Foulques Nerra (v. 970/72-1040)
Comte d’Anjou de 987 à 1040
Foulques III comte d’Anjou, mieux connu sous le nom de Foulques Nerra.
Foulques Nerra (Le Noir ou le Mauvais), naît vers 970-972, à Loches ou à Angers. Il est le fils de Geoffroy Grisegonelle et d’Adélaïde, fille d’Herbert de Vermandois. Sa mère meurt alors qu’il n’a que cinq ans. Cependant, il reçoit une bonne éducation selon les coutumes de l’époque. Le moine Gobert lui enseigne certainement les arts libéraux, ainsi que la lecture du latin, langue dans laquelle sont rédigées les chartes. À l’instar de ses ancêtres, il ne sait pas signer son nom et paraphe d’une croix. Cette éducation classique est complétée par la pratique de la cavalerie, l’apprentissage et l’acquisition du maniement des armes.
L’époux
En 987, il se marie à Élisabeth, fille de Bouchard le Vénérable, comte de Vendôme. Ils ont une fille, Adèle. Ensuite, il accuse sa femme d’adultère, crime punissable par le bûcher. Finalement, elle est déclarée « salva », c’est-à-dire innocente, sauvée. Toutefois, la malheureuse meurt brûlée vive dans des circonstances très mystérieuses. Pour certains, elle subit finalement le châtiment du feu, pour d’autres, elle meurt dans la tour dans laquelle elle est retenue prisonnière, lors de l’incendie qui ravage Angers, en l’an 1000.
Foulques Nerra se remarie très vite avec Hildegarde de Sundgau, mariage d’un grand intérêt politique, qui pourrait expliquer la mort suspecte de sa première épouse. Il n’a pas encore de descendance mâle et il veut absolument un fils. De cette deuxième union naissent quatre enfants : Adélaïde, Geoffroy (futur Geoffroy II Martel), Blanche et Hermengarde.
Le guerrier
Au temps de Foulques d’Anjou, nous sommes dans la France des fiefs et beaucoup de seigneurs cherchent à agrandir leur territoire en guerroyant contre leurs voisins. Le grand dessein de Foulques Nerra, tout au long de sa vie, est donc d’agrandir son comté et de conquérir la Touraine. C’est en construisant des forteresses, comme les donjons de Montrésor, Loches et Montrichard, qu’il assied son pouvoir dans cette province. Au total, il fait bâtir huit châteaux et douze enceintes autour des villes. Il mène maintes batailles sanglantes, dont celle de Pontlevoy, le 6 juillet 1016. Au soir de celle-ci, selon les sources, on dénombre 5 000 à 6 000 morts, soit l’une des batailles les plus meurtrières du Moyen-Âge. En 1025, Saumur subit à son tour les assauts du comte.
Le religieux
Foulques est un personnage haut en couleurs. D’un naturel violent, il rencontre vite des problèmes avec l’Église. Après la bataille de Tours, en 996, il course un religieux, entrant en arme et à cheval dans l’abbaye de Saint Martin, ce qui provoque la colère des autorités religieuses. Peu de temps après, il revient sur les lieux de ses méfaits et fait amende honorable, en se présentant pieds nus devant le crucifix et les saintes reliques.
Foulques Nerra s’est régulièrement montré cruel et violent, mais il n’en reste pas moins terrifié par l’idée de se retrouver en enfer. Pour s’assurer la clémence du Divin, il construit plusieurs abbayes : à Beaulieu-lès-Loches, à Angers (Le Ronceray et Saint-Nicolas) et beaucoup d’autres.
Le pèlerin
La meilleure des pénitences reste le pèlerinage à Jérusalem. Au total, il en effectuerait quatre, l’un d’eux restant sujet à caution. Il s’agit d’un exploit pour l’époque, de faire plusieurs fois le chemin vers la Terre sainte et d’en revenir en vie. Ces voyages successifs à Jérusalem lui valent un nouveau surnom : le Jérosolomitain.
C’est à l’issue de l’un de ses pèlerinages qu’il apporte à l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches un morceau du Saint Sépulcre et de la vraie Croix. La légende dit que la pierre du tombeau s’attendrit au contact de ses lèvres. Il put ainsi en « croquer » un morceau avec ses dents, pour le ramener en occident.
Le dernier voyage
Foulques Nerra a presque 70 ans quand il entreprend son dernier pèlerinage, un âge très honorable car l’espérance de vie ne dépasse guère 25 ans à cette période.
Sur place, il s’inflige de terribles pénitences et mortifications, car il est plus que jamais obsédé par la peur de l’Enfer. Il reste à Jérusalem plusieurs mois : il est épuisé.
Au retour de ce voyage, il fait un détour par Metz, mais la raison reste inconnue. C’est dans cette ville qu’il meurt, le 21 juin 1040. Sa dernière volonté était d’être inhumé en l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches. Pour assurer le transport de sa dépouille, on le débarrasse des viscères qui sont enterrés sur place et son corps est embaumé. Le cortège rejoint la Touraine en grande pompe. Le corps est exposé à Loches où la population peut lui rendre un dernier hommage, avant l’inhumation dans sa belle abbaye. Un magnifique monument vient orner la sépulture, mais il connaît les affres de la Révolution française.
Dans l’abbatiale de Beaulieu-lès-Loches, on repère aujourd’hui un sarcophage de pierre qui pourrait être le sien, mais rien n’est moins sûr. Ainsi s’achève l’histoire de celui que l’on disait « craint de Dieu et redouté du Diable », alors que commence la légende.
Source : Isabelle Chiraud. Les amis du Pays Lochois : www.amispayslochois.fr