Philippe II Auguste (1165 -1223)
Roi de France de 1180 à 1223
Philippe II dit Philippe Auguste, né le 21 août 1165 soit à Gonesse soit à Melun ou à l'abbaye du Jard près de Melun et mort à Mantes le 14 juillet 1223, est le septième roi de la dynastie dite des Capétiens directs. Il est le fils héritier de Louis VII dit le Jeune et d'Adèle de Champagne.
Le surnom d'« Auguste » lui fut donné par le moine Rigord après que Philippe II eut ajouté au domaine royal en juillet 1185 (Traité de Boves) les seigneuries d’Artois, du Valois, d’Amiens et une bonne partie du Vermandois et également parce qu'il était né au mois d'août. Ce terme n'est pas une référence à l'empereur romain, mais signifie qu'il a accru considérablement le domaine.
Philippe Auguste reste l'un des monarques les plus admirés et étudiés de la France médiévale, en raison non seulement de la longueur de son règne, mais aussi de ses importantes victoires militaires et des progrès essentiels accomplis pour affermir le pouvoir royal et mettre fin à l'époque féodale.
A son retour de croisade en 1191, le roi Philippe II Auguste se met en quête d’une nouvelle épouse (la reine Isabelle de Hainaut étant morte en 1190) pour assurer l’avenir de la dynastie car le fils unique qu’il a eu de son premier mariage, Louis, montre des signes de faiblesse. Philippe II fait demander la main de la soeur du roi du Danemark Kanut VI. Si certains s’étonnent que le roi de France aille chercher si loin une épouse, n’oublions pas que les danois possédaient alors une flotte bien équipée et auraient pu devenir un appuie pour Philippe II qui s’opposait alors à Richard Cœur de Lion d’Angleterre.
Le 14 aout 1193, Philippe II épouse ainsi Ingeburge de Danemark à Amiens. On dit que la princesse danoise est d’une grande beauté et que le roi est immédiatement tombé sous son charme. Pourtant au lendemain de la nuit de noces, Philippe II avoue à l’archevêque de Reims qu’il est ensorcelé par la nouvelle reine, qu’elle le rend impuissant. Philippe II exige qu’elle reparte pour le Danemark. On l’aura comprit, le mariage n’a pas été consommé. Encore aujourd’hui, on ignore ce qui a pu repousser le roi chez Ingeburge durant leur première nuit. Les bruits les plus farfelus ont couru à ce sujet. Certains parlaient d’une malformation (écailles sur le ventre, peau de lézard !!!…), d’autres avançaient que la reine n’était plus vierge lorsqu’elle est arrivée en France. A l’époque, on parle beaucoup de sorcellerie. On évoque également une déception de Philippe II face aux accords avec le Danemark.
Philippe II envoi la reine dans un couvent et obtient l’annulation de son mariage pour cause de parenté. Une fois débarrassé d’Ingeburge, le roi désire toujours se remarier pour avoir des fils. Après avoir essuyé plusieurs refus (les puissances étrangères n’ont nullement envie d’être humiliées comme le Danemark), le roi obtient la main d’Agnès de Méranie, fille du duc Berthold IV. Philippe II l’épouse le 1er juin 1196 et devient bigame aux yeux de l’Eglise. En effet, bien que le pape Célestin III ait cassé le mariage du roi avec la princesse de Danemark, il s’était rétracté (notamment à cause de l’opposition d’Ingeburge) et avait ordonné aux prélats français de ne point permettre le remariage de Philippe II En 1198, son successeur Innocent III, presse le roi de renvoyer Agnès de Méranie et de reprendre Ingeburge.
La troisième épouse de Philippe II est considérée comme une concubine et Ingeburge comme l’épouse légitime du roi. Mais le souverain n’entend pas se plier aux exigences du pape. Furieux, Innocent III convoque un concile en l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon le 6 décembre 1199. L’assemblée prononce l’interdit qui s’abat sur la France le 15 janvier 1200. Les messes et les prières collectives sont interdites, les déclarations de naissances, mariages et décès ainsi que les sacrements (baptême, confession, communion, extrême-onction) ne sont plus délivrées.
La situation déplait fort à Philippe II qui devait justement unir son fils aîné avec la jeune Blanche de Castille, mariage qui de par l’interdit ne peut plus se faire. Le roi promet alors de rappeler Ingeburge et renvoie Agnès de Méranie. En septembre 1200, suite à une réconciliation entre le roi et son épouse légitime, l’interdit est levé. Agnès meurt le 20 juillet 1201 au château de Poissy après la naissance d’un quatrième enfant de Philippe II, Tristan qui ne vivra pas. Le chagrin d’avoir dû quitter son époux qu’elle aimait et la honte qui pèse sur elle l’ont probablement achevé. Quant à Ingeburge, bien que reine de France, elle reste enfermée dans le château d’Etampes jusqu’en 1212 date à laquelle le roi projette d’aller chercher la couronne d’Angleterre. Il rappelle alors son épouse pour s’assurer de l’appuie du Danemark.
Ainsi, Philippe II Auguste ne pu jamais supporter sa seconde épouse qui lui avait « noué l’aiguillette » selon l’expression de l’époque. Il fut un roi « empêché » jusqu’à ce qui découvre l’amour avec Agnès de Méranie. En 1201 peu après la mort de celle-ci, le pape légitimait les enfants qu’elle avait donné au roi afin de pouvoir compter sur eux dans le cas où Louis ne vivrait pas…mais il vivra et règnera sous le nom de Louis VIII !!!