Henri VIII (1491-1547)
Roi d'Angleterre de 1509 à 1547
Jeunesse et débuts du roi - Henri VIII, né au palais de Placentia de Greenwich située dans la banlieue de Londres, sur la rive sud de la Tamise le 28 juin 1491 et mort au palais de Whitehall, le 28 janvier 1547, est un souverain de la Renaissance. Il est passé à la postérité comme étant le roi sanglant aux six épouses. Il est le troisième enfant d'Henri VII et d'Elisabeth d'York et deuxième sur la liste de succession au trône, derrière son frère ainé Arthur.
A la mort de son père Henri VII le 21 avril 1509, il accède au trône d'Angleterre car son frère aîné Arthur est décédé prématurément à l’âge de quinze ans, le 2 avril 1502. Neuf semaines après, le 11 juin, il épouse la veuve de son frère Arthur, Catherine d'Aragon, pour affirmer le rôle de l'Angleterre en Europe.
En 1511, Henri VIII, qui monte très souvent à cheval au point d'user plusieurs montures par jour, se joint à la Saint Ligue, alliance des souverains d'Espagne (Ferdinand II), du Saint Empire romain germanique (Maximilien 1er) et de la papauté (Jules II), contre le roi de France, Louis XII en Italie. En 1513, il défit l'armée française dans le Nord et remporta la bataille. L'Ecosse, alliée de la France, profita de l'absence du roi d'Angleterre pour attaquer le royaume. L'armée écossaise a été battue et une grande partie de l'aristocratie trouva la mort, tout comme le roi d'Ecosse, Jacques IV. Cette victoire mit fin à la menace écossaise sur le royaume d'Angleterre. En 1514, Henri VIII arrange un mariage entre Louis XII, roi de France, et sa sœur Marie Tudor. Une alliance entre la France et l'Angleterre est alors contractée, mais celle-ci deviendra caduque un mois plus tard lorsque Charles Quint et Henri VIII signèrent à Gravelines un traité secret par lequel les deux monarques s'engagèrent à ne pas conclure avec la France une alliance plus étroite que celles qui existaient déjà. Par ce traité, Henri VIII se rapproche de Charles Quint, sans pour autant adopter une politique hostile à la France. En 1518, le traité de Londres est signé par les quatre grandes puissances que sont la France, le Saint-Empire romain germanique, l'Espagne et l'Angleterre. C'est un pacte de non-agression où chaque État signataire s'engage à s'unir contre la puissance qui viendrait à rompre la paix visant à faire perdurer la paix en Europe après la bataille de Marignan. Cependant, en 1521, François 1er déclencha la sixième guerre d'Italie. Henri VIII, apprenant que François 1er était en captivité suite à sa défaite à Pavie en 1525, décide de rompre tout effort diplomatique et propose à Charles Quint d'aider ses armées pour envahir la France. Charles Quint refuse et l'invasion de la France par l'armée anglaise n'a pas pu être effectuée.
Un pouvoir partagé entre Henri VIII et le cardinal Wolsey - Le succès de la campagne en France avait rendu le cardinal Wolsey indispensable. Thomas Wolsey et Henri VIII, opèrent, de 1525 à 1527, un renversement total des alliances. La signature de la paix perpétuelle, le traité de Westminster, en avril 1527, fût le début d'une longue période de paix entre l'Angleterre et le royaume de France. Jacques V, roi d'Ecosse (et neveu d'Henri VIII) marié à une princesse française, Marie de Guise, fait des ravages le long des frontières avec l'Angleterre, ce qui incite Henri VIII à reprendre les hostilités avec l'allié de l'Ecosse, la France. En 1542, les armées Henri VIII s'imposent devant les armées écossaises à Solway Moss. En 1543, Henri VIII déclare la guerre à la France, tentant une nouvelle fois de conclure une alliance avec l'empereur du Saint-Empire romain germanique et d'avoir la paix avec l'Ecosse (traité de Greenwich en 1543). Le traité d'Ardres, en juin 1546, mis fin à la guerre. L'Angleterre recevra de la part de la France une forte indemnité et conservera la ville française de Boulogne pendant huit ans. Ce fut la dernière guerre menée par Henri VIII contre la France. Thomas Wolsey, diplomate talentueux d'origines modestes, Lord-Chancelier (l'un des plus importants hauts fonctionnaires du royaume), gère en effet les affaires d'état et en particulier la politique étrangère du royaume, pour le compte du roi, jusqu'au moment où il tombe en disgrâce lors de la volonté de la part d'Henri VIII d'annuler son mariage avec Catherine d'Aragon. Pris en tenaille entre le Pape et Henri VIII, il sera démis de ses fonctions et privé de ses propriétés.
Le divorce d'avec Catherine d'Aragon et le schisme anglican - Henri VIII était, après les guerres civiles (la guerre des Deux-Roses), le premier monarque à n'avoir pas besoin de défendre sa couronne contre d'autres prétendants. Cependant, il redoute la reprise de guerres de succession car Catherine d'Aragon ne lui a pas encore donné d'héritier mâle. En 1522, il rencontre Anne Boleyn qui a tout pour plaire à Henri VIII. Il annonce son intention d'annuler le mariage en 1527. Charles Quint s'oppose à la rupture. Le pape, Clément VII, accepte néanmoins de confier à Thomas Wolsey et à Lorenzo Campeggio, légat du pape, la charge de trancher le cas dans un tribunal ecclésiastique anglais. Sous la pression de Charles Quint, Clément VII est obligé de réexaminer l'affaire à Rome. En 1529, Clément VII refuse l'annulation du mariage ; c'est alors que Thomas Wolsey tombe en disgrâce et est remplacé par Thomas More. La cour et le Conseil virent alors l'affrontement des catholiques conservateurs proches de Catherine d'Aragon, la tante de Charles Quint, et des réformateurs favorables à Anne Boleyn. De 1529 à 1531, Henri VIII s'efforce de gouverner sans Thomas More, qui est hostile à son projet de divorce. Il se tourne alors vers le Parlement pour obtenir l'annulation de son mariage. En 1532, Henri VIII obtient la soumission du clergé qui est forcé de reconnaître Henri VIII comme chef de l'Église d'Angleterre. Le schisme a alors lieu. En janvier 1533, Henri VIII épouse secrètement Anne Boleyn qui est déclaré reine après que Thomas Cranmer, l'archevêque de Canterbury, a déclaré nul le mariage d'Henri VIII avec Catherine d'Aragon. Un acte de succession confirme la déclaration de l'archevêque et établit les enfants d'Anne Boleyn comme héritiers du trône. Henri VIII est alors excommunié par le pape. Henri VIII impose à ses sujets l'Acte de suprématie qui déclarant le roi d'Angleterre chef de l'Église d'Angleterre. Le peuple anglais doit reconnaître sous serment cette suprématie et l'acte de succession. Fidèle à ses idées et à ses convictions, l'homme fort du royaume d'Angleterre, Thomas More, refuse de se soumettre. Il sera exécuté en juillet 1535.
Une vie conjugale mouvementée - Quelques semaines après sa montée sur le trône d'Angleterre, Henri VIII épouse Catherine d'Aragon qui lui donna une unique fille, Marie, qui deviendra Marie 1ère d'Angleterre. Comme nous l'avons vu, faute d'héritier mâle, Henri VIII demanda l'annulation du mariage en 1527 et répudia Catherine d'Aragon en 1532 ; elle mourut en 1536.
En 1522, Henri VIII vit pour la première fois Anne Boleyn lors d'un bal masqué où elle y a exécuté une danse. En 1525, Henri VIII commença à la courtiser. Il l'épousera en janvier 1533 ; elle sera faite reine d'Angleterre grâce à l'annulation du mariage avec Catherine d'Aragon par l'archevêque de Canterbury. En 1536, accusée d'adultère et d'inceste, semble-t-il à tord, Anne Boleyn, qui n'a donné qu'une fille, la future Elisabeth 1ère à Henri VIII, est exécutée.
Quelques jours après l'exécution d'Anne Boleyn, Henri VIII épouse Jeanne Seymour (le 30 mai 1536). En 1537, elle meurt deux jours après avoir donné au roi son premier fils légitime, le futur Edouard VI.
En 1540, Henri VIII épouse Anne de Clèves afin de lier l'Angleterre et les princes protestants d'Allemagne. Ayant rompu son alliance avec les protestants allemands, Henri VIII répudia Anne de Clèves six mois après leur mariage. Anne de Clèves continua néanmoins à poursuivre sa vie paisiblement. En mourut à Chelsea en 1557.
Henri VIII épousa le 28 juillet 1540 la nièce du duc de Norfolk, Catherine Howard, qui poussa le roi, alors chef de l'Église anglicane, à un rapprochement avec les catholiques. Accusée à son tour d'infidélité par Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury, elle fut condamnée à mort et exécutée le 13 février 1542 dans la tour de Londres.
En 1543, Henri VIII épouse sa sixième et dernière épouse, Catherine Parr. Le roi mourut le 28 janvier 1547, laissant veuve Catherine Parr, qui mourut l'année d'après.
Les six épouses d’Henri VIII :
- Catherine d'Aragon, née en 1485 et morte en 1536, répudiée en 1532 par Henri VIII,
- Anne Boleyn, née en 1507 et morte en 1536, exécutée pour adultère le 19 mai 1536,
- Jane Seymour, née en 1509 et morte en 1537 peu après la naissance du futur Edouard VI,
- Anne de Clèves, née en 1515 et morte en 1557, répudiée en juillet 1540,
- Catherine Howard, née en 1522 et morte en 1542, exécutée le 13 février 1542,
- Catherine Parr, née en 1512 et morte en 1548.
La vieillesse du roi - Le roi, vieilli, devenu obèse, ne se déplaçait plus qu'avec difficulté. Il ne pouvait plus mettre à profit ses capacités intellectuelles d'antan. Henri VIII, poursuivant sa politique religieuse, réprima durement la rébellion catholique d'avril 1441 et interdit aux classes modestes et aux femmes la lecture de la Bible en anglais. En novembre 1541, apprenant les infidélités de Catherine Howard, elle fût exécutée en février 1542. En 1543, il épousa Catherine Parr et confia l'éducation de ses enfants à des réformistes. Henri voulait absolument protéger l'unité du royaume.
Descendance - De ses six épouses, Henri VIII eut trois enfants légitimes :
- Marie, future Marie 1ère, fille de Catherine d'Aragon,
- Elisabeth, future Elisabeth 1ère, fille d'Anne Boleyn,
- Edouard, futur Edouard VI, fils de Jane Seymour.