les promesses faites dans la Grande Charte de juin 1215.

Cette charte des libertés établissait que même le souverain était soumis à l'État de droit et que les barons devaient être consultés sur les questions qui les concernaient. Certains de ces aristocrates étaient tellement mécontents de leur roi actuel qu'ils soutinrent le prince Louis (le futur Louis VIII de France dit Louis le Lion) pour le remplacer. Louis avait envahi le sud de l'Angleterre et s'était emparé de plusieurs de ses principaux châteaux, dont la Tour de Londres. En mai 1216, Louis s'était même proclamé roi en raison de son mariage avec Blanche de Castille, petite-fille d'Henri II d'Angleterre.

Au milieu de cette agitation, Henri III succéda à son père et fut couronné roi le 28 octobre 1216 dans la cathédrale de Gloucester. Cette cérémonie précipitée fut gâchée par l'absence de l'archevêque de Canterbury (parti à Rome) et par l'absence de tout habit royal, le roi Jean ayant perdu les joyaux de la couronne dans des sables mouvants lorsqu'il fuyait les barons rebelles. En l'absence d'une couronne ayant un quelconque pedigree, un torque en or de la mère d'Henri, la reine Isabelle, fut utilisé à la place.Couronnement d'Henri III d'Angleterre

La première tâche d'Henri fut donc de mettre fin à la guerre civile qui ravageait son royaume. Henri n'avait que neuf ans, mais il pouvait compter sur l'aide de personnalités telles que Pierre des Roches et Hubert de Burgh (mort en 1243), ainsi que sur un allié de taille : Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke (v. 1146-1219), souvent considéré comme le plus grand chevalier médiéval. Maréchal avait déjà servi trois rois et il était maintenant nommé Protecteur du Royaume - en fait, régent de l'Angleterre pour le jeune Henri. Cette association improbable d'un enfant-roi et d'un chevalier de 70 ans allait s'avérer gagnante.

La guerre des barons et Guillaume le Maréchal

Le roi avait réussi à conserver les châteaux de Windsor et de Douvres et Henri put affronter les derniers barons rebelles et le prince Louis à la bataille de Lincoln, le 20 mai 1217. Guillaume le Maréchal dirigea l'armée anglaise en personne et, juste avant la bataille, il prononça un discours enflammé devant ses troupes de première ligne, déclarant que l'ennemi avait positionné ses forces de telle sorte qu'il gagnerait la journée parce qu'il pourrait attaquer avec toute son armée une seule section de l'opposition; et c'est ce qui se produisit. Le 24 août, une flotte de renfort française de 80 navires fut coulée dans la Manche par une flotte anglaise de 40 navires commandée par Hubert de Burgh. La flotte anglaise feignit d'attaquer, mais manœuvra ensuite pour attaquer les Français sous le vent. Des tirs d'arbalète et des pots de chaux vive furent lancés sur l'ennemi et dans la confusion, seuls 15 navires français s'en sortirent. Après cette double défaite, Louis renonça à ses prétentions au trône d'Angleterre par le traité de Lambeth signé le 11 septembre 1217. La victoire permit à Henri de bénéficier d'un couronnement en bonne et due forme à l'abbaye de Westminster le 17 mai 1220. Guillaume le Maréchal, qui servit quatre rois au cours de son illustre vie, mourut le 14 mai 1219. Le nouveau régent fut Hubert de Burgh, qui servit en tant que Justicier d'Angleterre et vainquit la marine française, mais on n'aurait besoin de lui que pendant quelques années encore.

Règne et critiques

Henri prit le pouvoir en janvier 1227, à l'âge de 20 ans. L'historien Dan Jones donne la description suivante du roi:

"L'homme qui émergea du long chemin de l'enfance était un spécimen particulier. Henri mesurait environ 1,80 m. On dit qu'il avait une paupière tombante, ce qui devait donner à son visage une solennité tordue correspondant à son caractère quelque peu lourd. Il était notablement pieux, même à une époque où la mode chez les rois était à l'ascétisme et à la religiosité ostentatoire."

Ce que le roi n'avait pas en termes de beauté, il le compensa par sa longévité. Cependant, le roi acquit rapidement la réputation d'être indécis et facilement influençable. Pire encore, les barons ne l'apprécièrent jamais, le percevant comme aussi arrogant dans ses droits et irrespectueux des leurs que l'avait été le roi Jean. On lui reprocha également d'être un peu trop généreux dans l'octroi de terres aux étrangers. Cette situation s'aggrava après son mariage avec Aliénor de Provence (alias Éléonore de Provence, 1223-1291) le 20 janvier 1236, et un afflux de beaux-parents français occupa des postes clés à la cour, devenant même de proches conseillers du roi et alimentant son opinion selon laquelle le monarque avait une autorité absolue et n'avait pas besoin d'écouter ses barons.Eléonore de Provence, reine d'Angleterre

Henri eut aussi quelques bons côtés, du moins du point de vue de la postérité. Le roi était un grand mécène et parraina de nombreux projets de construction importants, tels que les nouvelles cathédrales de St Albans, Lincoln, Wells et Salisbury. Le palais de Westminster fit l'objet d'une rénovation majeure, rendant la résidence royale traditionnelle beaucoup plus confortable grâce à de nouvelles fenêtres, cheminées, peintures murales et installations sanitaires. L'abbaye de Westminster fut rénovée dans le style gothique et un magnifique nouveau sanctuaire y fut construit en l'honneur de l'ancien roi, Édouard le Confesseur (r. de 1042 à 1066). L'abbaye reçut également du roi une fiole de cristal censée contenir le sang de Jésus-Christ. La Tour de Londres est un autre bâtiment qui bénéficia de l'attention du roi. C'est probablement là qu'Henri créa le zoo, qui resta en place jusqu'en 1835. Les premiers animaux étaient généralement des cadeaux diplomatiques tels que des léopards, un éléphant et même un ours polaire. Enfin, le roi était très attaché à l'éducation et, entre 1249 et 1264, il créa ou finança les trois premiers collèges de l'université d'Oxford (Merton, Balliol et University).

Les réalisations architecturales et éducatives n'étaient cependant pas le moyen de gagner la confiance de ses sujets et, en tout état de cause, elles furent réalisées pour l'essentiel au cours de la dernière décennie de son règne. Il est certain qu'elles ne firent pas grand chose pour atténuer les réactions négatives aux politiques fiscales lourdes du roi, à une série de défaites militaires au Pays de Galles (1228, 1231 et 1232) qui conduisirent Henri à conférer à Llywelyn ap Gruffudd (vers 1223-1282) le titre de prince de Galles, et à une tentative ratée de collusion avec le pape Innocent IV (pape de 1243 à 1254) pour faire du deuxième fils d'Henri, le prince Edmond, le roi de Sicile. Il y eut ensuite des campagnes inefficaces outre-Manche en 1228, 1230 (menées par le roi en personne) et 1242, qui aboutirent à la perte de territoires en France, cédés par le traité de Paris en 1259, qui ne laissait rien à la couronne d'Angleterre, à l'exception de la Gascogne. Enfin, l'organisation par le roi du mariage de sa sœur Isabelle avec l'empereur du Saint Empire romain germanique Frédéric II - un acte soutenu par le conseil dirigeant - nécessita une énorme dot en espèces qui poussa le système fiscal jusqu'à ses limites. En bref, Henri, avec un revenu annuel inférieur de moitié à celui de son homologue français Louis IX de France (roi de 1226 à 1270), vivait au-dessus de ses moyens.

Simon V de Montfort et guerre civile

Toutes ces déceptions exaspèrent les barons à tel point que certains soutinrent le beau-frère du roi, Simon de Montfort, comte de Leicester, et en firent, de fait, le co-dirigeant d'Henri. Les "Provisions d'Oxford" (juin 1258) stipulaient que les impôts devaient être versés au Trésor et ne pas être disponibles pour les caprices du roi, et qu'un conseil de 15 barons devait conseiller le roi. Le conseil devait également contrôler les châteaux royaux, superviser les nominations ministérielles (pour lesquelles Henri était notoirement négligent) et contrôler l'administration locale. Un autre organe, que certains historiens attribuent à Simon de Montfort et qu'ils appellent parlement, c'est-à-dire un organe de discussion politique, était, lorsque les chevaliers des comtés et les bourgmestres de certains bourgs étaient invités à y participer, les prémices du Parlement anglais. Le parlement avait également pour but de s'assurer que le conseil remplissait sa mission.

En 1261, Henri fit appel au pape pour rétablir son contrôle total sur le royaume et répudia les Provisions d'Oxford en 1262, une décision soutenue par Louis IX de France. La guerre civile éclata alors. Le 14 mai 1264, Simon de Montfort captura Henri et son fils, le prince Édouard, à la bataille de Lewes. Au cours de l'année qui suivit, Henri fut ignominieusement déplacé au sein de l'entourage de Simon de Montfort. Bien que de Montfort se soit prétendu roi (il se faisait appeler "Intendant") et qu'il obligea Henri à signer des lois et des décrets en sa faveur, Édouard parvint à échapper à ses ravisseurs en mai 1265. Le prince forma alors une armée composée de fidèles partisans de son père et de barons déjà mécontents de l'égoïste Simon de Montfort. Le 4 août 1265, à la bataille d'Evesham, dans le Worcestershire, Édouard remporta la victoire grâce à une armée plus nombreuse que celle de son adversaire, tandis que Simon de Montfort fut tué et son corps terriblement mutilé. Édouard rétablit son père dans ses fonctions de roi, mais prit lui-même en charge certains aspects de la gestion quotidienne du royaume. Il semble qu'Henri ait été destiné à partager son pouvoir aux deux extrémités de son règne.

Mort et successeur

Henri mourut, probablement d'une attaque cérébrale, le 16 novembre 1272, à l'âge de 65 ans. Il avait régné pendant 56 ans, un record qui ne serait pas égalé avant George III d'Angleterre (roi de 1760 à 1820). Il fut le premier des Plantagenets à être enterré dans l'abbaye de Westminster qui deviendra plus tard le mausolée des monarques d'Angleterre. Tombeau d'Henri III (Westminster Abbey )Son fils, qui régnait déjà en son nom, lui succéda sous le nom d'Édouard Ier d'Angleterre. Édouard fut couronné le 19 août 1274 à l'abbaye de Westminster et régnerait jusqu'en 1307. Le nouveau roi soumit le Pays de Galles, tenta de conquérir l'Écosse, se lança dans ce que l'on appelle parfois la neuvième croisade (1271-72 ) et fit construire de nombreux châteaux qui subsistent encore aujourd'hui, en particulier dans le nord du Pays de Galles.

Source : Article partiellement ou en totalité issu de l'article de Cartwright, M. (2019, décembre 18). Henri III d'Angleterre [Henry III of England]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18576/henri-iii-dangleterre/

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