Philippe IV le Bel (1268-1314)
Roi de France de 1285 à 1314 et Roi de Navarre (Philippe 1er) de 1285 à 1305
Philippe IV de France, dit Philippe le Bel ou le roi de fer fils de Philippe III de France (1245-1285) et de sa première épouse Isabelle d'Aragon. Il fut roi de France de 1285 à 1314, onzième roi de la dynastie des Capétiens directs.
Petit-fils de Louis IX (Saint Louis), deuxième fils de l'héritier du trône (le futur Philippe III le Hardi) et d'Isabelle d'Aragon, Philippe naît en 1268 à Fontainebleau. Son père devient roi de France 2 ans plus tard. Le jeune prince devient à son tour l'héritier légitime de la couronne à la mort de son frère aîné, Louis, en 1276. Un augustin italien, Gilles de Rome, est chargé de son éducation ; à cette fin, il compose un traité (Du gouvernement des princes), qui exalte la prudence du souverain et l'exhorte à s'entourer de conseillers compétents.
En 1284, le prince Philippe épouse Jeanne de Navarre, ce qui lui offre la couronne de Navarre. L'année suivante, il devient roi de France à la mort de son père. Fervent croyant, Philippe IV est également un grand amateur de chasse ; ce qui tient alors lieu de cour se déplace ainsi entre Vincennes, Fontainebleau et partout où la chasse appelle le souverain, tandis que Paris est la résidence hivernale du roi.
À l'époque de Philippe le Bel, le royaume compte au moins quinze millions de sujets, ce qui en fait de loin le royaume le plus peuplé d'Europe. Paris, avec 200 000 habitants, est la plus grande ville d'Europe (Londres n'en compte alors pas le quart). Peuplé, le royaume est également riche : les famines des siècles précédents sont oubliées, même si la situation agricole du royaume est parfois tendue, dans les régions céréalières du Nord notamment, du fait de printemps froids et humides. L'industrie est en expansion, mais ce n'est qu'en Flandre qu'elle joue un rôle majeur. L'économie connaît des changements fondamentaux, les banquiers italiens (les « lombards ») jouant un rôle de plus en plus important ; les principales routes commerciales entre le nord du royaume et la Flandre d'une part, la Méditerranée d'autre part, se déplacent, au détriment notamment des foires de Champagne.
Le règne de Philippe le Bel marque une importante étape dans le passage de la monarchie féodale fondée sur les seuls rapports vassaliques à une monarchie territoriale et administrative, employant notaires et secrétaires dont le rôle s'accroît. En son Conseil, le roi s'exprime peu, et laisse ses conseillers, les légistes, exposer la politique royale. Parmi les plus célèbres légistes figurent Pierre Flote, Guillaume de Nogaret, Guillaume de Plaisians, Gilles Aycelin (évêque de Narbonne) et Philippe de Villepreux (un juif converti), sans oublier le conseiller des dernières années du règne, Enguerrand de Marigny. Le roi s'entoure en outre des conseils de deux banquiers toscans, les frères Albizzo et Musciatto Guidi dei Franzesi – plus connus sous leurs noms francisés de Biche et Mouche –, dont la famille s'est installée en France durant le règne de son père Philippe III.
Le roi réunit souvent des assemblées des barons et des représentants des principales villes du royaume, lorsqu'il a besoin de l'accord de tous. Inspirées de l'exemple des institutions méridionales, ces assemblées (préfiguration des états généraux) ne donnent cependant lieu ni à des négociations, ni à un vote ; l'accord de tous est implicite ; enfin, le roi les convoque quand il le veut et les compose à sa guise.
Par son mariage avec Jeanne de Navarre, Philippe le Bel prépare l'annexion de la Champagne (les maisons de Champagne et de Navarre étant unies depuis 1195). Sous son règne, Lyon et la partie du Barrois située à l'ouest de la Meuse – appelé le Barrois mouvant car dépendant (« mouvant ») du Capétien – sont rattachées à la France, ainsi que le comté de Bourgogne (la Franche-Comté actuelle) qui est cédé au Capétien par le comte Otton IV lors du traité de Vincennes (mars 1295).
Philippe le Bel réduit la marge d'autonomie des fiefs en les soumettant aux contrôles de la justice royale et en passant outre les prérogatives des barons. C'est en ce sens qu'après 1302 (et le désastre de la bataille de Courtrai), il impose un recours direct à ses arrière-vassaux (les vassaux de ses vassaux). D'une façon générale, Philippe le Bel cherche à imposer ses décisions, y compris en convoquant des assemblées du royaume pour s'assurer du soutien de ses sujets sans passer par l'intermédiaire de ses barons. Cette conception du pouvoir préfigure la monarchie telle qu'elle succédera au système féodal.
Philippe le Bel convoite les territoires anglais de Guyenne. Vassal du roi de France pour la Guyenne, le roi Édouard Ier d'Angleterre n'a rendu hommage à son suzerain qu'à contrecœur lors de son accession au trône. Aussi, Philippe le Bel profite-t-il d'escarmouches entre marins normands (relevant du Capétien) et bayonnais (relevant du Plantagenêt) pour citer à comparaître Édouard, le 27 octobre 1293. Comme le duc-roi ne se présente pas devant son suzerain le jour de la convocation, la confiscation de la Guyenne est prononcée le 19 mai 1293. Cependant, l'exécution de la sentence implique la conquête du duché.
Les opérations militaires sont d'abord favorables aux Anglais. Mais, en 1295, les armées du Capétien, sous le commandement de Charles de Valois (frère du roi) occupent le duché. Édouard Ier demande une trêve en janvier 1296, tandis que le pape rend son arbitrage. Le roi d'Angleterre conserve la Guyenne – même si la question de l'hommage n'est pas résolue –, et une alliance entre la France et l'Angleterre est scellée par le mariage de Marguerite (sœur de Philippe le Bel) avec Édouard Ier, et la promesse de celui d'Isabelle de France (fille du Capétien) avec le futur Édouard II. En 1303, par le traité de Paris, Philippe le Bel rend à l'Angleterre l'ensemble des territoires de Guyenne.
La politique flamande de Philippe le Bel le conduit à rechercher l'appui des grands marchands, lesquels sont hostiles au pouvoir comtal trop prompt à s'immiscer dans leurs affaires, tandis que le comte, Guy de Dampierre, recherche le soutien du peuple des artisans. En 1297, le comte de Flandre, espérant l'alliance du roi d'Angleterre et celle de l'empereur germanique, Adolphe de Nassau, se déclare délié de ses liens de vassalité avec le roi de France. Les Français entrent aussitôt en guerre et prennent la plupart des villes flamandes. En 1300, Guy de Dampierre et ses fils sont pris par les Français et exilés dans l'intérieur du royaume.
En mai-juin 1301, Philippe le Bel, accompagné de la reine, visite les villes flamandes et nomme Jacques de Châtillon gouverneur du comté. Les Brugeois se révoltent contre l'autorité de ce dernier, et massacrent une partie de la garnison occupant la ville (les « Mâtines de Bruges », 18 mai 1302). Afin de punir les rebelles flamands, Philippe le Bel envoie une armée, qui subit une défaite écrasante à la bataille de Courtrai, le 11 juillet suivant ; au terme de la bataille, les Flamands s'emparent des éperons dorés des dépouilles (d'où le nom de « bataille des Éperons d'or ») des nombreux chevaliers morts au combat, parmi lesquels figurent le chancelier Pierre Flote, Jacques de Châtillon et Robert d'Artois.
Le désastre de Courtrai affaiblit considérablement la position de Philippe le Bel, à un moment où le conflit avec la papauté atteint son point culminant ; la défaite est cependant vengée par les victoires de Zierikzee et de Mons-en-Pévèle (18 août 1304) – au cours de cette dernière bataille, Philippe le Bel combat en personne –, et la Flandre est occupée. Par le traité d'Athis (1305), le comté de Flandre est soumis à des conditions draconiennes : destruction des enceintes fortifiées de Bruges, Gand, Ypres, Lille et Douai, ces deux dernières villes étant restituées à la Flandre ; indemnité de guerre de 400 000 livres ; obligation faite aux Brugeois d'envoyer 3000 d'entre eux en pèlerinage ; rente de 20 000 livres versée au roi de France par la famille de Dampierre. Les affaires de Flandre ne sont cependant pas réglées car les villes ne parviennent pas à payer l'indemnité. Par le traité de Pontoise (11 juillet 1312), le comte de Flandre cède à la couronne Lille, Douai et Béthune, en échange de Cassel.
Durant l'été 1314, le légiste Enguerrand de Marigny – qui a succédé à Guillaume de Nogaret, mort quelques mois plus tôt – veut faire payer les bourgeois des villes de Flandre ; ce retournement de la politique royale a pour effet de dresser contre Philippe le Bel à la fois le comte et les habitants de Flandre. Un nouveau conflit armé est sur le point de s'engager lorsque, le 3 septembre, par la convention de Marquette, une nouvelle trêve est proclamée. Mécontentant les barons, Marigny est alors accusé d'avoir sacrifié les intérêts du royaume à des entreprises commerciales.
Philippe le Bel entreprend de contrôler davantage le clergé français, aux dépens du pouvoir du pape. Le roi estime qu'évêques et abbés lui doivent hommage et ne doivent en aucun cas agir contre les intérêts du royaume ; de plus, en prévision d'une éventuelle croisade, le roi souhaite recevoir une aide financière substantielle du clergé de France. La définition de la place exacte du clergé français par rapport au roi et à Rome est ainsi au centre des affaires religieuses du règne.
Les relations de Philippe le Bel avec la papauté s'enveniment notablement avec l'élection du pape Boniface VIII. Ce dernier, qui a succédé à Célestin V en décembre 1294 (à la suite de la renonciation de ce dernier), engage les hostilités à propos des contributions financières du clergé français (affaire de la décime, 1296-1297). La victoire du Capétien sur cette question amène Boniface VIII à calmer les tensions en canonisant le grand-père de Philippe le Bel, Louis IX (Saint Louis), en 1297.
Le conflit est ravivé en 1301 par l'affaire de l'évêque de Pamiers, Bernard Saisset. L'évêque, qui a entamé une campagne de dénonciation des abus royaux et cherche à attirer le comte de Foix dans une tentative de sécession, est arrêté par les agents du roi en 1301. L'affaire Saisset devient le point de départ d'une épreuve de force entre Philippe le Bel, qui souhaite pouvoir faire juger des clercs accusés de trahison, et une partie du clergé, hostile à ces empiétements du roi sur leurs prérogatives. L'affaire Saisset se clôt avec la bulle Ausculta fili (5 décembre 1301), adressée à Philippe le Bel, qui affirme la soumission du roi « au chef suprême de l'Église ».
En 1302, Boniface convoque l'Église de France à un concile qui doit se tenir à Rome à la Toussaint, dans le but de « discuter, diriger, statuer, procéder, faire et ordonner ce qui Nous semblera utile […] à la réforme du roi et du royaume, à la correction des abus et au bon gouvernement ». Le pape se pose ainsi en juge du roi et suspend, jusqu'à la tenue du concile, toutes les concessions antérieures, notamment en matière fiscale. En réponse, Philippe le Bel convoque aussitôt une assemblée du royaume, qui se tient le 10 avril 1302 à Notre-Dame de Paris devant un millier de représentants du clergé, des barons et des villes, au cours de laquelle les prétentions pontificales sont réfutées. Le roi réplique qu'aux « déraisonnables entreprises » de Boniface, il faut opposer une réforme de l'Église. C'est au cours de cette assemblée qu'est employé pour la première fois le qualificatif de « gallicane » appliqué à l'Église de France (gallicanisme) ; il s'agit déjà de faire reconnaître par le clergé français le pouvoir du roi sur les affaires temporelles du royaume, et de nier celui du pape dans ce domaine. À la suite de l'assemblée de Notre-Dame, Boniface menace de déposer Philippe le Bel. Le concile se tient à Rome en novembre 1302, tandis que la bulle Unam sanctam consacre le rôle du pape comme chef de la chrétienté. La stratégie royale, sous l'influence de Guillaume de Nogaret, s'attaque désormais à la personne même de Boniface VIII, accusé d'usurpation et d'hérésie. Selon le conseiller du roi, le pouvoir du Capétien ne dépend que de Dieu, ainsi qu'en atteste la cérémonie du sacre à Reims. Le pape doit être suspendu, et un nouveau concile doit être convoqué pour le déposer et élire son successeur. C'est en ce sens que Guillaume de Nogaret se rend en Italie pour notifier au pape sa comparution devant un concile. Pendant deux jours, sous la pression des Français, Boniface est prisonnier en son palais d'Anagni (c'est l'attentat d'Anagni de septembre 1303). Libéré par ses partisans, Boniface VIII meurt quelques semaines plus tard.
Son successeur Benoît XI mène une politique favorable au roi de France, mais meurt à son tour en juillet 1304. Le nouveau pape, élu le 5 juin 1305, est un Français, qui règne sous le nom de Clément V. Par la bulle Rex gloriae (1311), il annule tous les actes de Boniface VIII contre Philippe le Bel.
Le 14 septembre 1307, Philippe le Bel fait parvenir, par lettres closes, à ses baillis et sénéchaux l'ordre d'arrêter le mois suivant les membres du puissant ordre des Templiers ; le secret est bien gardé et, le 13 octobre, pratiquement tous les Templiers sont surpris et arrêtés. Leurs biens sont aussitôt inventoriés et saisis, tandis que les premiers aveux sont extorqués sous la torture – hérésie, idolâtrie, sodomie –, entraînant un scandale majeur au sein de la chrétienté. Le 22 novembre suivant, Clément V ordonne à son tour l'arrestation des Templiers dans tout l'Occident chrétien.
Les Templiers sont remis à l'Inquisition. Sous la pression de Philippe le Bel, le pape condamne au bûcher les relaps : 54 Templiers sont brûlés le 12 mai 1310, puis quelques autres dans les jours suivants. De même, l'ordre des Templiers est supprimé par la bulle Vox in excelso (3 avril 1312), et les richesses des Templiers sont données aux Hospitaliers. Les derniers dignitaires Templiers – dont le grand-maître Jacques de Molay, le visiteur de France Hugues de Pairaud et les 4 précepteurs de l'ordre (Provence, Normandie, Aquitaine et Outre-Mer) – sont condamnés à la prison à vie, le 19 mars 1314. Cependant, Jacques de Molay et Geoffroi de Charnay (le précepteur de Normandie) s'étant rétractés en public, ils sont brûlés le soir même sur un bûcher dressé dans l'île de la Cité, à Paris.
Les guerres et la diplomatie royale coûtant cher, les questions de finances constituent l'un des principaux aspects du règne de Philippe le Bel.
Au début du règne de Philippe le Bel circulent des deniers, des gros et des livres ; il faut 12 deniers pour faire un sou, matérialisé depuis le règne de Louis IX par le gros d'argent, et 20 sous font une livre ; en diminuant la quantité d'argent dans le denier, il est donc possible de diminuer la valeur de celui-ci par rapport au sou. En 1295, la monnaie royale émet des deniers de moindre aloi, ce qui fait passer la valeur du gros à 15 deniers. De même, un double, valant officiellement deux deniers, ne contient en réalité qu'une fois et demie la valeur de celui-ci en argent. Ainsi, très rapidement, la valeur officielle des monnaies s'éloigne de leur valeur réelle, comptée en argent réellement présent dans les pièces, ce qui entraîne une spéculation de la part des changeurs professionnels, et l'incompréhension sinon l'hostilité de la population. Le roi cherche à contrôler les changeurs, les obligeant à livrer l'argent métal aux ateliers royaux, et, à Paris, il impose leur regroupement sur le Grand Pont.
Philippe le Bel décide en outre de passer au bimétallisme en introduisant, en 1290, un « royal » d'or pur, valant 10 sous, ce qui établit le rapport de l'or à l'argent de 1 à 12 – ce rapport monte pratiquement à 20 en 1311, avant de redescendre aux alentours de 15, tandis qu'il est moindre (de l'ordre de 1 à 13) dans les riches cités italiennes, bien alimentées en or par leurs marchands. Ce rapport ne peut être fixe, évoluant en fonction des besoins de numéraires des marchands notamment, et de la rareté de l'un ou l'autre métal. Dans tous les cas, il faut empêcher la spéculation avec l'étranger et contrôler l'argent emporté par les marchands. Enfin, le roi modifie l'aloi de ses pièces d'or, en introduisant une masse d'or à 21 carats en 1290, titre ramené à 22 carats en 1310.
L'ensemble de ces manipulations monétaires aboutissent à une dévaluation de fait de la valeur des petites pièces d'argent de moitié entre 1295 et les années 1310.
Les difficultés rencontrées au cours de son règne amènent également Philippe le Bel à apporter de profondes modifications au système fiscal. Dans les années qui suivent le désastre de Courtrai, le roi décide d'imposer directement ses sujets – qui auparavant devaient leurs impôts à leur seigneur – et d'exempter de l'impôt tous les non-nobles qui s'engagent à servir dans l'armée. Le roi a l'habileté d'augmenter le seuil de non-imposition, ce qui lui procure très rapidement une augmentation du Trésor.
Toujours dans l'idée de renflouer les caisses royales, Philippe le Bel use souvent d'expédients. Le clergé est le premier visé par les mesures exceptionnelles (l'affaire de la décime a été l'une des causes du conflit du roi avec Boniface VIII). En 1303, le clergé doit débourser 30 % de son revenu brut. On peut estimer que, tout au long du règne, le clergé contribue pour plus de moitié aux finances royales.
Le roi impose les exportations, mais le rapport qu'il en retire est faible. Il espère obtenir davantage de la Flandre après le traité d'Athis, mais celle-ci ne peut payer. En 1306, il fait expulser les juifs, auparavant redevables d'une taxe imposant le port de la rouelle rouge cousue sur leur vêtement. La plupart des juifs (100 000 environ) s'expatrient, tandis que certains se convertissent, mais le rapport pour les finances du royaume s'étale sur plusieurs années, le temps de recouvrer leurs créances. Les banquiers et marchands lombards, à leur tour, sont victimes de l'expulsion entre 1309 et 1311 – soit après la mort des frères Biche et Mouche.
Enfin, la saisie des biens des Templiers rapporte fort peu puisque les biens de l'ordre sont dévolus à l'Hôpital ; les finances royales ne perçoivent que 200 000 livres pour solder les comptes.
Les derniers mois du règne de Philippe le Bel sont marqués par le scandale des trois brus du roi. Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis de Navarre (futur Louis X), et Blanche d'Artois (ou de Bourgogne), épouse de Charles (futur Charles IV) deviennent les amantes de Gautier d'Aunay et de son frère Philippe au début des années 1310 ; pour sa part, la troisième bru, Jeanne d'Artois, sœur de Blanche et femme de Philippe (futur Philippe V), reste fidèle à son époux mais, au courant de l'affaire, préserve le secret de ses deux belles-sœurs. En mai 1314, ces liaisons sont rendues publiques par Isabelle de France, la fille de Philippe le Bel. Le crime est de lèse-majesté, et le châtiment des frères d'Aunay est exemplaire (ils sont écorchés vifs, châtrés et pendus) ; Marguerite et Blanche sont tondues et enfermées à Château-Gaillard ; Jeanne est également emprisonnée pour avoir gardé le secret. Ainsi, à la veille de la mort du roi, ses trois fils se retrouvent sans épouses ni descendance masculine.
Philippe le Bel meurt le 29 novembre 1314, des conséquences d'une chute de cheval. Il est inhumé le 3 décembre à Saint-Denis, son cœur étant donné aux dominicaines de Poissy.
Bien que Philippe le Bel ait eu trois fils, la dynastie capétienne se trouve, dans les années 1320, face à la plus importante crise de son histoire, qui fait passer la couronne de la lignée des Capétiens directs à celle des Valois. Ses trois fils, qui règnent successivement – Louis X le Hutin (1314-1316), Philippe V le Long (1316-1322), Charles IV le Bel (1322-1328) –, meurent sans laisser d'héritier mâle. La fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, mariée à Édouard II d'Angleterre, lui donne un fils (futur Édouard III), qui est donc, au moment de la mort de Charles IV, le seul petit-fils vivant du défunt Philippe le Bel. Les Valois, qui prennent le trône avec l'agrément des barons, sont une branche collatérale des Capétiens, et les Anglais contestent la légitimité de Philippe VI de Valois. Cette crise dynastique est l'une des causes immédiates de la guerre de Cent Ans.