Marguerite de Provence (1221-1295)

Reine de France, épouse de Louis IX

Régente du royaume de France, Blanche de Castille a décidé qu'il est temps de marier son fils. Louis IX va sur ses vingt ans et, aussi pieux soit-il, doit sérieusement songer à perpétrer la dynastie capétienne. Avec l'autorité qui lui est habituelle, la reine-mère prend les choses en main. Elle va porter son dévolu sur la douce et vertueuse Marguerite de Provence, l'aînée des filles du comte Raimond Bérenger V.

Marguerite de Provence - Statue jardin du Palais du Luxembourg ParisMarguerite de Provence, née en 1221, est la fille aînée de Béatrice de Savoie, fille du comte de Savoie, et de Raimond Béranger V, comte de Provence et petit-fils du roi d’Aragon, Alphonse II.

Marguerite grandit à la cour de Provence, mais se déplace de nombreuses fois dans le comté, suivant les itinéraires de son père. Compte tenu des rivalités et des prétentions au titre de comte, Raimond-Bérenger IV tente de réunifier tout le comté de Provence. Sa mère, Béatrice de Savoie est réputée pour son intelligence et sa beauté. Elle fait l'objet de plusieurs chants, contribuant à la renommée de la cour de Provence.

Marguerite a treize ans quand elle est mariée avec Louis IX, roi de France, dit Saint Louis. Les raisons de ce mariage sont principalement politiques. Louis IX ne fait que se conformer à l'usage et à l'avis de sa mère, Blanche de Castille, et des conseillers. Louis et Marguerite sont de lointains parents, mais le 2 janvier 1234, le pape Grégoire IX lève l'empêchement de mariage pour consanguinité, du fait de la distance de parentalité entre les futurs époux. Le mariage est célébré dans la cathédrale de Sens, le 27 mai 1234.Mariage Louis et Marguerite

Le couple aura onze enfants entre 1240 et 1260, notamment: Isabelle comtesse de Champagne et reine de Navarre, le futur Philippe III, Jean Tristan comte de Nevers, Blanche de France, Pierre comte d’Alençon, Agnès duchesse de Bourgogne et Robert comte de Clermont. Ses trois sœurs Eléonore, Sancie et Béatrice, contractent également des unions prestigieuses, avec respectivement le roi d’Angleterre Henri III, son frère Richard de Cornouailles, et le frère du roi de France, Charles d’Anjou.

Le rôle politique de Marguerite semble inexistant, le roi gouvernant avec sa mère, la reine douairière Blanche de Castille. Lors d’une grave maladie en 1244, Louis IX a pris la croix pour la Septième croisade, première des deux entreprises sous son règne. La reine et plusieurs princesses sont du voyage et suivent l’armée qui s’ébranle au printemps 1248, hiberne à Chypre, gagne l’Égypte. Elles résident à Damiette, tandis que les Francs se dirigent vers Le Caire, mais restent bloqués à La Mansourah. Après des batailles à l’issue incertaine en février 1250, l’épidémie et la famine déciment le camp. Louis IX ne décide pourtant la retraite qu’après plusieurs semaines et un lourd bilan humain. Lui-même, atteint de dysenterie et du scorbut, est bientôt fait prisonnier par les musulmans.

En avril 1250, le rôle de Marguerite est déterminant pour la libération du roi et de ses barons, alors qu’elle vient d’accoucher. Elle convainc les marchands italiens sur le départ de rester à Damiette avec leur flotte. La cité est en effet la seule monnaie d’échange possible contre les prisonniers, et les navires, les seuls disponibles pour l’évacuation des chrétiens vers Acre. Le couple royal y débarque finalement en mai 1250.

Le séjour en Terre sainte dure quatre ans, Louis IX refusant le retour en France malgré la mort de la régente, Blanche de Castille, en 1252. Sur ce séjour syrien, Joinville rapporte l’indifférence de Louis IX vis-à-vis de sa famille, confirmée par les faits (absence de vie commune, suppliques de la reine "médiatrice" ignorées, mise en danger de leur vie en mer). Marguerite qualifie son époux de «divers», adjectif dont le sens est très débattu par les historiens (contrariant? bizarre? capricieux? autoritaire? cruel?).

À plusieurs reprises, elle agit pour un rapprochement entre la France et l’Angleterre, où règne sa sœur Éléonore. En 1261 notamment, elle assure une mission diplomatique à la demande de seigneurs anglais. Toutefois lorsque le roi repart pour la croisade de Tunis, en 1270, Marguerite qui reste en France ne se voit pas confier la régence.

Devenue veuve la même année, loin de se retirer dans un couvent, elle défend énergiquement ses droits face aux agents royaux qui veulent soustraire certains fiefs de son douaire. L’affaire qui lui tient le plus à cœur est l’héritage du comté de Provence, dont elle n’a jamais accepté qu’il échoie à sa sœur Béatrice. Après la mort de celle-ci, elle s’oppose par tous les moyens à son beau-frère Charles d’Anjou. Elle prête hommage pour le comté à l’empereur Rodolphe de Habsbourg (1274), demande le soutien de son neveu Édouard Ier d’Angleterre (v. 1276), et entame même la préparation d’une campagne militaire à laquelle met fin le soulèvement connu sous le nom de "Vêpres siciliennes" (1282). Un accord est alors trouvé avec Charles d’Anjou.

C’est aussi l’année où sont menés des entretiens en vue du procès en canonisation de Louis IX, mais la reine ne témoigne pas. Elle a le temps de voir mourir son fils Philippe III (1285) et s’installer au pouvoir son petit-fils Philippe le Bel.

Elle meurt le 20 décembre 1295, dans sa résidence de Saint-Marcel, qu’elle lègue aux Clarisses de Longchamp. Elle est Inhumée dans l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis. Le 10 aout 1792 la plaque de cuivre est enlevée et envoyée à la fonte en même temps que tous les tombeaux royaux de même matière. Exhumé par les révolutionnaires le 19 octobre 1793, les ossements sont placés dans une fosse commune proche de la basilique, Le 19 janvier 1817 le roi Louis XVIII fait déposer ses ossements avec ceux des autres rois dans l'ossuaire royal de la basilique.

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