Louis et Carloman : les successeurs de Louis le Bègue
Louis III (863-882), Roi des Francs de 879 à 882
Né en 863 ou 864, mort à Saint-Denis le 5 août 882. Fils de Louis II le Bègue et d'Ansgarde de Bourgogne, il succéda à son père à sa mort, le 10 avril 879, non sans contestation toutefois. En effet un parti puissant, à la tête duquel se trouvaient l'abbé Gozlin (ou Gauzlin) de Saint-Denis et le comte Conrad, qui ne reconnaissaient pas Louis et Carloman pour fils légitimes de Louis II, voulaient donner la couronne au roi Louis Ill de Germanie.
Grâce au duc Boson, Louis et Carloman purent être couronnés par l'archevêque de Sens, Ansegise, dans l'abbaye de Ferrières en Gâtinais, le 4 septembre 879. Des négociations s'engagèrent à Metz, par l'intermédiaire de Wautier, évêque d'Orléans, avec Louis de Germanie, qui consentit à se désister de ses prétentions au- frêne de France, moyennant l'abandon de la Lorraine.
Après une entrevue avec Charles le Gros, les deux rois firent une expédition heureuse contre les Vikings de la Loire, puis, en mars 880, ils partagèrent la monarchie. Louis eut la partie de la France qui avait appartenu à Charles le Chauve (une portion occidentale de l'Austrasie) et la Neustrie. Ce partage fait, alliés à Louis de Germanie et à Charles le Gros, ils allèrent combattre Hugues, bâtard de Lothaire, qui revendiquait la Lorraine, puis Boson, qui s'était fait proclamer roi au concile de Mantaille.
Ils s'emparèrent de Mâcon, mais l'assiégèrent vainement dans Vienne (juillet 880). Forcé de quitter le siège pour repousser les incursions des Vikings, Louis III tailla en pièces ceux de la Somme, à Saucourt en Vimeu (Ponthieu), au mois d'août 881, puis se dirigea sur ceux de la Loire et réussit à les chasser du royaume.
Légende ou réalité ? En août 882, Louis III disparait prématurément d'une mort mystérieuse. Longtemps attribué à l’épuisement dû à la guerre, la fin tragique de ce roi éphémère fut causée par la vue d’un jupon. Du haut de ses 18 ans et d’une jeunesse passée à guerroyer contre Hugues le bâtard et les normands, le sang de Louis III se met à bouillir lorsqu’il aperçoit la fille d'un certain Germond à qui il veut conter fleurette. Le roi est à cheval. La jeune fille refuse de céder à ses avances et part en courant pour se réfugier à l’intérieur de la maison de son père. Echaudé, Louis III se lance à sa poursuite à cheval. Il est encore en selle lorsqu’il rattrape la jeune fille qui s’engage sous une porte… le roi s’encastre contre le linteau d'une porte trop basse, se fracasse le crâne, puis tombe de cheval en s’esquintant les reins. Il meurt quelques heures plus tard. La légende veut que la famille Germond ait adopté le cheval régicide et se soit mis à le choyer car il avait permis de sauver l’honneur de la jeune-fille.
Sitôt enterré, Carloman, le frère du roi, le remplace.
Carloman II (v.867-884), Roi d'Aquitaine (879-882), puis des Francs de 879 à 884
Né vers 867, mort le 6 décembre 884 à Lyons-la-Forêt, deuxième fils de Louis II dit le Bègue et d’Ansgarde de Bourgogne, il est, à la mort de son père :
- roi d’Aquitaine et de Bourgogne de 879-882,
- puis roi des Francs conjointement avec son frère Louis III de 879 à 882,
- puis seul roi après la mort de Louis III en 882, jusqu’en 884.
Il se vit à un moment écarté du trône par les diverses factions qui agitaient la France. Une partie de l’aristocratie remet la couronne à Louis III le Jeune, fils de Louis II le Germanique, car l’un des meneurs, l’abbé Gozlin (ou Gauzlin) de Saint-Denis, espère jouer un rôle primordial en récupérant l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui fut donnée à son rival, l'abbé Hilduin de Saint-Denis. Cependant, le reste de l’aristocratie, comme Bernard Plantevelue, le chambrier Thierry et Hugues l’Abbé, parvient à détourner Louis le Jeune en lui donnant la partie de la Lotharingie que Charles le Chauve avait reçu par le traité de Meerseen en 870 face à Louis le Germanique. Ils peuvent faire monter sur le trône les deux fils du feu Louis le Bègue. Les deux frère Louis et Carloman, furent sacrés en septembre 879, le premier roi de Neustrie et d’une partie de l’Austrasie ; le second, roi d’Aquitaine et d’une partie de la Bourgogne : le reste de la France était passé sous des dominations étrangères.
Carloman et Louis III trouvèrent leur salut dans leur union ; ils poursuivirent Hugues le Bâtard, fils illégitime de Lothaire II, qui au nom de son père revendiquait la Lorraine, Boson, qui s’était fait un royaume dans le Midi de la France, et les Normands qui ravageaient toutes les provinces. Ils furent presque toujours victorieux ; mais ces victoires, peu décisives dans un temps où les rois sans pouvoir n’avaient que de petites armées levées à la hâte, n’éloignaient pas la nécessité de combattre sans cesse les mêmes ennemis.
Louis III étant mort (5 août 882), Carloman devint seul roi de France ; il mourut lui-même au mois de décembre 884, d’une blessure d'une flèche lancée par un de ses officiers contre un sanglier, qu’il reçut à la chasse dans la foret de Bezu.
Le , il avait été fiancé à Engelberge, fille en très bas-âge de Boson V de Provence, mais le mariage n'aura pas lieu suite à sa disparition accidentelle. Carloman II n’a donc pas de descendance. Charles III le Gros, héritier de Louis le Germanique est proclamé roi de Francie occidentale par les Grands qui refusent de reconnaître le fils posthume de Louis le Bègue, Charles (futur Charles III le Simple), qui n’a encore que cinq ans
On remarque qu’en moins de sept années il périt sept souverains de la famille Carolingienne, à savoir : Louis II, roi de Germanie ; deux fils de ce roi, nommés Louis et Carloman ; Charles le Chauve, Louis II le Bègue son fils, et Louis et Carloman, fils de Louis le Bègue. Ces règnes précipités avancèrent la chute des héritiers de Charlemagne, comme les minorités successives avaient hâté l’anéantissement des héritiers de Clovis.