Philippe Pétain (1856-1951)

Militaire, diplomate et homme d'Etat - Chef de l'Etat français de 1940 à 1944

Philippe Pétain (1856-1951)Maréchal de France et homme politique. Vainqueur de Verdun en 1916. Chef de l'Etat français entre 1940 et 1944 (gouvernement de Vichy), Philippe Pétain est né le 1 janvier 1856 et mort le 23 juillet 1951. Il fut condamné à mort en 1945, avant que sa peine ne soit réduite à une condamnation à vie.

Philippe Pétain se dirige vers une carrière militaire et prépare le concours de Saint-Cyr au collège des dominicains d'Arcueil. Sa scolarité se fait sans vagues, c'est un élève appliqué. Il débute en tant qu'officier à Villefranche-sur-Mer et poursuit comme enseignant d'infanterie à l'École de guerre. Il y construit une nouvelle théorie, en contradiction avec la stratégie officielle de l'offensive à outrance. En effet, Pétain préconise l'emploi de l'artillerie avant chaque attaque pour user l'adversaire, et une technique plus défensive de "positions". Il commande le 33e régiment d'infanterie, avec en 1912 un certain Charles de Gaulle comme sous-lieutenant. Lorsqu'il reçoit le commandement de la 4e brigade d'infanterie en 1914, à 58 ans, sa retraite est proche.

Pétain, héros de la bataille de Verdun

Lorsque la guerre est déclarée en août 1914, Philippe Pétain voit sa carrière prendre une toute autre tournure. En effet, en moins d'un an, le colonel Pétain passe d'un commandement de 6 000 hommes à une armée de plusieurs centaines de milliers de soldats. Il s'illustre pendant la bataille de la Marne dès septembre 1914. Joffre lui confie le commandement de la IIe armée en Champagne en 1915. Lorsque l'offensive allemande éclate à Verdun le 21 février 1916, Pétain et ses hommes sont en repos. Il prend en urgence le commandement de l'opération de défense, réorganise le ravitaillement et rééquilibre les forces décimées en quelques mois. Il est vu comme le héros de Verdun.

Philippe Pétain se distingue aussi en 1917, année charnière de la guerre où l'armée française est face à une crise stratégique et morale. En effet, la Russie s'étant retirée du conflit, les forces allemandes peuvent se concentrer sur le front français. Face aux conditions de vie intolérables des soldats et aux  pertes immenses, les mutineries s'intensifient dans les rangs des poilus. Pour résoudre la crise, Pétain prend la décision d'attendre l'arrivée des américains, tandis qu'il reste ferme mais compréhensif envers les soldats mutins, demandant aux dirigeants politiques de ne pas oublier qu'ils "sont avec nous dans les tranchées depuis trois ans, ce sont nos soldats".

Philippe Pétain, maréchal de France

Auréolé de gloire, Philippe Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 11 novembre 1918. Il est mis à la tête des armées françaises pendant plus de dix ans par le gouvernement compte tenu de son prestige. Avec sa capacité de gestion de crise, il est appelé en Afrique du Nord pour calmer la révolte d'Abd el-Krim en 1925 (campagnes du Rif). Il obtient la reddition de ce dernier. Pétain est partout dans l'armée. Bien qu'il soit d'un âge avancé, il participe aux décisions primordiales de défense, comme la construction de la ligne Maginot. En parallèle, il est élu le 12 avril 1919 membre de l'Académie des sciences morales et politiques.

Le Maréchal Pétain et Eugénie Hardon

Philippe Pétain se marie le 14 septembre 1920 avec sa maîtresse Eugénie Hardon âgée de 42 ans. Le couple reste sans enfant. Eugénie déteste son prénom d'usage et se fait donc appeler "Annie" par ses interlocuteurs et désormais Annie Pétain. Le 9 février 1934, le président Gaston Doumergue confie le ministère de la Guerre au maréchal pour mener son nouveau gouvernement d'union nationale. Philippe Pétain est également envoyé comme ambassadeur auprès de Franco pour tenter d'établir des relations diplomatiques avec celui-ci en 1939. Cependant, il est rapidement rappelé sur le front français lorsque la Seconde Guerre mondiale est déclarée en septembre de la même année.

Le régime de Vichy

La France est rapidement submergée par la blitzkrieg d'Adolf Hitler. Le 18 mai 1940, Pétain est fait ministre d'État et vice-président du Conseil par Paul Reynaud. Il profite de sa position pour appuyer les demandes d'armistice. Reynaud, en désaccord, démissionne le 16 juin et laisse le champ libre à Pétain qui constitue aussitôt un nouveau ministère. Le 17 juin, depuis Bordeaux où le gouvernement s'est installé, cette allocution devenue célèbre, à la radio : " […] Je fais à la France le don de ma personne […] C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur le moyen de mettre un terme aux hostilités.". Il demande l'armistice aux allemands. Celui-ci est signé le 22 juin à Rethondes. Dès le 1er juillet, l'Assemblée nationale réunit à Vichy accorde "le pouvoir constituant au gouvernement de la République sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain", c'est-à-dire les pleins pouvoirs. Le nouveau chef de l'État fait l'unanimité avec son immense popularité. Partout il est cité comme "l'homme qu'il nous faut" dans cette France sous le coup d'une défaite et de l'occupation allemande.

Le mois de juillet voit plusieurs nouveaux actes constitutionnels se mettre en place, remettant toujours plus de pouvoir à Pétain et moins au Parlement. Le régime parlementaire est d'ailleurs pointé du doigt par le gouvernement Pétain comme responsable dans la défaite. Une nouvelle devise est choisie par la propagande de l'État autoritaire : "Travail, Famille, Patrie". Les réformes s'enchaînent, supprimant peu à peu les élections, les centrales syndicales, mettant en place de nouveaux outils pour contrôler la jeunesse, et s'affirmant comme un régime hiérarchique autour de la figure du maréchal.

La collaboration avec Hitler

Pétain mène une politique de collaboration avec Hitler, dès son entrevue à Montoire avec ce dernier en octobre 1940. La persécution contre les juifs et les étrangers s'installe avec d'abord des discriminations humiliantes, puis internés, et finalement déportés par les allemands en 1942. En tout, 76 000 juifs (dont 11 000 enfants non réclamés au départ par les allemands) ont été déportés de France. 80 % d'entre eux après avoir été arrêtés par la police française. Un tiers des déportés étaient français. Seulement 3 % survivront camps de concentration. Pétain tente sans grands succès de conserver le lien avec les britanniques et les américains. Il est attaqué par la France Libre, la Résistance française basée à Londres et menée par le Général de Gaulle. En avril 1942, c'est un Pétain âgé et fatigué qui appelle Pierre Laval à lui succéder à la direction du gouvernement.

Le surnom de Pétain : maréchal " Pétoche "

Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord, fin 1942, Pétain cède à toutes les demandes des nazis et condamne l'action des troupes de libération, allant jusqu'à envoyer un message à la Légion française qui se bat aux côtés des allemands. Il renonce à condamner les déportations et l'annexion de l'Alsace-Lorraine par le IIIe Reich. Après le débarquement de Normandie du 6 juin 1944, Pétain est arrêté à Vichy, le 20 août et transféré en Allemagne où il séjourne jusqu'en avril 1945. Pétain tente sans succès de contacter le Général de Gaulle, chef de la France Libre, pour lui remettre officiellement ses pouvoirs et assurer l'union des français, mais de Gaulle dénie toute légalité du régime de Pétain. A la fin de la guerre, Philippe Pétain revient volontairement en France pour répondre de ses actes. Il est traduit en justice et condamné à mort pour ses crimes. Cependant du fait de son grand âge, sa peine est réduite à une détention perpétuelle.

La mort de Philippe Pétain

Condamné à l'indignité nationale, le maréchal Pétain est exclu de l'Académie française. Il est dégradé de ses honneurs militaires et est transporté au fort de la Pierre-Levée dès novembre 1945. Malade, il finit ses jours à Port-Joinville en résidence surveillée. Sa femme l'accompagne jusqu'à la fin, assistant à son procès et le visitant tous les jours au fort. Elle est également là sur l'île d'Yeu, leur dernier lieu de résidence. Les gardiens de son mari et le curé de Port-Joinville disent d'elle que "Mme Pétain n'est pas sociable. Grossière et mal embouchée, elle scandalise tout le monde". Philippe Pétain meurt le 23 juillet 1951, à l'âge de 95 ans, enterré dans le cimetière de Port-Joinville. En 1973, l'affaire du vol du cercueil de Philippe Pétain a défrayé la chronique. La tombe a depuis été reconstitué.

Source : https://www.linternaute.fr/

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