Lothaire (941-986)

Roi de France de 954 à 986

LothaireIl est le fils de Louis IV d'Outremer et de Gerberge de Saxe, né à Laon en 941 et mort à Compiègne en 986. Il fut inhumé à l'église Saint Rémi de Reims

Le règne de Lothaire, qui devient roi à 13 ans et est sacré le 12 novembre 954 à l'abbaye Saint-Remi de Reims par l'archevêque de Reims Artaud, commence comme celui de son père. il n'accède au trône qu'avec le consentement d'Hugues le Grand, plus puissant que jamais, à force d'avoir accru ses domaines et ses alliances. Mais la mort d'Hugues le Grand à la mi-juin 956 change complètement la situation. Ses fils sont comme Lothaire, mineurs. Or la mère est, comme celle de Lothaire, une sœur d'Otton 1er. Par ce moyen s'installe une véritable tutelle d'Otton sur le royaume, confirmée par le mariage de Lothaire avec Emma d'Italie, fille de Lothaire d'Arles et belle-fille du roi de Germanie. Emma d'Italie, representation imaginaire par francois delpech debut xixe siecleLothaire fait donc à ce moment-là partie, avec ses royaumes, du système familial et politique ottonien.

Quant aux deux fils d'Hugues le Grand, le cadet recevra le duché de Bourgogne, tandis que le duché de France échoit à l'aîné : Hugues Capet. Hugues Capet tente de faire élire un archevêque de son choix, à Reims ce qui serait pour lui un atout précieux. L’église de Reims est doublement importante, par ses ressources matérielles et parce que c'est elle qui confère en fait sa légitimité au roi. Mais Hugues ne réussit pas à imposer son candidat, qui n'était autre que ce Hugues de Vermandois, ancien usurpateur du siège archiépiscopal sous le règne de Louis IV ; c'est celui de Lothaire, un ottonien, qui l'emporte.

Commence alors un jeu d'alliances et de contre-alliances dont le résultat sera en fin de compte défavorable à Lothaire. Devant l'échec d'Hugues Capet, les Vermandois passent du côté de Lothaire. C'est pour lui, apparemment, un facteur de renforcement, à cause de la puissance considérable de la famille qui se rallie à lui. Il peut se dégager ainsi de la dépendance d'Otton. Mais les inconvénients de cette alliance l'emportent en fait sur ses avantages. Elle menace en effet les intérêts de l'Église de Reims, à cause des faveurs accordées aux Vermandois, aux dépens des vassaux de celle-ci. Comme les archevêques de Reims sont tous ottoniens pendant cette période (Adalbéron en particulier, nommé en 969, mène une politique résolue en faveur de l'Empire), ils se tournent vers l'empereur pour faire pression dans un sens hostile à Lothaire ; ainsi s'accentue l'éloignement de Lothaire et d'Otton. Lothaire ne semble pas voir que cette situation est dangereuse pour lui ; il rêve de reprendre la Lotharingie. Ses efforts en ce domaine impliquant une franche hostilité à l'Empire, la dégradation de ses rapports avec lui est rapide, surtout après la mort d'Otton 1er en 973.

Le conflit finit par éclater ouvertement : le roi soutient contre Otton II des Lorrains en révolte, qui infligent une défaite aux troupes impériales à Mons en 976. Otton II a l'occasion de se venger, quand le frère de Lothaire, Charles, est exilé pour avoir accusé la reine Emma d'adultère : il le nomme duc de Basse Lotharingie, ce qui est une insulte directe à Lothaire. celui-ci se venge à son tour par un coup de main sur Aix-la-Chapelle, dont le palais est saccagé. Dans la guerre qui s'ensuit, Otton entre en France, mais son entreprise tourne court assez vite. Tous ses épisodes sont révélateurs d'une évolution de fond qui sépare de plus en plus les anciennes parties du Regnum Francorum. Cela n'empêche pas Lothaire de croire qu'il peut intervenir dans les rivalités intestines de l'Empire après la mort d'Otton II en 983. Ses tentatives malheureuses ne font qu'aggraver le conflit qui l'oppose aux Ottoniens, et précipitent l'alliance depuis longtemps en marche de l'Empire et de Hugues Capet. Il se retrouve donc à la fin de son règne profondément affaibli.

Alors qu'il est sur le point de mener une nouvelle expédition contre Liège et Cambrai, Lothaire meurt subitement le 2 ou 10 mars 986. Il est âgé de 44 ans. Il a droit à de grandioses funérailles et fut enterré à gauche de Louis IV, son père dans le chœur de Saint-Remi de Reims.

Louis IV d'Outremer           Louis V le Fainéant
Les Carolingiens