Marie-Amélie de Bourbon-Sicile (1782-1866)
Dernière reine de France, épouse de Louis-Philippe Ier, "roi des Français".
Descendant des familles d'Autriche, d'Espagne et appatentée à la famille de France, fille de Ferdinand 1er roi des Deux-Siciles, Marie-Amélie peut se prévaloir d'un prestigieux lignage.
Maria Amalia Teresa di Borbone naît au palais de Caserte, près de Naples. Elle est la dixième des dix-huit enfants du roi Ferdinand de Naples et de Sicile et de la reine Marie-Caroline d'Autriche, elle-même sœur aînée de la reine de France Marie-Antoinette.
Dans sa jeunesse, elle temble en écoutant les histoires de la Révolution française et surtout la nouvelle de la mort de sa tante, Marie-Antoinette. C'est dans ce contexte troublé d'un monde qui s'éffondre que la jeune fille fait l'objet de divers projets matrimoniaux. La piste de Louis-Philippe d'Orléans est retenue, même si le prince n'est autre que le fils de Philippe Egalité, le prince régicide.
Marie-Amélie n'est pas belle, mais elle sait être gracieuse et possède un regard bleu et vif. Sa mère, la reine Marie-Caroline est circonspecte quant à ce mariage, mais finit par donner son consentement lorsque le duc d'Orléans l'assure de sa détermination à réparer les erreurs de son père. Le mariage est célébré à Palerme le 25 novembre 1809 alors que Napoléon règne à Paris.
Marie-Amélie a vingt-sept ans et son époux trente-deux. Le duc a déjà connu une vie mouvementée qui l'a mené de l'Europe aux Etats-Unis.
Les premières années de leur mariage se passent à Palerme, au palais d'Orléans : le duc et la duchesse vivent aux côtés de la famille royale sicilienne, sous la protection de la flotte britannique.
Marie-Amélie donne dix enfants à son époux et apparaît comme une excellente mère de famille. Pieuse et discrète, elle forme avec Louis-Philippe un couple qui tranche avec les autres modèles de la lignée royale.
Après l'effrondrement de l'Empire et le rétablissement de la monarchie, Louis-Philippe et sa famille s'établissent en France, et retrouvent leur rang au sein de la famille royale. Mais Louis XVIII, sur le trône, se méfie de ce cousin qui professe des idées trop libérales à son goût, cependant il veut donner l'image d'une famille unie.
Marie-Amélie est plus respectée à la cour où l'on apprécie son royalisme exacerbé, sa stricte conduite catholique et son statut de nièce de Marie-Antoinette.
A l'issue de la révolution qui chasse Charles X du trône en 1830, Marie-Amélie est placée face au pire dilemme de son existence. Elevée dans le strict respect des traditions, elle ne peut cautionner un mouvement de révolte populaire. Néanmoins, elle se doit d'être solidaire de son époux et d'accompagner son destin. Elle est donc obligée de coiffer cete "couronne d'épines" (selon ces propes mots) qui en fait une "reine des Français".
Elle ne goûte guère sa position de reine placée sur le trône à la faveur d'une révolution mais elle s'applique à remplir son rôle. En réalité, elle se console en menant une vie de famille exemplaire même si elle assiste avec peine à la disparition des valeurs qui ont toujours été les siennes. Fidèle à son époux, elle le soutient et lui apporte le réconfort dont il a besoin. Elle se soucie peu des moqueurs qui voient en eux un couple bourgeois. Elle aime Louis-Philippe et le roi lui rend bien.
C'est une autre révolution qui chasse Louis-Philippe du trône en 1848.
Marie-Amélie est la femme de la situation. Face à un mari anéanti, elle se charge d'organiser l'exil en Angleterre et apparaît comme le véritable chef de famille. Le couple se réfugie au manoir de Claremont, propriété du roi Léopold Ier de Belgique, dans le Surrey, où elle sera connue sous le titre de courtoisie de "comtesse de Neuilly".
La reine Marie-Amélie meurt le 24 mars 1866 à l'âge de 83 ans. Elle aura survécu seize ans à son époux. Elle est inhumée dans la chapelle Saint-Charles Borromée à Weybridge, auprès de son mari. En 1876, leurs corps furent ramenés à la chapelle royale Saint-Louis, nécropole familiale à Dreux.
La femme qui ne voulait pas être reine sera la dernière reine en France.