Sully (Maximilien de Béthune, duc de ) (1560-1641)

Ministre du roi Henri IV de France

Duc de Sully, Maximilien de Béthune, (portrait gravé par Jean Baptiste Scotin)Sully (Maximilien de Béthune, baron de Rosny, duc de), né à Rosny près Mantes en 1559, mort à Villebon (Eure-et-Loir) en 1641, descendait de l'antique famille flamande des Béthune, qui remonte au moins au XIeme siècle.

Maximilien, le cadet des enfants était le favori de son père (François n'eut pas d'enfants de son remariage avec Marguerite de Souvigny; sa fille Jacqueline épousa Elie de Gontaud), qui le fit instruire par La Durandière, et le présenta à Henri de Navarre lorsque ce prince passa par Vendôme.

Henri l'emmena à Paris, où il suivit les leçons du collège de Bourgogne. Il échappa au massacre de la Saint-Barthélémy grâce à sa présence d'esprit : il se rendit à son collège avec un gros livre d'heures sous le bras. Henri le prit ensuite avec lui et lui fit enseigner les mathématiques et l'histoire par Chrétien. En 1576, Maximilien accompagna Henri de Navarre en Touraine et servit dans son armée comme volontaire, puis comme enseigne de Lavardin; si l'on en croit ses propres récits, il se serait couvert de gloire à La Réole (1577), à Villefranche, Eauze, Mirande, Cahors, Marmande.

Dans l'espoir de recouvrer les biens que les Béthune avaient possédé en Flandre, il abandonna son premier maître pour suivre le duc d'Anjou. Sauvé du massacre d'Anvers par le prince d'Orange, il rejoignit en Guyenne Henri de Navarre. Henri le nomma chambellan et conseiller d'État de Navarre et l'envoya prévenir Henri III des offres qu'il avait reçues d'Espagne. C'est alors que Maximilien épouse Anne de Courtenay, qui lui apporte une solide fortune. Il grossit encore cette fortune en faisant, tout noble qu'il était, des spéculations sur les chevaux il les achetait en Allemagne pour les revendre avec bénéfice en Gascogne.

En 1583 nous le retrouvons avec Navarre à Bergerac; il se signale en Poitou, puis à Arques, à Ivry, à Rouen, à Dreux, à Laon, à La Fère; il montre non seulement du courage. mais un vrai talent d'ingénieur. Après l'avènement de Henri IV, il devient son confident préféré. Il lui conseilla de se convertir au catholicisme, mais refusa toujours d'en faire autant (le roi lui offrit en vain l'épée de connétable et, pour son fils, une de ses filles naturelles), sans qu'on puisse dire qu'il ait représenté à la cour le parti huguenot. Il ne prit part à aucune assemblée avant 1605, où il parut comme gouverneur du Poitou.

En 1608, à Gergeau, il soutint même vivement la cour contre ses coreligionnaires. Il entendait très bien ses intérêts personnels, et se fit couvrir d'honneurs; secrétaire d'État en 1594, conseiller au conseil des finances en 1596, grand voyer en 1597, surintendant des finances et grand maître de l'artillerie en 1599; en 1602, marquis, conseiller d'honneur au Parlement, gouverneur de la Bastille, surintendant des fortifications, voyer de Paris, gouverneur du Poitou en 1603. En 1606, Henri IV érigea la terre de Sully (Loiret) en duché-pairie, et dès lors Maximilien de Béthune devint Sully. Sully rendit d'ailleurs à Henri IV de très grands services. Il l'accompagna en Savoie et eut sa part personnelle dans la prise de Charbonnières (1600) et de Montmélian (1601).

En 1602, il négocia la paix de Savoie, en 1603, il fut envoyé en ambassade auprès de Jacques 1er, et s'acquitta de cette mission avec succès. Aveuglément dévoué au roi, il ne reculait, pour le servir (par exemple pour empêcher le mariage de Catherine de Navarre avec le comte de Soissons), ni devant le mensonge, ni devant l'abus de confiance. Mais il savait, quand il y allait de la grandeur de son maître, lui résister, braver sa colère et lui parler rudement. Il s'opposa aux prodigalités auxquelles l'entraînaient ses maîtresses, les duchesses de Beaufort et de Verneuil; il l'empêcha d'épouser Gabrielle, il travailla au mariage de Marie de Médicis. Une réelle intimité s'était établie entre le roi et son ministre, qui logeait à la Bastille ou à l'Arsenal. Il y avait eu entre eux un refroidissement dû à des intrigues de cour, mais que suivit une complète réconciliation. C'est en lui rendant visite à l'Arsenal que le roi fut tué.

A la mort du roi, il crut d'abord prudent de se retirer à la Bastille. Le lendemain, au Louvre, la reine Marie de Médicis ne lui ménagea pas les flatteries; mais, le 26 juillet 1614, elle lui demanda sa démission de surintendant et de gouverneur de la Bastille. Il retira de ses charges 760  000 livres, plus 240 000 pour trois abbayes, plus une pension de 48 000 livres. Ce n'était pas un désintéressé. Sully n'avait encore que cinquante-deux ans. Il se rapprocha du parti huguenot et, soutenu par son gendre Rohan contre Bouillon, prit à Saumur la tête de l'opposition. Présent en 1612 au synode de Privas, il fut représenté à l'assemblée de Grenoble en 1615. Il avait déconseillé aux protestants d'accepter l'alliance de Condé; après des hésitations, il ouvrit à ce prince les portes de ses places. Il prit une part active aux négociations de Loudun, et se démit ensuite de son gouvernement du Poitou en faveur de Rohan. II se rapproche alors de la régente, qui cherchait à se concilier les hommes de Henri IV; il désavoue, ainsi que son fils, les entreprises de La Rochelle (1621); il intervient à Montauban pour amener les habitants à se soumettre à Louis XIII. Cette docilité ne le mit pas à l'abri des rigueurs. Arrêté à Moulins en 1622, il paya sa liberté de a forteresse de Capdenac. Il se retira à Villebon et dès lors on le vit très rarement à la cour. Cependant Richelieu lui fit donner, en échange de la grande-maîtrise de l'artillerie, le bâton de maréchal (1634). Il vivait dans sa retraite au milieu d'une étiquette sévère, empreinte d'une gravité un peu théâtrale. Le ministre et l'ami de Henri IV mourut très oublié le 22 décembre 1641.

Toute sa vie, il assura une gestion financière sévère et rigoureuse, qui permit de renflouer les caisses de l'État, abaissa la taille, stimula les exportations et la circulation des marchandises (suppression de nombreux péages) et améliora pour cela les voies de communication (on lui doit notamment le canal de Briare).
Privilégiant avant tout le développement de l'agriculture, il énonça le célèbre adage selon lequel :

"labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée,  les vraies mines et trésors du Pérou."

Il sut également exercer de très grandes compétences comme grand maître de l'artillerie et comme surintendant des Fortifications (1599).

De son mariage avec Anne de Courtenay (décèdée en 1589), il eut Maximilien Il (1587-1634), marquis de Rosny, jeune débauché qui épousa la petite-fille de Lesdiguières, et laissa un .fils, tige des ducs de Sully. En 1592 il avait épousé Rachel de Cochefilet qui lui donna neuf enfants (six meurent en bas âge.) dont Marguerite, qui épousa en 1602 Henri de Rohan, Louise, mariée en 1620 à Alexandre Lévisde Mirepoix, et François de Béthune, comte d'Orval. Sa femme lui fit élever une statue à Nogent-le-Rotrou.

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