Les Cent Jours - 20 mars au 8 juillet 1815
Le « Vol de l’Aigle » (mars 1815)
Installé dans l’île d’Elbe depuis mai 1814, Napoléon continuait à mener une vie très active. Mais ce dernier n’appréciait guère les évènements qui se déroulaient en France, considérant que les Bourbons avaient été rétablis sur le trône grâce à des puissances ennemies de la France
Ayant appris à la mi-février 1815, que les Anglais, soucieux de l’écarter définitivement, avaient l’intention de le transférer sur une île plus éloignée, aux Açores ou à Sainte Hélène, aussi le 26 février, Napoléon quitta l’île d’Elbe, accompagné de quelques fidèles.
Débarquant en France au mois de mars 1815, il se dirigea vers Digne afin de remonter vers Lyon, préférant éviter la région du Rhône qui lui était hostile.
A Laffrey près de Grenoble, Napoléon rencontra un bataillon chargé de l’intercepter. Il s’approcha alors des soldats en leur disant : « Soldats du 5e ! Je suis votre Empereur ! Reconnaissez-moi ! » Puis, ouvrant sa redingote, il s'exclama : « S'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son Empereur, me voilà ! »
Finalement, les membres du bataillon décidèrent de se rallier à la petite troupe qui accompagnait Napoléon.
Le maréchal Michel Ney, rallié aux Bourbons, avait annoncé à Louis XVIII son intention de ramener l’Empereur à Paris dans une cage de fer. Pourtant, apprenant l’arrivée de celui-ci, il se rallia à lui.
Le 20 mars au soir, Napoléon arriva à Paris, Louis XVIII ayant quitté la capitale la veille.
Cette remontée vers Paris, surnommé le « Vol de l’Aigle », démontre l’attachement que les Français, en règle générale, portaient à Napoléon, à l'exception de dans quelques régions, notamment dans la vallée du Rhône et en Vendée.
Si la population accueillit avec bienveillance le retour de Napoléon, ce ne fut pas le cas des élites, bien plus réservées. De nombreux bourgeois savaient que la guerre ne tarderait pas à éclater, avec son cortège de destructions et de problèmes économiques ; plusieurs maréchaux de Napoléon, ralliés aux Bourbons, ne suivirent pas l’Empereur lors des Cent-Jours. Charles Pierre François Augereau fut écarté pour son ralliement à Louis XVIII ; Louis Alexandre Berthier et Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont suivirent le roi en exil ; François Christophe Kellermann, Nicolas Charles Oudinot, Laurent Gouvion et André Masséna préférèrent rester à l’écart des évènements ; Claude Victor Perrin tenta de prendre les armes contre Napoléon, mais décida de rejoindre le roi en voyant ses troupes rejoindre l’Empereur. Joseph Fouché, ancien ministre de la police, ne se rallia pas non plus à l'Empereur. Ces derniers pensaient-ils que la position de Napoléon était condamnée d’avance ?
Le 20 mars, jour de l’arrivée de Napoléon aux Tuileries, jour du début des Cent-Jours. Prenant en main le pouvoir, Napoléon nomme ses ministres : Cambacérès à la Justice, Davout à la Guerre, Fouché à la Police, Caulaincourt aux Relations extérieure.
L’Empire libéral (mars à juin 1815)
Caulaincourt a mission de rassurer les puissances sur les intentions pacifiques de son maître, mais les Alliés ont déjà mis au ban de l'Europe le Corse exécré. L'Empereur n'ignore pas cette hostilité et travaille à se refaire une armée. Au cours du mois de mars, la nouvelle du retour de Napoléon se répandit dans toute l’Europe. Alors que Louis XVIII et son frère Charles quittaient Paris, les principales puissances européennes préférèrent ne pas prendre le risque de le laisser au pouvoir, formant la septième coalition au cours du mois de mars 1815, ils décidèrent de déclarer la guerre à l’Empereur des Français.
De retour à la tête de l’Etat, l’Empereur des Français décida de promulguer une série de lois libérales, l’objectif étant de s’attirer les faveurs du peuple.
La censure fut abolie le 24 mars 1815, cependant certaines rédactions devaient toutefois héberger des rédacteurs-censeurs, chargés de surveiller les écrits ; l’esclavage des noirs fut supprimé le 29 mars.
A la mi-avril, Napoléon confia à Benjamin Constant, un de ses opposants politiques, la tâche de rédiger une nouvelle constitution. Promulguée le 22 avril 1815, l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire était empreint d’un certain libéralisme. Plusieurs libertés étaient confirmées (presse, réunion, individuelles, etc.). Ce texte était similaire à la Charte de 1814, cependant les chambres n’avaient plus l’initiative des lois, elles ne pouvaient qu’amender les projets de l’Empereur. Cette Constitution est soumise à un référendum dont les résultats (1.532.527 oui contre 4.802 non) sont proclamés le 1er juin, lors d’une cérémonie grandiose (le Champ de Mai) au cours de laquelle Napoléon apparait curieusement vêtu de velours et de soie.
La nouvelle chambre, élue courant mai 1815, comptait 80 bonapartistes, 40 jacobins et près de 500 libéraux.
Les coalisés se faisant menaçants, Napoléon leva en hâte une armée de 200 000 hommes, destinée à lutter contre les coalisés, mais en raison de troubles ayant éclaté en Vendée, l’Empereur dut envoyer 40 000 hommes dans cette région, qui firent cruellement défaut par la suite.
Napoléon refusa les services du maréchal Murat, roi de Naples, l’accusant de trahison pour avoir fait la paix avec les coalisés en 1814, dans l’espoir de conserver son trône. Mauvais calcul, Murat ne tarda pas à perdre sa couronne, vaincue par les Autrichiens lors de la bataille de Tolentino (3 mai 1815).Toujours soucieux de reconquérir son trône, Murat se rendit en Corse afin de recruter une petite armée, mais débarquant en Calabre en octobre 1815, il fut rapidement capturé et fusillé par l'ennemi.
A la fin de sa vie, Napoléon regretta de ne pas avoir été accompagné par Murat lors de la campagne de 1815.
La campagne de Belgique (juin 1815)
Napoléon, sachant qu’il ne pourrait pas lutter contre la totalité des armées ennemies, décida alors d’empêcher la jonction entre l’armée anglaise et l’armée prussienne.
Les batailles de Ligny et de Quatre Bras (juin 1815) - Le 15 juin 1815, les Français pénétrèrent en Belgique, se dirigeant vers Charleroi. Napoléon, marchant vers Ligny ou se trouvait le feld-maréchal prussien Gebhard Leberecht von Blücher, chargea alors le maréchal Ney de s’installer aux Quatre bras, sur la route de Bruxelles.
Le lendemain, Napoléon affronta les Prussiens lors de la bataille de Ligny ; mais comme Ney avançait lentement, les Anglais eurent le temps de s’installer à Quatre Bras.
L’Empereur fut victorieux à Ligny, et les Prussiens, repoussés, perdirent plus de 20 000 hommes lors de l’affrontement. Ney, quant à lui, remporta bataille de Quatre Bras face à un ennemi supérieur en nombre (20 000 Français contre 35 000 Britanniques), mais cette victoire n’eut guère d’impact sur la suite des évènements.
En réalité, Arthur Wellesley, duc de Wellington, commandant de l’armée anglaise, avait décidé de sonner la retraite à Quatre Bras, après avoir appris la défaite de Blücher.
La bataille de Waterloo (juin 1815) - Suite à la bataille de Ligny, Napoléon pensait que les Prussiens, trop affaiblis pour continuer le combat, se retireraient vers Liège. Il chargea alors le maréchal Emmanuel, marquis de Grouchy, de poursuivre l’armée prussienne.
Wellington, resté au Mont Saint Jean, avait un peu moins de 70 000 hommes sous ses ordres (25 000 Anglais, 15 000 Hollandais et Belges, le reste de ses troupes étant des soldats allemands).
Napoléon, quant à lui, avait un léger avantage numérique, étant à la tête de près de 72 000 hommes. Par ailleurs, les Français avaient aussi un avantage au niveau de l’artillerie, possédant 250 canons contre 150 côté anglais.
Il avait plu pendant la nuit, et le terrain était devenu boueux. Les boulets de canons étaient moins efficaces et firent peu de dégâts, s’enfonçant dans le sol au lieu de ricocher.
Les Anglais étaient installés sur une ligne allant d’ouest en est, retranchés dans trois principaux points : les fermes d’Hougoumont, de la Haie-Sainte et de la Papelotte.
Napoléon, décidant de lancer une offensive au centre et à l’est, ordonna à son frère Jérôme de faire diversion à l’ouest, en attaquant Hougoumont mais les Français furent repoussés au prix de lourdes pertes.
Au centre, les Français lancèrent une offensive sur la Haie-Sainte, mais furent repoussés par les Anglais, bien retranchés derrière les murs de la ferme.
Wellington faisant replier son centre, Ney décida d’attaquer en croyant à une retraite ennemie. La cavalerie française, frappée par les balles anglaises, fut alors stoppée à sept reprises.
Alors que la bataille battait son plein, le maréchal Grouchy, chargé de poursuivre l'armée prussienne et qui se trouvait non loin de Waterloo, entendit tonner les coups de canon. Ce dernier ayant reçu l’ordre de poursuivre Blücher, il refusa de prendre part à l’affrontement.
Alors que Napoléon lançait une nouvelle charge vers la Haie-Sainte, les Prussiens firent apparition à proximité de la Papelotte, menaçant ainsi le flanc droit de l’armée française.
Dans la soirée, Ney parvint à s’emparer de la Haie-Sainte, et demanda alors des renforts. Napoléon, menacé par l’armée prussienne, préféra refuser.
Wellington, voyant que les Prussiens attaquaient l’est de la position française (cette dernière tint bon, mais Napoléon dut envoyer ses réserves pour tenir la zone.), décida alors de lancer une contre-attaque sur le centre.
Les Français, attaqués par les Britanniques, furent contraints de reculer ; les Prussiens, quant à eux, parvinrent à repousser le flanc est de la Grande armée.
Finalement, Napoléon décida de sonner la retraite, se retirant à la nuit tombée.
La bataille de Waterloo, ultime bataille de Napoléon, fut un véritable échec pour les Français, qui eurent 7 000 tués, 18 000 blessés et 8 000 prisonniers. L’affrontement fut sanglant pour les coalisés, qui eurent de 5 000 morts et 16 000 blessés.
Napoléon rencontra ce jour-là une excellente armée anglo-prussienne, et dure de constater les nombreuses fautes commises par les Français : Napoléon surestima les effets de la bataille de Ligny sur les Prussiens ; Jérôme Bonaparte s’obstina face à Hougoumont, alors qu’il ne s’agissait que d’une diversion ; Ney attaqua sans renfort de l’artillerie ou de l’infanterie, négligeant de neutraliser les canons ennemis tombés entre ses mains lors de la prise de La Haie-Sainte…
La seconde abdication, l’exil à Sainte Hélène (juin 1815)
Napoléon, suite à la bataille de Waterloo, décide de rentrer à Paris. Il refuse de dissoudre la Chambre qui lui est hostile.
Pressé par Fouché, l’Empereur décide d’abdiquer une seconde fois, le 22 juin 1815. Tandis qu'une commission du gouvernement prend la direction des affaires, il se rend à Malmaison, puis, gagne la côte atlantique, où le Bellérophon l'attend pour l'emmener en Angleterre. Ces derniers, refusant de donner asile à leur prisonnier, décidèrent de le transférer sur l’île de Sainte Hélène ou il meurt le 20 mai 1821.
Pendant ce temps, Paris a capitulé devant les Alliés et Louis XVIII remonte sur son trône le 6 juillet. C'est la seconde restauration.
Chronologie des Cent-Jours