Louis XIV, dit « le Grand » et « le Roi-Soleil », (1638-1715)

Roi de France et de Navarre (Louis III) de 1643 à 1715

Portrait de Louis XIVFils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, né à Saint-Germain-en-Laye le 5 septembre 1638, et surnommé, parce qu'attendu impatiemment, Dieudonné, mort à Versailles le 1er septembre 1715.

Il n'avait que cinq ans lorsque, mineur, il succéda à son père, le 14 mai 1643. Sa mère Anne d'Autriche devint régente du royaume et contre toute attente garda le cardinal Mazarin comme premier ministre.

Il eut pour gouverneur le maréchal de Villeroi, et pour précepteur l'abbé Péréfixe de Beaumont en 1644, puis François de La Mothe Le Vayer à partir de 1652. Si son instruction fut assez négligée, son éducation politique fut au contraire très soignée, et Mazarin s'en occupa activement au moins dans le domaine de la politique extérieure.

Jeune, il passa par la triste expérience de la Fronde entre 1648 et 1651, et en garda, avec la défiance des parlements, le désir d'achever l'absolutisme monarchique. Ses Mémoires pour l'éducation du Dauphin, quelque remaniés qu'ils aient été par Pellisson, sont, à ce point de vue, fort significatifs.

Marie Thérèse d'Autriche, reine de France, (1638-1683)Bien que Louis XIV ait été proclamé majeur en septembre 1651, le gouvernement de la France fut dirigé, jusqu'en 1661, par le cardinal Mazarin, qui avait le titre de premier ministre. Mazarin termina heureusement la guerre de Trente ans par les traités de Wesphalie en 1648, qui donnèrent à la France l'Alsace moins Strasbourg. Par la paix des Pyrénées de 1659, l'Espagne céda l'Artois et le Roussillon, et l'infante Marie-Thérèse d'Autriche fut donnée en mariage à Louis XIV qui renonçait à la succession d'Espagne, mais recevait comme dot de la reine une somme qui ne fut jamais versée.

Après la mort de Mazarin en 1661 commence le gouvernement personnel de Louis XIV. Il ne veut plus de premier ministre et restreint son conseil d'Etat. Tout en réservant son activité personnelle, il donne sa confiance à Colbert, qui bientôt remplacera Fouquet, à Le Tellier que secondera son fils Louvois et à Hugues de Lionne. Lui-même présidera avec la fougue de sa jeunesse le conseil d'Etat. 

Ses innombrables portraits nous le montrent très beau, majestueux, avec des yeux bruns, un nez long, une figure l'âge alourdira. Au moral un homme très appliqué, d'une intelligence moyenne, sachant choisir ses collaborateurs, maître de soi, plus apte à la diplomatie et à la guerre qu'à l'administration intérieure, fort orgueilleux et soucieux de son prestige, très pieux avant même de devenir dévot. Sa vie  privée fut longtemps scandaleuse : y marquèrent Melle de la Vallière, Mme de Montespan, et bien d'autres, avant que Mme de Maintenon ne parvint à le convertir. Au total on lui prête une quinzaine de maîtresses et presque autant d'enfants illégitimes.

Ses premières années furent toutes de magnificence. Fier des immenses ressources dont il dispose, depuis que Colbert s'attache à rétablir l'ordre dans les finances, de son armée réorganisée, il impose sa volonté dans toutes les questions européennes. Il oblige son beau-père Philippe IV à reconnaitre la préséance des ambassadeurs de France sur ceux d'Espagne ; il humilie le pape Alexandre VII (affaire Créqui) ; il soutient le Portugal contre l'Espagne (victoire de Villaviciosa) et l'Autriche contre les Turcs (victoire de Saint-Gothard).

A la mort de son beau-père en 1665, il revendique les Pays-Bas espagnols au nom de son épouse Marie-Thérèse, en vertu du "droit de dévolution". Il conquiert la Flandre en 1667, la Franche-Comté en 1668, mais la triple alliance de La Haye (Angleterre, Hollande, Suède) l'oblige à signer la paix d'Aix-la-Chapelle et à se contenter de la Flandre en 1668. Avant de se venger de la Hollande, qui a été la principale instigatrice de la triple alliance, Louis XIV l'isole diplomatiquement ; il s'unit à l'Angleterre (traité de Douvres) et avec la Suède (traité de Stockholm). Il envahit la Hollande en 1672. Les Hollandais, vaincus, sollicite la paix sans l'obtenir ; mais devant les exigences de Louis XIV, ils organisent contre la France une formidable coalition. L'Angleterre elle-même, d'abord notre alliée, se décide bientôt à la neutralité. Grâce aux victoires de Turenne en Alsace, de Condé à Senef, de Duquesne sur les mers, Louis XIV triomphe de ses ennemis, et il conclut les traités de Nimègue en 1678, qui lui donnent la Franche-Comté.

Louis XIV est alors à l'apogée de sa puissance, mais il provoque l'Europe par les acquisitions des "chambres de réunion" par les persécutions qu'il exerce contre les protestants, et par la révocation de l'Edit de Nantes en 1685.C'est la deuxième partie de son règne qui commence.

L'alarme est donnée contre les prétentions de Louis XIV à l'hégémonie universelle. A l'intérieur, le personnel est moins brillant. Colbert est mort depuis 1683 et Louvois depuis 1691. Guerres et impôts épuisent le royaume, où les séditions locales sont fréquentes. Après eux, les ministres qui dirigent les affaires ne sont pas tous à la hauteur des événements ; l'industrie et le commerce, intensifiés par Colbert, languissent, tandis que la taille pèse plus lourdement sur les paysans ; la misère est très grande dans toutes les provinces. La période critique correspond au terrible hiver de 1700. Louis XIV soutient encore deux guerres contre toute l'Europe : la guerre dite "de la ligue d'Augsbourg" qu'avait précédée une période brève d'hostilités avec l'Espagne en 1864, et la guerre de succession d'Espagne. Dans la première qui se déroule entre 1688 et 1697, Louis XIV essaye d'abord en vain de rétablir Jacques II sur le trône d'Angleterre (expédition d'Irlande, défaite de Tourville à la Hougue). Après cet échec, il prend l'offensive sur le Rhin (incendie du Palatinat), en Italie (victoires de Staffarde et de la Mersaille), aux Pays-Bas (victoires de Fleurus, Steinkerque, Nerwinden), et il conclut précipitamment la paix à Ryswick en 1697. Il abandonne la ville de Luxembourg précédemment réduite.

La succession d'Espagne que Louis XIV avait essayé de résoudre par deux traités de partage successifs avec l'Angleterre s'ouvrit presque aussitôt après. En 1700 le roi Charles II reconnut pour unique héritier le petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, qui prit le nom de Philippe V. En 1701 Guillaume III, utilisant diverses imprudences de la diplomatie française, prépara avant sa mort la grande ligue de La Haye, dans laquelle entrèrent l'Angleterre, la Hollande, l'Empereur, l'Empire et, bientôt après la maison de Savoie et le Portugal.

La France, bientôt privée d'alliés essuya, dans cette guerre, malgré quelques succès sur le Rhin à Friedlingen en 1702, et en Espagne, des revers considérables : Hochstedt en 170, Turin et Ramilliés en 1706, Oudenarde en 1708, Malplaquet en 1709.

En 1710, aux conférences de Gertruydenberg, Louis XIV, pour obtenir la paix, consentit à abandonner presque toutes les conquêtes de son règne. Les Hollandais ayant exigé que Louis XIV chassât lui-même son petit-fils du trône d'Espagne, la guerre continua, et la France fut heureusement sauvée par la division qui se mit parmi les alliés, et aussi par la victoire de Villars à Denain.

Aux traités d'Utrecht de 1713, de Rastadt et de Bade de 1714, Louis XIV conserva les meilleures conquêtes de son règne notamment l'Alsace, le Roussillon, l'Artois, la  Flandre, et la Franche-Comté. Philippe V garda l'Espagne et ses colonies. Mais nous perdions en Amérique l'Arcadie, en gardant le Canada qui s'était considérablement développé.

Louis XIV meurt le 1er septembre 1715, un an après la paix. Ses dernières années avaient été fort tristes, accablées de deuils nationaux et familiaux. Il montra jusqu'à ses derniers jours une grande énergie.

Les querelles religieuses ont tenu une grande place sous son règne : les persécutions contre les jansénistes, contre les protestants, l'affaire du quiétisme, de la "bulle Unigénitus",  la destruction de l'abbaye de Port-Royal, les conflits avec le pape au sujet de la régale et du droit d'asile à Rome. Roi très catholique, Louis XIV ne veut admettre en France que la religion qu'il pratique, mais il ne veut pas reconnaitre au pape le droit de lui contester son autorité, même en matière religieuse. Dès 1682, il se fait le défenseur des libertés de l'Eglise gallicane.

Il a été le protecteur éclairé des artistes, des littérateurs, des poètes et des savants, depuis Boileau et Racine jusqu'à Le Brun. Il a fait construire un grand nombre de monuments : le Val-de-Grâce, l'Institut, l'Observatoire de Paris, les Invalides, la colonnade du Louvre. Il a créé par sa propre volonté Versailles son château et les jardins de Lenotre, où se reflète tout le Grand Siècle, où s'épanouit une cour brillante et fastueuse, Marly, le Trianon ... etc. En 1663, il a fondé l'Académie des inscriptions, en 1666 l'Académie des sciences, en 1669 l'Académie de musique, en 1671 l'Académie d'architecture, ...etc. Il a fait codifier les lois et coutumes : en 1667 le Code de procédure civile et le Code Louis, en 1673 l'ordonnance du commerce, en 1681 l'ordonnance de la marine, en 1685 le Code des colonies ou Code noir. Ses ministres centralisateurs ont travaillé à la réduction des libertés provinciales, municipales et parlementaires

Après la mort de Marie-Thérèse en 1683, Louis XIV épousa probablement en secret Mme de Maintenon qui eut sur lui une grande influence. Son fils, le Grand Dauphin, deux de ses petits-fils, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, moururent avant lui, en 1711, 1712 et 1714, et ce fut son arrière-petit-fils, le duc d'Anjou, qui lui succéda, sous le nom de Louis XV. Louis XIV eut de Louise de la Vallière et de Mme de Montespan plusieurs enfants qu'il légitima.

Version longue          Chronologie de Louis XIV

Régence de Philippe d'Orléans
Louis XIII              Louis XV
Les Bourbons