Murat, Joachim (1767-1815)
Le sabre de Bonaparte, Maréchal d'Empire, Roi de Naples
Le futur prince Murat, grand-duc de Berg et roi de Naples naît le 25 mars 1767 à la Bastide-Fortunière, un village du Quercy, d'un père aubergiste qui le destine d'abord à la carrière ecclésiastique.
Renvoyé du séminaire pour mauvaise conduite, Joachim Murat s'engage début 1787 dans un régiment de chasseurs à cheval qu'il doit quitter au bout de deux ans. Le voici commis d'épicerie. A force de sollicitations auprès des hommes politiques de son département, il obtient en 1791 sa réintégration et travaille dès lors activement à son avancement, comme il l'écrit à son frère.
Pour lui, cela signifie manifester des opinions violemment républicaines, dénoncer ses camarades moins exaltés, transformer à l'occasion son nom en Marat.
Maréchal des logis en mai 1792, lieutenant en octobre, capitaine en avril 1793, chef d'escadron le 1er mai, son ascension, un moment ralentie par la chute de Maximilien Robespierre, reprend après le 13-Vendémiaire. Ce jour-là, il s'acquitte efficacement de la mission que lui confie Napoléon Bonaparte d'amener à Paris les canons nécessaires à la répression et pose ainsi les fondations de sa future carrière. Il est d'abord promu chef de brigade puis choisi comme premier aide de camp par le nouveau général de l'armée d'Italie (février 1796).
Très vite, à Dego puis à Mondovi, Joachim Murat se signale par sa bravoure sur les champs de bataille. Il y gagne le grade de général.
En 1799, peut-être en partie pour l'éloigner de sa soeur Caroline et malgré les tentatives de Murat pour se soustraire à cette obligation, Napoléon Bonaparte l'emmène avec lui en Égypte. Murat s'y distingue surtout au cours de l'expédition de Syrie et est nommé général de division sur le champ de bataille d'Aboukir. Il y reçoit aussi une blessure. Une balle lui traverse les deux joues. Par chance, la langue n'est pas atteinte : il avait la bouche ouverte à ce moment-là. C'est la première fois qu'il l'a ouverte à propos, commente son chef.
Peu après, il rentre en France avec Napoléon Bonaparte et prend une part importante au coup d'État. Il est alors nommé commandant de la garde consulaire et finit par obtenir la main de la soeur du Premier consul en janvier 1800. Le mariage est célébré au château de Mortefontaine.
Il se distingue encore à Marengo, où il reçoit un sabre d'honneur pour son courage, avant d'être chargé de poursuivre les Napolitains jusque dans leur royaume. Après avoir signé un armistice avec leur roi, il commande en chef les troupes d'occupation qui s'y établissent.
Revenu en France, il devient gouverneur de Paris et doit, à ce titre, désigner la commission militaire chargée de juger le duc d'Enghien.
L'avènement de l'Empire se traduit pour lui par une pluie d'honneurs. Il est nommé maréchal, grand-amiral et prince.
En 1805, malgré une campagne d'Allemagne globalement brillante (il est le premier à entrer à Vienne), Murat encourt à plusieurs reprises le mécontentement de Napoléon 1er pour sa légèreté et ses fautes stratégiques. Ce qui ne l'empêche pas de recevoir le titre de grand-duc de Berg et de Clèves.
Il participe ensuite aux campagnes de Prusse en 1806 puis de Pologne en 1807 et sa charge à Eylau reste son plus grand titre de gloire.
Il est présent à Tilsit, où Napoléon 1er l'exhibe comme une sorte de curiosité auprès des souverains étrangers.
En 1808, Murat est d'abord chargé de mettre au pas les Espagnols en tant que lieutenant général de l'Empereur. La dureté avec laquelle il réprime l'insurrection du 2 mai lui vaut les félicitations de son maître et il espère un moment obtenir la couronne d'Espagne. Mais Napoléon 1er choisit de la donner à son frère Joseph. En compensation, le 15 juillet, Murat obtient celle de Naples, devenue vacante.
Il consacre les années suivantes à son royaume et parvient à s'y rendre populaire.
Mais en 1812, il doit suivre Napoléon 1er dans la campagne de Russie. Il y joue un rôle de premier plan, entrant le premier dans Moscou, recevant de Napoléon le commandement en chef lorsque l'Empereur quitte l'armée. Il abandonne cependant son poste en janvier 1813, malgré des ordres exprès, pour rentrer à Naples et tenter de négocier, pour son propre compte, avec l'Angleterre et l'Autriche.
Il rejoint à nouveau son beau-frère à l'ouverture de la campagne d'Allemagne, mais le quitte derechef après la bataille de Leipzig pour retourner en Italie. Cette fois, la police française reçoit l'ordre de l'arrêter et de l'interner.
En janvier 1814, il s'allie à l'Autriche et accepte de fournir 30 000 hommes aux alliés. Mais Louis XVIII, aussitôt installé au pouvoir, refuse de le reconnaître pour roi de Naples et annonce son intention d'envoyer une armée le chasser de son trône.
Murat se rallie donc à nouveau à Napoléon 1er lors des Cent-Jours et appelle toute l'Italie à se lever pour son indépendance. Mais il est battu à Tolentino en mai 1815 et doit se réfugier en France où l'accès de Paris lui reste interdit.
Après Waterloo, il se laisse convaincre par des agents provocateurs de tenter une descente en Calabre, croyant devoir y être accueilli en triomphateur par ses partisans. Mais ce sont des gendarmes qui l'attendent à son débarquement, le 13 octobre 1815. Une commission militaire, aussitôt constituée, le condamne à mort. Il est exécuté dans la demi-heure qui suit.
Joachim Murat est inhumé dans une fosse commune du cimetière de l'Eglise San Giorgio à Pizzo, en Calabre. Un cénotaphe à son nom se trouve à Paris, au cimetière du Père Lachaise.
Source : napoleon-empire.net/