Alphonse de Lamartine (1790-1869)

Poète et homme politique français

Alphonse de Lamartine, par le Baron Gerard (1831)Né à Mâcon, le 21 octobre 1790,  Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine est issu d’une famille noble, aisée et cultivée. Son père, Pierre de Lamartine, est seigneur et capitaine de cavalerie ; sa mère, Alix des Roys, est fille de l’intendant général du duc d’Orléans, Philippe-Égalité.

Inspiré par le romantisme et sa foi catholique, mystique et grand lecteur de Chateaubriand, Alphonse de Lamartine trouve dès ses vingt ans les deux passions qui vont animer sa vie : la poésie et la politique. Il écrit en effet ses premiers poèmes en 1811 et devient maire du village de son enfance (Milly, près de Mâcon) l’année suivante.

Légitimiste, il fuit les Cent-Jours et, à la fin de l’Empire, s’installe sur ses terres, partageant sa vie entre son art, dont le succès va grandissant, et les missions diplomatiques que lui confie le roi Louis XVIII en Italie (séjours qui lui inspireront notamment Graziella) et en Grande-Bretagne.

Élu à l’Académie française en 1829, rallié à la monarchie de Juillet, il devient député en 1833 et poursuit une carrière diplomatique en Orient, dont il tirera son Voyage en Orient. Il se lie d’amitié avec les grands noms de la littérature de son époque : Balzac, Hugo, Vigny...

Il épouse une Aristocrate anglaise, Mary-Ann Birch. Elle vivra à ses côtés, au château de Saint-Point, où sont conservés les peintures qu’elle a réalisées ainsi que ses souvenirs personnels, évoquant sa présence.

Ses préoccupations sociales l’éloignent peu à peu de Louis-Philippe, notamment depuis l’arrivée au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères de François Guizot, véritable chef de file des conservateurs. Se retirant de la carrière diplomatique, il se concentre sur son entreprise de réhabilitation de la Révolution à travers l’écriture de son Histoire des Girondins, où il prône la relecture de l’action des Républicains modérés, esprit dont il se sent proche.

Membre du Gouvernement provisoire lors de la chute de Louis-Philippe en 1848, puis ministre des Affaires étrangères, il se fait remarquer par ses discours enflammés qui contribuent notamment à l’abandon de l’idée d’instituer un drapeau national rouge à la place du drapeau tricolore. Le gouvernement provisoire de la iie republiqueMais il n’est pas pour autant capable de faire oublier ses liens avec les précédents régimes qu’il vient de renier : candidat sans étiquette à la présidence de la République, il n’arrive que cinquième, battu par le flamboyant Louis-Napoléon Bonaparte et derrière Eugène Cavaignac (le plus proche de Lamartine sur le plan des idées), Alexandre Ledru-Rollin et François-Vincent Raspail (ces deux derniers étant nettement plus à gauche).
Alexis de Tocqueville estime qu’il "est un penseur et un homme d’action incohérent et inconsistant », tandis que Flaubert, assassin, le qualifie d’« esprit eunuque"..

Sa carrière politique désormais derrière lui : ses amis l’ont abandonné et il n’a pas su trouver une nouvelle place dans le paysage que le Prince-Président s’apprête à complètement renouveler. Il voit le Second Empire s’installer de loin, depuis son domaine de Milly. Ses soucis d’argent et de santé le poussent à écrire de manière continue, pour éponger ses dettes. Se faisant plus historien que romancier, il écrit notamment sur son expérience politique et sur 1848, ou encore produit un cours de littérature publié par souscription. Mais le succès est de moins en moins au rendez-vous, seule la ruine est là. Ayant vendu toutes ses terres, il est logé grâce à la pension d’une demi-million versée par le gouvernement de Napoléon III. S’il est redevable au souverain, il ne peut s’empêcher de l’égratigner en faisant paraître la même année que lui (1865) une vision de la Vie de César, figure que revendique Napoléon III comme modèle, là où Lamartine l’utilise pour montrer les limites de l’autocratie. C’est là sa dernière prise de position publique dans le domaine politique.

Lorsqu’il meurt le 28 février 1869, son éloge n’est pas prononcé par son successeur au fauteuil d’académicien, Émile Ollivier, futur ministre de Napoléon III, et qui aura pourtant été son protégé en politique. Sa famille refusera la proposition impériale de lui organiser des funérailles nationales.

Source : Fondation Napoléon - texte de Marie de Bruchard, février 2019

 

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