IIème République
Régime politique de la France de février 1848 à décembre 1852
La Deuxième République, ou Seconde République, est le régime républicain de la France du 24 février 1848 , date de la proclamation provisoire de la République à Paris, jusqu'à la proclamation de Louis-Napoléon Bonaparte comme empereur le 2 décembre 1852 .
Le 24 février 1848 c'est l'avènement de la IIe République. Son existence fut de courte durée mais elle apporta des droits nouveaux aux citoyens, un vent de liberté, des progrès dans le domaine social.
Après trois jours d'insurrection le roi Louis-Philippe (18 années de règne), lâché par la Garde nationale qui fraternise avec les insurgés, abdique le 24 février 1848 en faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Mais il est trop tard: la dynastie est balayée par la révolution. Le roi, qui n'a pas perçu l'aspiration du peuple à une réforme du pays, prend le jour même hâtivement le chemin de l'exil (Londres).
C'est l'interdiction d'un banquet républicain à Paris le 22 février qui conduit à la révolte populaire et à la Seconde République. Il s'agit d'un repas public et politique (discours). Ces banquets sont le moyen de contourner l'interdiction des réunions politiques et permettent d'échanger, de propager des idées libérales (réformes électorales et parlementaires). De juillet 1847 à février 1848, soixante-dix banquets se tiennent en France.
La Constitution de la Seconde République est promulguée le 4 novembre 1848. Elle instaure un régime républicain représentatif. Le Parlement est constitué d'une seule chambre, 750 membres siègent à l'Assemblée nationale permanente. Quant au pouvoir exécutif il est composé du Président de la République et des ministres.
Le 25 février 1848 le droit au travail est proclamé par le gouvernement provisoire -il ne sera pas retenu dans la Constitution. Cette idée est portée par Louis Blanc, théoricien du socialisme. Aussi afin de fournir un travail aux ouvriers chômeurs parisiens des "ateliers nationaux" sont créés deux jours plus tard: en échange d'un petit revenu ils font des travaux de terrassement ou de voirie.
Le 27 avril 1848 l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises est décrétée, sans période transitoire. C'est Victor Schoelcher, sous-secrétaire d'États aux Colonies, qui mène les négociations en mars-avril. Cet acquis de la IIe République est l'aboutissement d'un combat mené depuis un siècle par les abolitionnistes.
C'est sous la Seconde République que "Liberté, Égalité, Fraternité" (hérité de la Révolution Française) devient la devise officielle de la République. La Fraternité est énoncée comme un principe de la République française (démocratique, une et indivisible) dans le Préambule de la Constitution.
Un gouvernement provisoire est formé à l'initiative de députés républicains (Ledru-Rollin, Lamartine, Dupont de l'Eure) le 24 février 1848. Il s'installe à l'Hôtel de ville où il est complété le soir même par d'autres personnes dont François Arago, Adolphe Crémieux (avocat), et un ouvrier mécanicien, Albert imposé par les insurgés. Ces onze membres (dont sept sont ministres) sont issus d'origines sociales diverses et appartiennent à des courants différents (modérés, radicaux, socialistes). Cette hétérogénéité complique parfois les discussions et négociations. Le gouvernement, qui est à l'œuvre du 24 février au 9 mai 1848, prend de nombreuses mesures importantes dès les premières semaines.
Le 22 juin 1848 les députés nouvellement élus suppriment les ateliers nationaux, qu'ils jugent coûteux -plus de 100.000 inscrits et pas assez de chantiers pour répondre à la demande. Et surtout dangereux: ils appréhendent une agitation ouvrière, en raison de la concentration et de la propagation d'idées subversives. Mais cette décision provoque précisément une insurrection populaire du 23 au 26 juin: les barricades fleurissent de nouveau à Paris, les combats sont violents et meurtriers. Elle est matée en trois jours -les insurgés sont fusillés, prisonniers et parfois déportés- mais cette répression sanglante coupe la République des ouvriers, qui se sentent trahis.
C'est l'homme de lettres Alphonse de Lamartine qui proclame la République à l'Hôtel de ville le 24 février au soir -elle l'est solennellement le 4 mai par l'Assemblée. Membre influent du gouvernement provisoire il est également ministre des Affaires étrangères. En avril 1848 il est élu triomphalement député à l'Assemblée nationale constituante. Et participe activement aux débats consacrés à l'organisation et au fonctionnement de la Seconde République: la Constitution comprend une grande partie de ses idées.
Trois jours après la proclamation de la République, le 27 février, le gouvernement provisoire prend une mesure très symbolique: il abolit par décret la peine de mort en matière politique, qui n'est plus en vigueur depuis des années. Cette suppression est un moyen d'exorciser le spectre de la Terreur. Elle est retenue dans la Constitution de 1848 (article 5 du chapitre II).
La Seconde République instaure un régime présidentiel. Le Président est élu à la majorité relative pour un mandat de quatre ans. Et n'est rééligible qu'après un intervalle de quatre années. Il nomme les ministres, est responsable des actes du gouvernement, dispose de la force armée mais ne la commande pas, négocie et ratifie les traités. Le 10 décembre 1848 Louis-Napoléon Bonaparte (qui bénéficie de la notoriété de son oncle Napoléon Ier et du discrédit de l'Assemblée conservatrice) est largement élu président avec 74% des suffrages exprimés.
En vue de la constitution d'un gouvernement définitif et de la mise en place des institutions, un décret du 5 mars 1848 prévoit la tenue de l'élection de l'Assemblée constituante pour avril. Et pour la première fois le vote n'est pas soumis à des conditions de revenu (cens): le suffrage est universel et direct. C'est l'un des apports essentiels de cette IIe République. Mais il concerne uniquement les hommes âgés d'au moins 21 ans.
La jeune République est vaincue par Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. Ne parvenant pas à faire modifier la Constitution pour pouvoir briguer un second mandat, il fait un coup d'État: arrestation des opposants politiques (monarchistes et républicains), dissolution de l'Assemblée. La IIe République n'est plus.
Source : Le Figaro, article de Véronique Laroche-Signorile, publié le 23 février 2018