Régence de Marie de Médicis
Reine de France de 1600 à 1610, puis Régente de 1610 à 1614
A la mort d'Henri IV, le 14 mai 1610, le royaume, suivant l'expression de Sully, "tombe en d'étranges mains".
Le jeune roi Louis XIII n'a que neuf ans et la reine mère Marie de Médicis se fait dès le 15 mai confirmer dans le rôle de régente par le Parlement.
"Le roi séant en son lit de justice, par l'avis des princes de son sang, autres princes, prélats, ducs et pairs et officiers de sa Couronne (...) a déclaré et déclare la reine sa mère régente en France, pour avoir soin de l'éducation et nourriture de sa personne et l'administration des affaires de son royaume pendant son bas âge", proclame le Chancelier Sillery. Par la "volonté" du nouveau roi, Marie de Médicis a pleine et entière autorité sur le Gouvernement.
Fille du grand-duc de Toscane François 1er et de l'archiduchesse Jeanne d'Autriche, Marie de Médicis, née à Florence le 26 avril 1573, avait épousé Henri le 17 décembre 1600.
D'une beauté lourde et sensuelle à la Rubens, hautaine, vindicative, d'une intelligence bornée, mais impérieuse, elle n'avait pas tardé à fatiguer le roi par ses scènes constantes et n'avait pas le moindre sens des affaires. Sur sa demande. Henri IV la fit sacrer en grand apparat à Saint-Denis la veille de sa mort.
A peine au pouvoir, Marie de Médicis écarte les conseillers d'Henri IV et accorde sa confiance à ses favoris Concini et Leonora Galigaï. Elle s'empresse de renouer avec l'Espagne et la maison d'Autriche. Mais, rapidement, elle se heurte à l'agitation des protestants et aux prétentions des grands, dirigés par le prince de Condé, soucieux de recouvrer leur influence.
Après l'échec de la réunion des états généraux de 1614, elle doit les apaiser, au traité de Loudun, par de somptueuses largesses. Excédé d'être tenu à l'écart des affaires, Louis XIII, sous l'influence de son favori, Luynes, entre alors en scène, Il fait assassiner Concini et exile sa mère au château de Blois.
Marie de Médicis réussit à s'évader et n'hésite pas à prendre la tête de la révolte des grands. Pour mettre fin à cette "guerre de la mère et du fils", Luynes doit consentir aux rebelles de coûteux avantages.
A la faveur de ce compromis, la reine mère semble recouvrer son influence et fait entrer au Conseil son protégé, Armand Jean du Plessis de Richelieu dit le cardinal de Richelieu, qu'elle avait choisi comme confesseur. Elle commet là une fâcheuse erreur de calcul.
Le cardinal de Richelieu consacre, en effet, toutes ses forces au renforcement de l'Etat et à l'abaissement de l'Autriche et de l'Espagne. Il devient le pire adversaire de ceux qui souhaitent la fin de l'absolutisme et le rétablissement de l'alliance avec les Habsbourg.
A la tête de tous les mécontents, Marie de Médicis ne cesse de conspirer contre le cardinal. En compagnie de son fils cadet, Gaston d'Orléans, elle est de tous les complots. En 1630, elle croit savourer sa revanche. Mais elle est la grande victime de la "journée des Dupes".
Gardée prisonnière pendant plus de six mois, elle réussit à s'enfuir et à passer la frontière. Elle vit alors à Bruxelles, à Londres, à Cologne, sans cesser ses intrigues contre Richelieu.
Marie de Médicis meurt, obscure et méprisée, à Cologne, le 3 juillet 1642, sans avoir revu la France.
C'est seulement le 9 février 1643 que sa dépouille quittera la cité des bords du Rhin pour Saint Denis, dans un carrosse drapé de velours noir aux armes de la France, qui l'a vue régner, et de la Toscane, qui l'a vue naître.