Louis IV d'Outremer (920 ou 21-954)

Roi de France de 936 à 954

Louis IV d'OutremerLouis IV dit d'Outremer (10 septembre 920 ou 921-10 septembre 954, Reims), fils de Charles III le Simple et d'Edwige de Wessex, est un roi des Francs (936-954) de la dynastie carolingienne. Il meurt à Reims et est inhumé à l'église Saint Rémi de Reims.

L'avènement de Louis IV marque le retour de la dynastie carolingienne sur le trône. La restauration est voulue par Hugues le Grand. Ce dernier est le premier personnage de Neustrie, en tant que seigneur féodal des comtés de sa région, comte lui-même dans une dizaine des plus importants, et abbé laïque des plus importantes abbayes, comme Saint-Martin de Tours. Il ne souhaite pas régner lui-même, car il serait obligé alors d’abandonner ses comtés ; il veut donc le faire à travers un prince prête-nom. Il considère que le fils de Charles le Simple, Louis, qui est élevé à la cour du Wessex (d’où son surnom de Louis d’Outre-mer), a, en tant que Carolingien, la capacité de mettre en, échec son rival Herbert de Vermandois, tout en étant suffisamment jeune (il a 15 ans) pour être sous sa coupe.

En 936, Louis d’Outremer débarque à Boulogne où il reçoit sur la plage l'hommage des grands. il est couronné à Laon. Au début de son règne, c’est un instrument dans les mains d’Hugues le Grand. Les premiers diplômes du roi rendent à ce dernier le titre de duc des Francs, et le placent officiellement comme le "deuxième après nous". Sa suprématie est reconnue ; un échelon est ainsi créé entre le roi et les vassaux et sujets. Hugues espère ainsi ne plus se retrouver dans la position de second plan qui avait été la sienne durant le règne de Raoul. Il se veut prince sur toute l'étendue du royaume des Francs, au lieu de respecter le principe que chaque prince est maître de sa principauté. De telles prétentions suscitent l'hostilité de l'aristocratie, qui voit dans le Robertien une menace pour son pouvoir bien plus sérieuse que celle d'un roi. D'autre part, Louis n'entend pas être un fantoche et s'émancipe dès 937 de la tutelle ducale.

A partir de cette date, le roi et le duc sont adversaires. Chacun conclut des alliances qui sont éphémères. Les Grands soutiennent tantôt l'un, tantôt l'autre. Louis IV s'appuie sur Hugues le Noir, frère du roi Raoul, sur l'archevêque de Reims, Artaud, sur les princes d'Aquitaine, Guillaume Tête d'Étoupe de Poitou et d'Auvergne, et Raimond III de Toulouse-Gothie. Hugues, pour sa part, se rapproche de son vieil ennemi Herbert de Vermandois et du roi de Germanie Otton 1er. Dans cette lutte, le roi ne peut guère qu'opposer des dynasties "féodales" les unes aux autres, car il est quasiment dépourvu de forces militaires appréciables, à l'exception des troupes des évêchés de Reims et de Laon. Il se trouve en position défavorable face à la puissance d'Otton 1er, spécialement après la perte de Reims, d'où il tenait une grande partie de ses ressources, et une grave défaite dans le Porcien. Mais le soutien des Grands d'Aquitaine et du duc des Normands, Guillaume Longue-Epée, rééquilibre le rapport des forces : la paix est conclue à Visé en novembre 942. L'essentiel en est la réconciliation de Louis et d'Otton : les grands vassaux rebelles doivent reconnaître à nouveau la suzeraineté de Louis IV, qui voit s'accroître de manière importante sa marge de manœuvre. Deux grandes affaires de succession (Normandie, fin 942 et Vermandois, début 943) amènent un rapprochement du roi et d'Hugues le Grand. Le roi qui a repris de l'assurance, relance le conflit avec le duc en 944. Disposant à ce moment d'une forte armée, et auréolé d'une victoire sur les Normands païens à Rouen, le roi croit maintenant possible de rompre avec le duc des Francs.

Mais il ne peut poursuivre très longtemps sa politique du pouvoir royal. Tombé dans un piège (Louis d'Outre-mer est pris par les habitants de Rouen, sujets pourtant du duc de Normandie, Richard 1er, celui-là même dont le roi avait reçu trois années auparavant l'hommage pour son duché) ; le malheureux souverain est livré à Hugues et le comte de Chartres et de Blois (Thibaut le Tricheur à la réputation fâcheuse) reçoit la mission de garder le prisonnier en juillet 945. Au bout d'un an, le roi est libéré et reçoit de nouveau l'hommage des grands, mais c'est au prix de Laon, sa seule place forte. Le roi n'est pas homme à accepter l'humiliation et la neutralisation politique. Il n'a plus qu'un recours, son beau-frère Otton 1er, qui n'admet pas l'abaissement de la fonction royale. Il pénètre en France avec une importante armée, et s'empare de Reims avec Louis IV. mais c'est le seul succès de cette campagne : l'armée ottonienne se révèle incapable de prendre des places bien fortifiées, comme Laon, Senlis ou Paris. D'autre part, Hugues avait toujours refusé le combat. La grande affaire est alors la compétition pour le siège de Reims entre les deux archevêques, celui du roi, Artaud et celui du duc, Hugues de Vermandois. Seul un symbole peut trancher la question. A celui d'Ingelheim en 948, Louis IV obtient la condamnation d'Hugues le Grand et d'Hugues le Vermandois, et l'affirmation d'un principe essentiel pour la royauté : "Que nul n'ose à l'avenir porter atteinte au pouvoir royal, ni le déshonorer traîtreusement pour un perfide attentat". Hugues le Grand est sommé de se soumettre, sous peine d'être exclu de l'Église, ce qui est une menace réellement intimidante. A la suite d'une série d'opérations militaires, toujours entre Laon et Soissons, c'est la confirmation par le pape des sanctions du synode contre lui qui le conduit à accepter la paix de 950, confirmée définitivement en 953.

Gerberge de SaxeLe 10 septembre 954 il meurt accidentellement d'une chute de cheval, poursuivant un loup en forêt de Voas entre Laon et Reims.

De son mariage avec Gerberge de Saxe, Louis IV eut :

- Lothaire, roi des Francs,
- Mathilde, née à la fin de 943, morte le 26 ou le 27 janvier, entre 981 et 992, inhumée en la cathédrale Saint-Maurice de Vienne (Isère),
- Charles, né à Laon en janvier 945, livré aux Normands, après le 13 juillet 945, comme otage pour le roi Louis IV tombé entre leurs mains, mort à Rouen avant 953,
- Une fille, née début 948, baptisée en milieu d'année,
- Charles, duc de Basse-Lotharingie, nommé aussi Charles de Lorraine,
- Henri, frère jumeau du précédent, né à Laon pendant l'été 953, mort peu après son baptême.

À peine le roi décédé, la reine se sent obligée de demander l'aval du duc Hugues pour sacrer son fils Lothaire. C'est chose faite le 12 novembre 954 à Saint-Remi de Reims. La régence du royaume ne revient pas à Gerberge mais à son frère Brunon de Cologne, Son fils Charles, appelé Charles de Basse Lotharingie, serait le fondateur de la ville de Bruxelles.

Raoul 1er           Lothaire
Les Carolingiens