Philippe III le Hardi (1245-1285)

Roi de France de 1270 à 1285)

Philippe III le HardiPhilippe III de France, dit Philippe le Hardi, né le 1er mai 1245 à Poissy, mort le 5 octobre 1285 à Perpignan, fut roi de France de 1270 à 1285, le dixième de la dynastie dite des Capétiens directs. Il était le fils de Louis IX (1214-1270), dit Saint Louis, roi de France, et de Marguerite de Provence (1221-1295).

Manquant de personnalité et de clairvoyance, on ne sait si son surnom est dû à sa vaillance au combat , ou au caractère parfois irréfléchi de ses entreprises. Malgré les deuils multiples qui marquèrent son avènement, dont l'épouse Isabelle d'Aragon mourut accidentellement en Calabre le 28 janvier 1271 lors du désastreux retour de la huitième croisade, le début de son règne fut plutôt prometteur.

Il est sacré le 15 août 1271 à Reims et eut le bon goût de garder les conseillers de son père. En octobre de la même année , il perd son oncle Alphonse de Poitiers et sa femme, ce qui lui apporta en héritage le Poitou, la Saintonge, le Toulousain, l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Provence et l'Auvergne. De plus parmi les barons du midi, seul le comte de Foix, Roger-Bernard se rebelle et prête serment au roi d'Aragon. Il s'enferma dans son château que le roi réussit toutefois à prendre, et fut fait prisonnier.

Philippe III veuf depuis 1271, décide de prendre en seconde noce Marie de Barbant. Mais ce mariage, célébré en 1274 entraîna une rivalité entre la jeune épouse et la reine mère Marguerite. Le fils aîné du roi et d'Isabelle d'Aragon étant mort en 1276, le favori du roi, Pierre de la Brosse, accusa la reine Marie de l'avoir fait empoisonner. Mais malgré les doutes du roi (probablement attisés par Marguerite), la situation se retourne quant le favori est convaincu d'espionnage au profit d'Alphonse X de Castille. Il fut pendu au gibet de Montfaucon le 30 juin 1178. Le roi eut la sagesse de reprendre comme conseiller Mathieu de Vendôme.

Philippe III manifesta rapidement de timides ambitions européennes, en posant d'abord sans espoir sa candidature à l'empire germanique en 1273. Mais c'est Rodolphe de Habsbourg qui fut élu à la condition qu'il renonce à ses droits sur l'Italie. La mort d'Henri III de Navarre, Comte de Champagne, en juillet 1274 fournit au roi une occasion d'agrandir le royaume. La régente du royaume de Navarre, Blanche d'Artois (nièce de Saint Louis), s'étant réfugiée en France avec sa fille Jeanne de Navarre, le roi s'arrangea pour la fiancer avec le futur Philippe le Bel. Ce mariage en 1284 augmenta le domaine à la fois de la Champagne et de la Navarre. En attendant, le roi qui s'était fait proclamer en 1275 régent de Navarre, se heurta à une révolte des navarrais qu'il fait écraser en 1276 par son cousin Robert d'Artois.

Mais entre temps , le fils d'Alphonse X de Castille, Ferdinand de la Cerda, était mort en laissant deux enfants qui, par leur mère , étaient les neveux de Philippe III, et que leur oncle Don Sanche prétendit écarter de la couronne. Le roi de France prit parti pour eux, mais il échoua en 1276 dans une expedition contre la Castille, et qui se conclura par la captivité des malheureux enfants chez le roi Pierre III d'Aragon. De plus le roi d'Aragon émit des prétentions sur la Sicile, dont Charles d'Anjou (oncle de Philippe III) était encore roi. Mais la politique de Charles d'Anjou était des plus hasardeuses, bien qu'il ait réussi à faire élire un pape en 1281, Martin IV.

Il ne réussit même pas à se concilier les siciliens, qui après un appel vain au pape et le soutien du roi d'Aragon, se révoltèrent. Ce fut les fameuses Vêpres siciliennes, immortalisées par Verdi, et qui virent le massacre des français de toute l'île. Le roi d'Aragon débarqua en Sicile, en fit la conquête et se proclama roi. Le pape Martin IV l'excommunia en proposant le royaume d'Aragon à un prince capétien. Après hésitation, Philippe III eut la faiblesse d'accepter, en réservant le titre de roi à son fils Charles de Valois après conquête. Et malgré la mort de Charles d'Anjou et du pape début 1285, il persista à vouloir conduire la croisade d'Aragon.

Cette croisade, à laquelle participe le jeune Philippe le Bel, débute en mars 1285. Elle se dirige d'abord vers le Roussillon, alors tenue par Jacques II de Majorque qui est le vassal de Philippe III pour Montpellier. Ce dernier s'arrange pour le favoriser et les français réussirent à prendre Perpignan, et avant de franchir les Pyrénées, ils massacrent honteusement tout les habitants d'Elne (alors tenue par les Aragonais).
En Espagne le jeune prince réussit à prendre Figueras et Gérone tombe en septembre. Mais la flotte royale est détruite au large de Rosas, et le 13 septembre, laissant un contingent à Gérone, le roi ordonne la retraite sans avoir pris Barcelone. Malade, probablement du typhus, le roi meurt sur le chemin du retour, le 5 octobre 1285, au palais des rois de Majorque de Perpignan, et 8 jours après Gérone est reprise par les argonais.

Il faut reconnaître que Philippe III ne fut pas remarquable en ce qui concerne la politique extérieure. Surtout si on songe que après que le roi d'Angleterre Edouard 1er lui eut , en 1272, prêté hommage pour les terres qu'il tenait de la couronne de France, le roi lui rétrocéda sans aucune compensation l'Agenais par le traité d'Amien (1279). Mais c'est pourtant sous son règne que le domaine royal s'est le plus agrandi, et bien que son règne ne fut qu'une transition, son bilan n'est pas négatif.

Chronologie de Philippe III

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Les Capétiens