Louis XVI (1754-1793)
Roi de France de 1774 à 1791 - Roi des français de 1791 à 1792
Né à Versailles le 23 août 1754, guillotiné à Paris le 21 janvier 1793. Prénommé Louis Auguste, il est le troisième fils du dauphin Louis Ferdinand et de sa seconde épouse, la princesse Marie Josèphe de Saxe. Il est baptisé le jour même de sa naissance. Le roi Louis XV, son grand-père, le nomme duc de Berry.
Enfance conservatrice
Il est élevé dans une éducation religieuse stricte et est formé à des principes conservateurs sous la tutelle du duc de La Vauguyon, qui lui donne une éducation très complète mais il ne le prépare pas de façon concrète à l’exercice du pouvoir, d’autant qu’il n’est que le troisième garçon de la famille royale. Elève studieux, il se passionne pour plusieurs disciplines scientifiques. Il étudie l’histoire, la géographie, les sciences, le droit, le latin, le grec ainsi que les langues vivantes. Sa pensée politique est influencée par Fénelon et la philosophie des Lumières, mettant en évidence que la nation est distincte du Roi, idée opposée à la conception traditionnelle de la monarchie française.
Le 20 décembre 1765, au château de Fontainebleau, son père le dauphin Louis Ferdinand meurt, le jeune Louis Auguste, âgé de onze ans, devient dauphin de France (ses frères ainés, le duc de Bourgogne et le duc d'Aquitaine sont déjà décèdés, sans postérité). Le 16 mai 1770, il épouse l'archiduchesse Marie Antoinette d'Autriche, fille cadette de l’empereur François 1er de Lorraine et de l’impératrice Marie-Thérèse. Cette union est la concrétisation d’une alliance visant à améliorer les relations du Royaume de France avec l’Autriche et donnera au couple plusieurs enfants : Marie-Thérèse-Charlotte (1788-1851), dite Madame Royale, Louis Joseph François Xavier (1781-1789), Louis Charles (1785-1795), futur Louis XVII, "l'enfant du temple", et Sophie-Béatrice (1786-1787).
Le 10 mai 1774, à vingt ans, Louis Auguste monte sur le trône à la mort de son grand-père Louis XV sous le nom de Louis XVI. Il est sacré à Reims, le 11 juin 1775, et sera le dernier roi de France de la période dite de l'Ancien Régime.
Au physique, il est de forme épaisse, gros, lourd ; au moral, timide, consciencieux, ne s'intéressant guère qu'à la politique extérieure. Ses qualités sont gâtées par son absence de volonté. Sa faiblesse à l'intérieur est trés grande. La reine Marie-Antoinette a sur lui une déplorable influence.
Son règne avant la Révolution
Populaire au début de son règne, il ne sait point imposer les réformes nécessaires et soutenir les ministres honnêtes et intelligents comme Turgot et Malesherbes.Très pieux, il se laisse impressionner par les critiques des gens d'église, de la cour, des privilégiés.
En 1776, il laisse partir Turgot qui vient de supprimer les corvées, qui ne pesaient que sur les paysans, les remplaçant par un impôt proportionnel aux vingtièmes que payaient les privilégiés eux-mêmes. Il lui reproche aussi d'avoir aboli les jurandes et les corporations, qui avait favorisé la libre circulation des graines.
Jacques Necker, appelé à le remplacer à la direction des finances, est obligé de faire face aux besoins de la guerre d'Amérique. Il profite de son crédit personnel pour emprunter, sans créer d'impôts nouveaux, et il contribue ainsi, malgré la loyauté de ses intentions, à accroître la crise qui rend inévitable la convocation des Etats généraux. En 1781, il publie son célébre compte-rendu, qui, pour la première fois, place sous les yeux de la France la véritable situation financière. Il est disgracié.
Ses successeurs, Jean-François Joly de Fleury, Henri Lefévre d'Ormesson, Charles Alexandre de Calonne, ne cessent d'emprunter. Mais, quand le crédit fut épuisé, Calonne se décide à convoquer l'assemblée des notables pour lui proposer les réformes financières indispensables. En 1787 l'assemblée des notables exige le renvoi de Calonne, et son successeur, Loménie de Brienne, doit promettre la convocation des Etats généraux, seuls compétents pour créer les impôts nouveaux que sollicite le gouvernement.
Malgré la crise au milieu de laquelle se débat le pouvoir depuis 1774, l'agriculture, l'industrie, le commerce font de réels progrès sous le règne de Louis XVI. Il y a comme un souffle nouveau qui anime toutes les branches de l'administration et qui est la conséquence des idées que les philosophes et les économistes ne cessent de prêcher pendant tout le XVIIIème siécle. Le roi lui-même favorise le mouvement en rendant aux protestants leur état civil par l'Edit de tolérance du 29 novembre 1787. De plus, l'heureuse guerre d'Amérique (1778-1783), pendant laquelle l'Angleterre est contrebattue par l'alliance espagnole donne un regain de gloire à la vieille monarchie.
Le traité de Versailles, du 3 septembre 1783, rend à la France le Sénégal, Tabago, Sainte-Lucie, et la diplomatie française dirigée par Charles Gravier Vergennes, reprend une grande influence en Europe. Louis XVI et Vergennes se défient du piège de l'emprise autrichienne et travaillent à la pacification de l'Europe en signant le traité de paix de Teschen le 13 mai 1779 réglant la question de la succession bavaroise.
Son règne pendant la Révolution
La réunion des Etats généraux du 5 mai 1789 inaugure la seconde phase du régne de Louis XVI ; c'est déjà la monarchie constitutionnelle. Imbu des idées absolutistes, médiocrement conseillé par Necker, qu'il a rappelé aux affaires un an plus tôt, subissant toujours l'influence de la reine, sans prestige personnel, Louis XVI commet une série de fautes qui rendent la catastrophe inévitable.
Le tiers état, qui a obtenu une "représentation double", demande le vote par tête qui en est la conséquence logique. Sur le refus du roi, il se proclame Assemblée nationale le 17 juin 1789 et fait le serment du Jeu de paume le 20 juin.
Le roi ordonne enfin la réunion des trois ordres (noblesse, clergé et tiers état), mais déjà l'agitation est partout, à Paris et dans les provinces. La Bastille est prise par le peuple de Paris le 14 juillet.
L'Assemblée abolit les privilèges féodaux dans la nuit du 4 août 1789. Les 5 et 6 octobre, elle ramène le roi de Versailles à Paris, et se hâte de préparer une Constitution. Le roi doit désormais gouverner avec les représentants de la nation.
Louis XVI proteste ce qu'il considére comme un attentat à ses prérogatives. Il cherche un appui à prix d'argent parmi certains membres de l'Assemblée, dont Mirabeau. Il est en correspondance avec les Emigrés, et les souverains étrangers dont il sollicite l'intervention. Il s'indigne surtout de la constitution civile du clergé,et se décide, le 20 juin 1791, à quitter Paris, pour faire appel à son armée, et opérer la contre-révolution. Arreté à Varennes, il est ramené à Paris, où son impopularité grandit. Il prête serment de fidélité à la nouvelle Constitution, le 14 septembre 1791. Il n’est plus le roi de France mais devient le roi des Français. Ce changement de titre symbolise le transfert de la souveraineté vers le peuple.
Sous l'Assemblée législative (1er octobre 1791 - 21 septembre 1792), la scission entre le roi et la nation s'accentue. La guerre éclate en avril 1792, guerre dans laquelle la cour a sa responsabilité avec divers partis politiques de l'Assemblée, mais les victoires des armées austro-prussiennes et surtout le manifeste du 25 juillet 1792 de Brunswick, qui menace de livrer Paris à une subversion totale, ne font que surexiter les passions. Louis XVI montre encore une certaine énergie lorsqu'il refuse de sanctionner le décret contre les prêtres insermentés (journée du 20 juin 1792).
Mais le 10 août, les Tuileries sont envahies, et Louis XVI, qui s'est réfugié au sein de l'Assemblée, est enfermé au Temple avec sa famille. Il n'en sortira que pour comparaître devant la Convention nationale et pour monter sur l'échafaud.
Accusé de trahison envers la patrie, défendu par François-Denis Tronchet, Malesherbes et Raymond De Sèze, il est condamné à mort par 387 voix contre 384. Le surcis et l'appel à la ratification populaire sont repoussés. Il est exécuté le 21 janvier 1793 sur l’actuelle place de la Concorde à Paris. Marie-Antoinette, condamnée à mort, le 15 octobre 1793, est exécutée le lendemain au petit matin. Louis-Charles (Louis XVII pour les royalistes), agé de dix ans, meurt dans la prison du Temple, seule sa soeur ainée Marie-Thérèse-Charlotte de France (Madame Royale) survivra à la Révolution française et épousera son cousin Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême.