Raoul ou Rodolphe (Robertien) (v.890-936)
Roi de France de 923 à 936
Raoul ou parfois Rodolphe de Bourgogne, né vers 890 et mort en 936 à Auxerre, est duc de Bourgogne et comte d’Auxerre de 921 à 923, puis roi des Francs de 923 à 936.
Il est le seul souverain des Francs n'ayant aucun lien avec les trois grandes familles ayant régné sur la France, les Mérovingiens, les Carolingiens et les Capétiens.
Raoul appartient à la famille des Bivinides, les descendants de Bivin de Gorze. Il est le fils du duc de Bourgogne Richard II le Justicier, comte d'Autun devenu duc de Bourgogne sous le règne d'Eudes, qui avait écrasé les Normands à la bataille d'Argenteuil en Tonnerrois le 28 décembre 898. Il succède à ce dernier en 921 et, la même année, il épouse Emma, la fille du puissant comte de Paris Robert. L'année suivante, les barons francs détrônent le roi Charles III le Simple et élisent pour le remplacer le comte Robert de Paris (Robert 1er de France). Les deux rois et leurs partisans s'affrontent et Robert 1er est tué le 15 juin 923 à Soissons pendant le combat. Hugues le Grand, le fils de Robert, ne souhaite pas devenir roi (car il devrait alors renoncer à ses terres). Les nobles francs offrent alors la couronne à Raoul de Bourgogne, le gendre de Robert. Il est sacré à Soissons le 13 juillet.
Cependant, Charles le Simple n'a pas renoncé à son trône, mais Herbert de Vermandois lui tend un guet-apens et le fait prisonnier. Le captif est enfermé d’abord à Château-Thierry, puis à Péronne.
Le règne de Raoul est marqué par les incessantes incursions des Normands qui ont rompu la paix signée entre Charles III le Simple et Rollon, leur chef.
Le roi tente d'acheter la paix en leur octroyant des provinces comme le Maine et le Bessin, mais il lutte aussi contre eux avec vigueur. Il les bat à Eu en 925 et il est vaincu l'année suivante en janvier à Fauquembergue (Pas-de-Calais), ou il est grièvement blessé. Il perd, d'autre part, la Lotharingie, cédée au Saxon Henri l'Oiseleur et doit également combattre des envahisseurs hongrois, qui sont refoulés hors du territoire franc en 935.
Il lutte surtout contre son beau-frère, Herbert II de Vermandois, dont l'appétit est grand et qui le menace de remettre sur le trône Charles le Simple, qu'il a capturé par traîtrise, et dont il se sert comme moyen de pression vis-à-vis du roi. Il tire Charles le Simple de prison, l’installe à Saint-Quentin et le reconnait comme le souverain légitime. Devant cette menace, le roi doit lui céder Laon, qu'il reprend après la mort de Charles le Simple en 929.
En 933, il reçoit l'hommage de Guillaume Longue-Epée, fils du chef normand Rollon, ce qui met fin à de vieilles querelles. Deux ans plus tard, il se réconcilie avec Herbert II de Vermandois. Il repart encore en campagne contre les Hongrois, mais ses forces déclinent et il meurt subitement à Auxerre le 15 janvier 936. Il n'a pas de descendance. Son beau-frère Hugues le Grand fait élire le Carolingien Louis, fils de Charles III le Simple, âgé de quinze ans, de retour de son exil d’Angleterre et qui devient Louis IV d’Outremer. Le trône de France, passé un moment aux Robertiens, revenait aux Carolingiens jusqu’à l’avènement en 987 de Hugues Capet, fils de Hugues le Grand.