Isabelle de France (1295 -1358)
Reine d'Angleterre de 1308 à 1327 puis Régente jusq'en 1330
Fille de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Navarre , elle est la sœur de trois rois de France, femme et mère de deux rois d’Angleterre
Elle est mariée 21 janvier 1308 à Édouard II roi d’Angleterre après de longues négociations comme le prévoyait le traité de paix franco-anglais signé en juin 1299, à Montreuil sur Mer. De tous les enfants de Philippe le Bel, elle est celle qui ressemble le plus à son père, qui a hérité de sa beauté froide et altière, de son âme inflexible, de son orgueil. Seule survivante des filles nées de son mariage avec la reine Jeanne de Navarre, elle est aussi l’enfant préféré du roi. Quand le roi Édouard II d’Angleterre et sa suite débarquent à Boulogne sur Mer, le 20 janvier, ils sont accueillis avec courtoisie, et conduits au palais des comtes de Boulogne, lieu de leur séjour. Peu après, l’Anglais s’agenouille devant Philippe le Bel, son suzerain pour le duché de Guyenne, et lui prête hommage sans aucune restriction.
Les noces sont célébrées le lendemain à Notre Dame de Boulogne. Du côté français, la présence de maintes personnalités souligne l’immense influence de la monarchie capétienne en Occident, près de neufs souverains assisteront à l’évènement.
Pour l’occasion, le roi a offert à sa fille des couronnes et des parures magnifiques, des bijoux et des vêtements de prix, de la vaisselle précieuse, des vases sacrés pour sa chapelle. Les tables des cérémonies sont garnies des nappes les plus fines, des mets les plus délicats, des vins les plus fins. Mais Sa Majesté est toujours cruellement à court d’argent ! Si bien qu’elle a requis l’aide féodale, un impôt spécial qui a été levé avec bien des difficultés et a suscité bien des protestations.
Edouard II se présente à l'opposé du rude et respecté soldat qu’était Edouard Ier. Le règne d'Edouard II est celui des ''favoris'' : Gaveston et Despencer, dont l’insolence humilie et harcèle la jeune reine... Cependant, quatre ans après leur mariage Isabelle met au monde le futur roi d’Angleterre Edouard III, puis Jean d’Eltham en 1316, Eléonor en 1318 et enfin Jeanne en 1321.
Les deux époux ne se supportent plus. Isabelle qui a hérité du caractère de son père est une femme ambitieuse et énergique, elle saute donc sur l’occasion quand Edouard II lui demande de retourner en France pour négocier les termes d’un traité de paix à propos de la Guyenne avec le roi de France, qui est alors le frère d’Isabelle : Charles IV.
Heureuse de retourner dans son pays et de revoir sa famille, elle débarque en France en mars 1325.
Le 31 mai 1325, Isabelle consent à un traité de paix favorable à la France, qui requiert qu'Édouard, duc d'Aquitaine, vienne rendre hommage au roi Charles IV, en France. Mais Édouard II d'Angleterre envoie son fils le prince de Galles à sa place. Cette décision se révèle être une erreur stratégique monumentale, qui aide à précipiter la chute d'Édouard et des Despenser : en effet, la reine, désormais en possession de son fils le prince héritier futur Édouard III d'Angleterre, peut déclarer qu'elle ne reviendra pas en Angleterre.
Au même moment elle entretient une liaison avec Roger Mortimer, prisonnier d’Edouard II il s’était enfui d’Angleterre et trouvé refuge en France. Isabelle a l’art de la politique et réussit à convaincre avec audace les barons à se révolter contre Edouard II. Avec l’aide de son amant elle lève une armée en Flandre, et en septembre 1326, ils débarquent en Angleterre avec la ferme intention de renverser le pouvoir des Despenser... Le roi reste impuissant d'autant que ses vassaux refusent de combattre la reine Isabelle et Mortimer. Trahi par tout son entourage le roi dépose les armes, il est enfermé dans la forteresse de Kenilworth. Isabelle prend ainsi sa revanche sur le favori de son mari Hugues le Despenser qui est exécuté ainsi que son père.
Finalement, Isabelle dépose Édouard, et devient régente au nom de son fils, le futur Édouard III.
Edouard II est semble-t-il assassiné par ses geôliers (peut-être commandité par Isabelle ?) dans la nuit du 11 octobre 1327.
Le règne d’Isabelle en tant que régente ne dure que quatre ans : en partie à cause des dépenses excessives de la régente, en partie à cause de sa façon, efficace mais impopulaire, de résoudre les problèmes récurrents comme la situation en Écosse.
En 1330, Édouard III dépose Mortimer à son tour, reprend son pouvoir et fait exécuter l’amant de sa mère. La reine n'est pas poursuivie, elle vit entourée de beaucoup de considération, mais loin de la cour d'Angleterre, jusqu’à sa mort le 22 ou 23 aout 1358 au château de Rising dans le Norfolk. Son corps est envoyé à Londres pour ses funérailles en l'église franciscaine de Newgate, célébrées le 27 novembre suivant par l'archevêque de Cantorbéry Simon Islip. Isabelle a demandé à être enterrée dans sa robe de noces — elle avait douze ans à ce moment-là ! —, et le cœur d'Édouard II, enfermé depuis trente ans dans un coffret, à ses côtés, dans le cercueil. Sa tombe d'albâtre a disparu lorsque le prieuré est devenu une église paroissienne en 1550.
Au fil du temps, Isabelle devint une figure de « femme fatale » dans la littérature, habituellement représentée comme une femme belle, habile diplomatique et intelligente mais cruelle et manipulatrice. Contrairement à une idée largement répandue, elle n'a jamais été surnommée la « Louve de France » par ses contemporains — cette épithète est utilisée pour la première fois par William Shakespeare au sujet de Marguerite d'Anjou, et appliquée plus tard à Isabelle au XVIIIe siècle.
C’est d’elle qu’Édouard III et ses successeurs tenaient leurs droits au trône de France.