Françoise de Foix (1495-1537)

Fille de Phœbus de Foix, et sœur du fameux Lautrec et du maréchal de Foix, mariée à quatorze ans à Jean de Laval, seigneur de Châteaubriant, la belle Françoise de Foix ne saura, malgré sa vertu et sa sagesse, et comme bien des sujettes de Sa Royale Majesté, résister au charme de François 1er. Pendant dix ans, de 1518 à 1528, elle sera la favorite en titre. Avant d'être délaissée pour la jeune Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes.

En 1505, Françoise de Foix a à peine onze ans. Jean de Laval, seigneur de Châteaubriant, lui, en a dix neuf. Alors qu'il assiste, avec la reine Anne de Bretagne et sa suite à une messe célébrée dans la petite église de Morlaix, le jeune gentilhomme tombe amoureux de la femme-enfant. L'année suivante, Françoise met au monde leur enfant. Pendant dix ans, le couple, qui s'est marié en 1508 (la jeune épouse n'a encore que quatorze ans), va connaître un bonheur sans nuage.
En 1515, François 1er, qui a entendu louer la grande beauté de la comtesse de Châteaubriant, convie le couple à lui rendre visite en son château de Blois. Mais Jean de Laval, méfiant, répond seul à l'appel du roi, intimant l'ordre à Françoise de demeurer sur leurs terres. Mais le souverain, grand séducteur qui raffole de la douce gent féminine, tient à juger par lui-même des charmes de la dame. C'est par la ruse qu'il finit par la faire venir à la Cour. Immédiatement, François 1er est sous son charme. Françoise est d'une beauté éclatante, grande, brune, gracieuse et altière. C'est aussi une femme pleine d'esprit et d'intelligence. Mais il va falloir trois années au roi pour conquérir son coeur, tant elle affiche de fidélité et de droiture. Pour éloigner le mari gênant, François 1er lui confie le commandement d'une compagnie d'ordonnance royale. Puis, pour s'attacher la jeune femme, il offre à son frère aîné, Odet de Foix, le commandement militaire du Milanais. Il n'oublie pas ses deux cadets, Thomas et André, auxquels il octroie de généreuses gratifications. Les coudées enfin franches, François peut tout à loisir courtiser sa belle, lui écrire des vers chantant son bel amour.

La liaison entre le roi et Françoise de Foix va durer dix ans, de 1518 à 1528. Marié à Claude de France, la fille de feu Louis XII, et bien que Françoise soit favorite en titre, le souverain, aussi séducteur que séduisant, continue néanmoins à entretenir de multiples autres liaisons. Mais, occupant toujours la première place, la comtesse de Châteaubriant est de tous les voyages, de toutes les fêtes. Elle prend activement part aux grands événements qui rythment aussi bien la vie de la Cour que celle du royaume. Ainsi, on la voit participer, au côté de Claude de France, à l'entrevue du camp du Drap d'or, en 1520.
Mais Françoise n'a pas que des alliés à la Cour. Louise de Savoie, la très possessive et ambitieuse mère de François 1er, a juré sa perte. A cette fin, en 1522, celle-ci détourne l'argent que son fils adresse au vicomte de Lautrec pour payer ses soldats et tenir le Milanais. Furieux de ne plus recevoir leur solde, les hommes du vicomte désertent en masse, contribuant ainsi au fiasco dans lequel se termine la campagne d'Italie, sept ans après l'éclatante victoire de Marignan. Cependant, la manoeuvre ne réussit pas à mettre un terme à l'idylle du roi et de sa belle, qui filent toujours le parfait amour. Pour la Cour, comme pour l'Europe tout entière, Françoise demeure la favorite du roi de France.

Elle le reste en fait jusqu'en 1528, date à laquelle François 1er fait installer à Fontainebleau, avec tous les honneurs, la jeune Anne de Pisseleu, qu'il présente à la Cour comme sa nouvelle favorite. La guerre qui s'engage entre les deux maîtresses va durer plusieurs mois. Finalement, dépitée, Françoise décide de quitter la Cour et de rentrer auprès de son mari. Après la mort de sa mère, en 1531, François 1er nomme Jean de Laval gouverneur de Bretagne. L'année suivante, il offre à son ancienne maîtresse le revenu d'une seigneurie près de Blois. À cette occasion, il rend visite aux époux dans leur manoir de Châteaubriant, accompagné d'une suite de plus de 15 000 personnes. il fait organiser pendant plus d'un mois de gigantesques fêtes. Françoise croit, naïvement, au bonheur retrouvé. Mais, les réjouissances terminées, François 1er la quitte, définitivement, pour rejoindre Anne de Pisseleu. Les deux amants ne se reverront plus. Le 16 octobre 1537, la nouvelle de la mort de Françoise de Châteaubriant émeut toute la Cour. La comtesse aurait, dit-on, succombé aux mauvais traitements infligés par un mari bafoué, qui avait pris sur lui d'être si "conciliant" pendant tant d'années. À moins qu'elle ne soit morte pour l'amour du roi...

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